Les élections municipales de mars 2014 ont été extrêmement difficiles pour l’ensemble des forces de la Gauche. Plus d’une centaine de villes de plus de dix mille habitants a basculé à droite, en n’épargnant aucune formation politique réformiste.
Beaucoup de nos camarades – socialistes, communistes, radicaux- maires sortants, qui n’ont pourtant pas démérité et ornés d’un bon bilan, ont été battus par des listes de droite dont le programme se résumait parfois au seul : « sortez la Gauche ».

Jamais une campagne locale n’avait été marquée par un tel clivage entre Droite et Gauche, par un tel amalgame entre politique nationale et municipale. Comme si l’on pouvait imputer à un maire, quelle que fût la taille de sa commune, rurale ou urbaine, la responsabilité de la crise économique, du chômage ou des déficits publics.

A peine sommes-nous sortis de cette séquence électorale, qu’une nouvelle s’annonce, elle aussi compliquée pour la Gauche : le renouvellement de la moitié des sièges de sénateurs. Là encore, le clivage Gauche / Droite sera à son paroxysme alors que l’UMP ne rêve que de refermer ce qu’elle considère comme une parenthèse institutionnelle illégitime, une Gauche majoritaire à la Haute Assemblée.

Incrédulité – Faisant fi de ce contexte, et dans le cadre d’une crise politique majeure où le Front national a remporté plusieurs collectivités locales en mettant dos à dos les partis de gouvernement, nous apprenons, médusés et incrédules, l’accord conclu entre François Baroin – lui-même candidat UMP aux élections sénatoriales – et André Laignel, maire socialiste d’Issoudun depuis 1977 pour le renouvellement des instances dirigeantes de l’Association des Maires de France.

Les élus de Droite, UMP, UDI ou Modem, qui ont fait campagne contre ceux de Gauche, apprécieront sans doute autant que nous cet accord sinon impensable, au moins improbable. Ainsi au mois de mars 2014, tout nous opposait et au mois de juillet, tout nous rassemblerait. Car loin d’un seul accord portant sur la gouvernance, nous avons reçu la feuille de route politique du nouveau binôme Baroin-Laignel.

Celle-ci ne contient que des généralités, sans réelle perspective ni idée forte. Leur pacte n’a rien d’un programme. Comment aurait-il pu en être autrement au regard des divergences profondes entre la Gauche et la Droite qui se sont illustrées tant au cours des débats portant sur la réforme des territoires que sur les services publics locaux.
De part et d’autre, c’est une faute politique importante qui laisse à penser que peu importe nos différences, l’essentiel est de sauver ou de préserver son poste pour l’un, préparer son avenir politique national pour l’autre.

Pire, la manœuvre de ce duo qui a mené ces négociations dans l’opacité la plus totale, a ignoré la procédure prévue dans les statuts de l’association, et notamment la publicité de l’appel à candidature. Pour une association d’élus de la République, s’affranchir des règles démocratiques et étouffer le débat est tout simplement scandaleux.

Exigences – A François Baroin, nous demandons de se prononcer publiquement pour l’organisation d’un vote pour la présidence de l’AMF dans la transparence, laissant à chaque sensibilité qui le souhaite, la possibilité d’exprimer sa vision du rôle des maires, de la place des communes dans notre organisation institutionnelle et de l’ensemble des sujets qui concerne les villes de notre pays.
Ce manque de transparence jetterait le discrédit sur sa personne, augurerait mal des débuts de son nouveau mandat et aurait pour conséquence de nous voir quitter, avec d’autres de nos camarades, l’association. Souhaite-t-il devenir Président désigné entre quelques oligarques ou Président élu démocratiquement ? Car l’enjeu sur le résultat du scrutin est nul.

A André Laignel, nous lui demandons de retirer sa candidature qui n’a aucune légitimité aux yeux des maires de Gauche, y compris ceux de sa propre famille politique, comme l’a rappelé le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, dénonçant lui aussi cette alliance.
Aux instances dirigeantes des partis de Gauche et à nos Fédérations Nationales d’Elus de se saisir de cette question et de nommer un candidat de renouveau qui doit porter avec force et détermination nos valeurs. Elles doivent créer une opposition constructive mais combative.

L’AMF doit être un lieu d’expression pluraliste, reflétant chacune des sensibilités qui la composent. N’ayons pas peur du débat qui doit légitimement s’organiser à l’occasion du renouvellement de ses instances dirigeantes.

 

Signataires

  • Luc Carvounas, sénateur maire PS d’Alfortville (Val-de-Marne) ;
  • Jean-Jacques Arnaud, maire PS de Sainte-Savine (Aube) ;
  • Dominique Bailly, sénateur maire PS d’Orchies (Nord) ;
  • Olivier Bianchi, maire PS de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ;
  • Francis Chouat, maire PS d’Evry (Essonne) ;
  • Sophie Dessus, députée maire PS d’Uzerche (Corrèze) ;
  • Pierre Mathonier, maire PS d’Aurillac (Cantal) ;
  • Yohann Nedelec, maire PS du Relecq-Kerhuon (Finistère) ;
  • Olivier Peverelli, maire PS du Teil (Ardèche) ;
  • Joaquim Pueyo, député maire PS d’Alençon (Orne)