Manuel Valls a proposé à Pascal Lamy d’être nommé délégué interministériel à l’Exposition universelle de 2025. Le premier ministre voudrait pouvoir l’annoncer, mardi 14 avril, à l’occasion du comité interministériel qui sera consacré au Grand Paris. L’ancien patron de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a pas encore donné sa réponse.

Le délégué interministériel devrait préparer la candidature de la France afin que celle-ci puisse être déposée en avril 2016 par François Hollande. Le président de la République avait annoncé, le 6 novembre 2014, sa volonté de porter cette candidature.

Une mission d’information parlementaire estimait, dans un rapport publié le 29 octobre 2014, qu’une candidature de Paris à la prochaine Exposition universelle réenclencherait une « dynamique » dans le pays.

Un choix très politique

En choisissant M. Lamy, l’exécutif fait le choix d’un homme rompu aux négociations diplomatiques. Mais il s’agit aussi d’un choix très politique. Proche de François Hollande, l’ancien directeur de cabinet, de 1983 à 1994, de Jacques Delors président de la commission européenne défend une ligne économique proche de celle de Manuel Valls.

Patron de l’OMC de 2005 à 2013, M. Lamy devrait pouvoir mettre à profit sa notoriété sur la scène internationale pour tenter de convaincre les 168 pays membres (en comptant la France) du Bureau international des expositions qui doivent se prononcer en 2018.

Il devra aussi convaincre la maire de Paris Anne Hidalgo. Alors que celle-ci était au départ favorable à une telle initiative, elle semble aujourd’hui préférer une candidature de la capitale aux Jeux olympiques. Anne Hidalgo, a ainsi proposé, lundi 23 mars, aux élus parisiens « d’engager pleinement et avec responsabilité Paris en faveur d’une candidature aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 ».

Elle avait alors déclaré : « Quand on regarde le cahier des charges des Expo universelles, on voit que les Expo universelles qui ne coûtent rien en termes d’argent public ça n’existe pas » puis de se livrer à une critique implicite du projet porté par ExpoFrance 2025.

« Mettre à profit ses relais dans les ambassades »

« M.Lamy adhère totalement à l’audace à la modernité du projet », assure, de son côté, Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine et promoteur du projet de la candidature française. Le député (UDI) des Hauts-de-Seine tire ce constat des deux entrevues qu’il a eux avec M.Lamy , en mars.

Pour M.Fromantin, le choix de M.Lamy est « judicieux. Il est un de ceux qui a le mieux compris la mondialisation », assure le député (UDI) des Hauts-de-Seine, président de l’association Expofrance 2025. Co-animateur du projet, Luc Carvounas sénateur vallsiste (Val-de-Marne) voit en M.Lamy

« quelqu’un de très bien et qui sera bien perçu ». « Nous allons avoir besoin de la force de frappe de l’Etat pour défendre notre projet et M.Lamy va pouvoir mettre à profit ses relais dans les ambassades », ajoute le maire socialiste d’Alfortville.

Le projet porté par M.Fromantin et Carvounas prévoit que l’Exposition se déroule sur une douzaine de sites dans toute la France, à partir de bâtiments existants, et sans argent de l’Etat. « L’absence d’argent de l’Etat est la garantie de préserver la dynamique entreprenariale du projet », affirme M.Fromantin qui se fait fort de réunir 40 millions d’euros auprès des entreprises pour pré-financer l’Exposition.

 Béatrice Jérôme

Article paru sur Le Monde