Madame le Maire, Monsieur le Maire,
Cher.e collègue,

Je suis candidat à la fonction de Premier Secrétaire de notre Parti. J’ai pris cette décision après avoir mûrement réfléchi à ce que ma candidature pouvait apporter à notre Parti, à nos militants, et à nos exécutifs locaux.
Tu le sais comme moi, nous traversons la période la plus difficile de notre Histoire. En nous éliminant purement et simplement dès le premier tour de l’élection présidentielle, les Français nous ont adressé un message fort et nous devons l’entendre.
Dès 2014, les élections municipales avaient résonné pour beaucoup d’entre nous comme un coup de semonce. Jusque-là, nos compatriotes distinguaient nettement la politique menée au niveau national de celle que nous pratiquions dans nos communes.
A défaut d’être protégés, les Maires étaient épargnés par la capacité des électeurs à discerner les enjeux nationaux et locaux. Cela n’est désormais plus le cas.
Si nous ne prenons pas la mesure des enjeux, demain ce sont l’ensemble des villes et des établissements publics de coopération intercommunale de Gauche qui seront en danger. Avec eux ce sont nos politiques de solidarité, d’aménagement durable, nos projets de démocratie participative et notre sens de l’innovation qui pourraient purement et simplement disparaître.
Après notre défaite à l’élection présidentielle de 2002, je n’oublie pas que c’est à partir de nos territoires que nous avons posé les fondations de la reconquête. C’est à partir de nos territoires que nous avons pu repérer et former celles et ceux qui auront la charge de faire vivre le Socialisme demain.
Comment pourrais-je l’oublier ? J’ai eu l’honneur de bâtir mon parcours politique et d’exercer mes mandats locaux auprès d’élus de cette Gauche qu’on appelait encore la Gauche plurielle et dont j’étais si fier.
Demain, c’est une Gauche Arc-en-Ciel, qu’il nous faut. Elle devra inclure l’ensemble des forces progressistes, écologistes et républicaines dans une approche ouverte. Elle devra sous peine de disparition s’ouvrir largement à de nouveaux visages et à la société civile.

Demain, c’est une Gauche Arc-en-Ciel, qu’il nous faut. Elle devra inclure l’ensemble des forces progressistes, écologistes et républicaines dans une approche ouverte.

Comme beaucoup d’entre vous, je n’ai connu que cette Gauche. Celle qui n’oublie pas que sans accord local, il n’y a pas de victoire possible ; celle qui sait que sans un dialogue permanent, il n’y a pas de gouvernance pérenne. Celle qui a compris que sans capacité d’adaptation, il n’y a jamais de transformation.
Dans chacun des mandats locaux que j’ai pu exercer, que ce soit comme Maire d’Alfortville ou comme Vice-président du Département du Val-de-Marne chargé de la politique de la ville, c’est au sein de la Gauche plurielle que j’ai tissé cette relation particulière faite de respect, de dialogue mais aussi parfois de rapport de force qu’il faut savoir pratiquer avec nos partenaires pour donner de la vigueur à nos projets locaux.
Je l’ai toujours fait sur la base d’un projet commun et de nos valeurs communes. Nous ne remporterons pas les élections municipales si nous ne faisons pas de l’alliance Rose-Rouge-Vert le point de départ de notre stratégie locale. Il ne s’agit pas pour moi, de délivrer ici une méthode universelle et indépassable qui ne tiendrait pas compte des réalités locales.
Mais bien plutôt de mettre en place le plus en amont possible et avec vous, les conditions nécessaires à la conclusion des futures alliances locales.
A Alfortville, j’ai toujours privilégié le dialogue avec nos partenaires du Parti Communiste, d’Europe-Ecologie- Les-Verts, du Parti Radical de Gauche, ou encore du Mouvement Radical et Citoyen. Je n’ai jamais eu à le regretter.
Cette stratégie, nous avons hélas été les seuls en France à la mettre en œuvre dans mon département du Val-de-Marne aux dernières élections sénatoriales. Mais elle nous a permis d’emporter un siège de Sénatrice pour notre parti, et d’assurer un siège supplémentaire pour nos partenaires communistes. J’y vois la plus solide démonstration que lorsque nous savons nous parler, c’est la Gauche dans toutes ses composantes qui gagne.
Ces dernières années, l’émergence d’une certaine Gauche protestataire, l’affaiblissement de la social-démocratie, réformiste sociale et écologiste, ainsi que la tentation du « chacun pour soi » ont semé le trouble dans nos alliances avec nos partenaires historiques.
Certains s’interrogent donc sur les alliances que nous devons constituer demain. Je préfère être clair : je crois encore au clivage Gauche/Droite. Celles et ceux d’entre nous qui ont à affronter leur opposition à chaque fois qu’ils mettent en place des politiques de solidarité dans leur ville le savent.
Rien n’est plus attendu par nos adversaires que la désunion de la Gauche. Rien n’est plus redouté par eux que l’Union de la Gauche. Celles et ceux qui ne veulent pas de la Gauche Arc-en-Ciel, doivent dès à présent nous dire dans quelle aventure, ils désirent entraîner notre Parti.
Pour ma part, je ne veux pas être le Premier secrétaire qui laissera encore reculer la Gauche sur les territoires. Dès le lendemain de notre Congrès, nous devrons nous remettre au travail pour proposer à celles et ceux qui souhaitent poursuivre l’action que nous menons dans nos villes pour nos habitants, un projet partagé tourné vers le progrès et nos valeurs.
Il en va de la survie de notre Parti et de la survie du socialisme municipal qui est indispensable à notre refondation. Pour cela, nous devrons commencer par le commencement : nous devons faire sincèrement le bilan du quinquennat ; chacun de nous doit à présent faire ce double état des lieux à la fois comme élu local et comme militant.

