Qui était Denis Guillon, Stylianos Garoufalakis, le docteur Paul Colle ou encore les filles Engler ? Dans son dernier ouvrage, « Ils sont libres ! », présenté le week-end dernier, pour les célébrations des 70 ans de la libération des camps, le comité d’histoire du Confluent d’Alfortville revient sur le parcours des 283 Alfortvillais déportés durant la Seconde Guerre mondiale.

Quinze d’entre eux seront fusillés, parmi lesquels trois résistants du célèbre groupe Manouchian. « 48 % des déportés ne reviendront pas », souligne ému Jean Mayet, adjoint PS au maire et président du comité d’histoire.

Un travail de recherche d’archives minutieux mené depuis deux ans par le comité d’histoire. À partir du document très peu connu de 120 noms réalisé dans les années 1970 par un Alfortvillais, déporté lui-même, Jean Albert. « Nous avons beaucoup consulté les Alfortvillais pour obtenir des témoignages, des documents, confie Jean Mayet. Le travail sur la mémoire vivante est le plus difficile. »

Maurice Fingerweig, tapissier à Alfortville, (deuxième en partant de la droite), est ici avec ses camarades résistants du groupe Manouchian. Il sera exécuté le 21 février 1944 au Mont-Valérien
L’ouvrage retrace ainsi le destin tragique des 15 enfants juifs raflés dans les rues d’Alfortville, comme Eva et Laure Engler. Aucun ne reviendra vivant. Mais « Ils sont libres ! » met aussi en avant des itinéraires incroyables, comme celui de Marguerite Corringer qui survécut aux pires maladies dans le camp de Birkenau, transférée à Ravensbruck puis à Mauthausen. Elle sera candidate aux élections municipales d’Alfortville en 1951.

Eva, 10 ans et Laure Engler, 9 ans ont été arrêtées le 16 juillet 1942 avec leurs parents par la police française. Elles étaient élèves à l’école Octobre.
Au fil des 180 pages, le lecteur peut aussi découvrir les actes héroïques de ces résistants, engagés parfois par hasard. Le comité d’histoire a eu « la chance » de récupérer un texte d’une centaine de pages écrit par Denis Guillon, engagé dès 14 ans, avec ses copains à lutter contre « l’occupant ». Deux héros tombés dans l’oubli sont aussi réhabilités : le docteur Colle, engagé dans le groupe Résistance du général de Gaulle, un Juste qui cachera de nombreux juifs ainsi que Stylianos Garoufalakis, un imprimeur soigné par le docteur Colle qui permettra l’impression des journaux de la Résistance. Au péril de sa vie. « C’est passionnant, ces histoires sont extraordinaires », applaudit ce lecteur. « Ils sont libres ! » est disponible à la librairie L’Établi depuis ce mardi.

via Le Parisien