Les maires de 17 communes d’Ile-de-France réclament dans cette tribune que l’Etat fasse confiance aux municipalités pour gérer le déconfinement.

Voici leur tribune : “Depuis le début de la crise sanitaire épidémique, les élus locaux – en première ligne pour protéger leurs populations – ne cessent de constater que les ravages du coronavirus frappent les plus fragiles. Nos personnes âgées sont les premières à en mourir, si elles ne sont pas condamnées à vivre le confinement dans la solitude. Dans nos villes, s’exacerbe l’agacement qui oppose ceux qui observent strictement les règles de confinement, à ceux qui s’en affranchissent trop facilement, au risque de mettre en danger leurs vies et celles des autres.

On ne compte plus dans notre Région les cas de familles recluses dans quelques mètres carrés et désormais privées d’activités de plein air en journée. Et que dire de celles et ceux qui n’ont pas toujours pas accès à une connexion internet satisfaisante ou une imprimante pour suivre la continuité des cours mis en place par nos professeur.e.s pour nos enfants. Lundi dernier, le président de la République a annoncé sa volonté de voir la vie des Français reprendre progressivement son cours à partir du 11 mai prochain. Comme trop souvent depuis le début de la crise, ses annonces ont été éclipsées dès le lendemain par les propos ambigus voire même contradictoires de certains ministres.

Pourtant, pour les Français, le 11 mai est tout sauf théorique. C’est un objectif, et pour l’atteindre, un travail concerté entre l’État et les collectivités locales est nécessaire. Pour le réussir, nos Villes sont devenues de l’aveu même du chef de l’Etat incontournables. Et il est vrai que nous prenons – depuis le début de la crise – plus encore que notre part dans la préparation du “déconfinement”.

Dans de nombreux territoires la résilience face à la crise doit beaucoup au services municipaux mais aussi à de nombreux volontaires qui ont donné de leur temps

Pourtant, les communes ne sont pas toutes égales devant ce fléau, certaines doivent être plus aidées que d’autres. Les services de l’État et des moyens supplémentaires doivent y être déployés pour qu’elles soient prêtent le 11 mai. Dans de nombreux territoires la résilience face à la crise doit beaucoup au services municipaux mais aussi à de nombreux volontaires (agents, citoyen.ne.s, élu.e.s, associations) qui ont donné de leur temps pour des missions de soutien sanitaire auprès des personnes isolées ou en difficulté.

  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à mettre à disposition de nos écoles, des protections sanitaires (masques, gels,…) contre le COVID-19 pour que les enfants puissent reprendre les chemins du savoir… si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à organiser la mise en œuvre concrète d’un dépistage massif de nos populations, pour qu’elles puissent se rendre au travail…si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à débloquer des fonds de secours à destination de nos petits commerces de proximité pour sauver le plus possible d’emplois…si l’État nous accompagne.
  • D’ici au 11 mai, nous sommes prêts à organiser la gestion des cas signalés d’infections – pour permettre de les suivre avec précision, proximité et humanité – sans que nous ayons à recourir à des technologies intrusives… si l’État nous accompagne.

Alors que 73% des Français conservent aux Maires leur confiance pendant la crise, il est temps pour l’État d’accorder enfin la sienne aux Maires. Bien plus qu’une coopération, c’est un principe d’action commune qui s’impose désormais entre l’État et nos Villes. A la subordination doit désormais succéder la coordination. A la dépendance doit désormais succéder l’autonomie. A la défiance, doit désormais succéder la confiance. Pourtant, depuis le début de cette crise sans précédent, les initiatives locales n’ont pas été assez soutenues, quand elles n’ont pas été tout simplement freinées par l’État.

Nous pouvons collectivement réussir le déconfinement du 11 mai… si l’État nous accompagne

L’achat de masques ou la mise en place de mesures barrières spécifiques à l’environnement local n’ont pas toujours été comprises par les services préfectoraux. Il devient urgent de coordonner nos initiatives et de les porter collectivement quand cela est possible. Aussi, nous proposons sans plus attendre de créer une “Coordination Bouclier Anti-Covid” des maires franciliens, pour que notre région s’arme pour : – Lutter contre les effets sanitaires, sociaux et économiques du virus – Pour mutualiser les bonnes pratiques locales d’accompagnement des habitants durant le confinement – Pour préparer les mesures qui rendront possible le déconfinement et permettront d’accompagner ses conséquences économiques et sociales.

Cette Coordination aura vocation à présenter au Gouvernement un Livre blanc – dans les prochaines semaines – qui recensera nos bonnes pratiques locales pour lutter contre l’épidémie et pour préparer la société de l’après-Covid. Il listera aussi l’ensemble des besoins de nos Villes pour réussir le déconfinement. Enfin, nous rappelons que pour retrouver une liberté plus grande dans nos déplacements, un plan sanitaire d’envergure – masques, tests, lits de réanimation supplémentaires – sera indispensable pour ne pas surcharger à nouveau nos hôpitaux. Oui, nous pouvons collectivement réussir le déconfinement du 11 mai… si l’État nous accompagne.”

Signataires :

Alfortville – Luc CARVOUNAS
Arcueil – Christian MÉTAIRIE
Boissy-Saint-Léger – Régis CHARBONNIER
Bondy – Sylvine THOMASSIN
Bonneuil-sur-Marne – Patrick DOUET
Cachan – Hélène de COMARMOND
Créteil – Laurent CATHALA
Fontenay-Sous-Bois – Jean-Philippe GAUTRAIS
Fresnes – Marie CHAVANON
Gonesse – Jean-Pierre BLAZY
Lognes – André YUSTE
Nanterre – Patrick JARRY
Orsay – David ROS
Paris Vallée de la Marne – Paul MIGUEL
Pontault-Combault – Gilles BORD
Sarcelles – Patrick HADDAD
Vitry-sur-Seine – Jean-Claude KENNEDY

Source : Le JDD