Rien n’est plus attendu par nos adversaires que la désunion de la Gauche. Rien n’est plus redouté par eux que l’Union de la Gauche

Nos collectivités ont pris toute leur part à l’effort de redressement des finances publiques. Elles l’ont fait pour aider le précédent Gouvernement à tenir sa promesse du redressement dans la justice. Aucun effort nouveau qui se traduirait par la fin de la solidarité locale ou par des retards supplémentaires dans le développement de nos territoires n’est souhaitable.
Jusqu’ici, nos efforts en matière de redressement n’ont pas été récompensés à leur juste valeur : nous devons obtenir du Gouvernement qu’il grave dans le marbre de la Constitution notre autonomie fiscale. Que l’on soit militant ou Maire, il faut bien l’admettre, nous avons parfois le sentiment d’avoir dû assumer seuls localement les conséquences de décisions prises bien plus haut. Cela ne doit plus se reproduire.
La réforme des rythmes scolaires, si elle a été une avancée pour les enfants issus de familles modestes, a aussi été un très mauvais signal envoyé dès le début du quinquennat aux maires qui n’ont pas été associés à sa conception ni réellement soutenus dans sa mise en œuvre.
Et il faut le dire : les Maires et les présidents d’intercommunalité n’ont pas été suffisamment associés en amont aux grands chantiers économiques du précédent quinquennat alors que ce sont eux qui gèrent au quotidien les conséquences du chômage sur leurs territoires.
Mais je veux retenir aussi les vraies réussites du quinquennat, comme la mise en place des emplois d’avenir qui nous ont permis de faire sortir de nombreux jeunes de la précarité et du chômage, la poursuite du programme de rénovation urbaine, le financement du Grand Paris Express, la mise en place d’une vraie stratégie de redynamisation des centre-villes et des centre-bourgs ou encore la mise en place du fonds d’investissement local.
Face aux grands défis qui testent radicalement la résistance de la Nation, comme le terrorisme, les Maires demeurent et demeureront toujours le premier guichet républicain.
Ils doivent aussi conserver ce rôle de lanceur d’alerte indispensable pour ancrer la Nation dans les territoires à l’heure du parlement du non cumul comme l’ont encore récemment fait les Maires de Paris, de Lille, de Strasbourg, de Nantes,…sur le manque de moyens de nos collectivités pour faire face au drame humanitaire que subissent les migrants.

Nous devons obtenir du Gouvernement qu’il grave dans le marbre de la Constitution notre autonomie fiscale.

Dans quelques semaines, je présenterai aux militant.e.s la motion que je te proposerai de signer pour notre prochain Congrès : je veux notamment y donner plus de place à nos militant.e.s, à nos fédérations et surtout remettre le mandat de Maire au cœur de notre projet.
Pour cela, nous devons commencer par interdire les parachutages sauf lorsqu’ils seront demandés par nos élu.e.s locaux et nos militant.e.s.
Je proposerai aussi que nous créions une véritable Association des Maires Progressistes et Innovants capable de repenser la République locale et de contrer le conservatisme des associations d’élus locaux existantes.
Je m’y prononcerai pour le respect des engagements de l’Etat en faveur des grands projets structurants : Parce qu’il n’est pas normal d’avoir déjà dû subir 40 ans de tergiversations, l’aéroport Notre Dame des Landes doit être enfin construit et la ZAD devra être évacuée.
Parce qu’il ne peut pas y avoir de Français de « second rang », le tronçon de ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse doit voir le jour.
Parce que l’Europe que je défends c’est l’Europe de l’emploi et du développement de nos régions, il est temps de nous engager collectivement dans la construction du canal Seine-Nord-Europe.
Parce que je crois que sans un Grand Paris des Transports, la banlieue parisienne n’aura jamais les mêmes chances de réussite que les quartiers favorisés de la Capitale, il ne doit pas y avoir le moindre doute sur le financement des lignes 17 et 18 de notre super-métro.

Je crois à la décentralisation économique, celle qui n’a jusqu’ici été ni suffisamment théorisée ni suffisamment expérimentée

Vous l’avez compris, je m’engage à ce que nous ayons collectivement une véritable réflexion sur un acte IV de la décentralisation : Je crois à la décentralisation économique, celle qui n’a jusqu’ici été ni suffisamment théorisée ni suffisamment expérimentée. La réussite avérée de nos métropoles masque mal cette autre France qui trop souvent fait face à la paupérisation et au sentiment de déclassement de ses habitants.
Et parce que l’action de l’Etat en la matière est déterminante, nous devons engager sans attendre la délocalisation des sièges de nos plus grandes administrations dans chacune de nos régions.
Tous nos territoires ont la capacité de devenir des relais de croissance de l’économie française des dix prochaines années. Je crois à l’efficacité des politiques innovantes qui allient déconcentration et initiatives privées.
Je crois que les dix années qui s’annoncent peuvent être celles de la décennie française.
Cher camarade, cher collègue, nous avons encore beaucoup à offrir aux Français qui nous ont fait confiance en 2014 et qui nous ont élus pour mettre en œuvre un projet progressiste, innovant et social dans nos villes.
Pour avoir été il y a peu encore l’un des vôtres, je sais que c’est dans l’attachement que te témoignent tes habitants et dans la confiance qu’ils portent à ton action que notre parti pourra trouver les ressources nécessaires pour écrire encore les plus belles pages de son avenir.
Je sais pouvoir compter sur toi pour m’apporter ton soutien durant le prochain congrès ; tu dois savoir en retour pouvoir compter sur moi pour faire mieux entendre la voix des Maires dans notre parti.