Cher Jean-Christophe CAMBADELIS, Cher Alain CLAEYS, qui nous accueille aujourd’hui dans cette belle ville de Poitiers, Cher(e)s délégué(e)s Chers amis, mes camarades,

Un congrès – j’en ai fait quelques-uns … – est toujours un moment important pour notre parti. Certains ont marqué pour de bonnes raisons … ce sera le cas pour Poitiers, j’en suis convaincu … d’autres pour de moins bonnes. Mais tous ont eu un point commun : ils ont exprimé une exigence.

Un socialiste, mes chers amis, … peut être de toutes les régions, de toutes les fédérations, de toutes … les motions, de toutes … les tendances ; eh bien ce socialiste, on peut tout en dire… mais il sera toujours EX-I-GEANT ! Je crois que l’exigence, c’est le mot qui résume le mieux l’esprit de la gauche. Alors, je vais essayer d’être à la hauteur de cette exigence, qui est également celle des Français.

Voilà trois années que nous sommes aux responsabilités. Trois années que nous relevons notre pays, sous l’impulsion de François HOLLANDE. Parce que nous croyons profondément, intensément à la France ! Nous sommes un grand pays. Oui, un grand pays ! Avec sa métropole, ses territoires, ses Outre-mer, ses deux millions de Français de l’étranger. Avec notre belle langue, notre culture, qui rayonnent dans le monde. Nous sommes un grand pays, avec une grande ambition. Pour lui. Et pour le monde. Regarder autour d’elle, au-devant d’elle-même, ça a toujours été cela la France !

La France, c’est une vielle Nation, certes. Mais c’est un pays jeune. Il y a des difficultés. Mais le champ des possibles est infini pour une nation innovante, audacieuse, entraînante comme la nôtre. Moi, je veux que l’on aime beaucoup plus la France ! Elle le mérite ! Et il nous appartient de le dire. Car la gauche est grande quand son destin se confond avec celui de la France.

Assumer les responsabilités n’est jamais chose facile. Il y a les obstacles, les combats, les incompréhensions, les colères … c’est la réalité du pouvoir, nous ne l’ignorons pas. Nous l’avons aussi éprouvée, à l’occasion des différents scrutins locaux, mais c’est l’honneur de gouverner. C’est l’honneur des socialistes que d’assumer cette belle responsabilité. Avec un seul objectif : réussir.

A 19 ans, en 1981, six mois après le 10 mai, je participais à mon premier congrès : le Congrès de Valence … C’était un autre temps. Un autre monde, aussi. J’ai retrouvé une phrase de François MITTERRAND qui, dans un mot à l’adresse des militants, évoquait les enjeux d’alors pour le PS. Voici ce qu’il disait : « le Parti socialiste saura, j’en suis sûr, relever le défi que lui lance l’exercice du pouvoir ».

34 ans plus tard, on ne doute plus que les socialistes soient capables d’exercer les responsabilités. Mais les mots de François MITTERRAND n’ont pas perdu de leur actualité … même si nous avons changé d’époque ! Il y a 25 ans, le mur de Berlin est tombé, et avec lui une lecture claire des enjeux entre deux blocs. Nous sommes aujourd’hui dans une économie ouverte, qui a rendu les solutions purement « nationales » inopérantes. Nous assistons au déplacement du centre de gravité du monde, avec l’émergence de nouveaux géants, de pays-continents qui viennent rebattre les cartes. Les marchés sont sans frontières. La concurrence est rude. Et le coût de la main d’œuvre, l’innovation, l’avance technologique, la robotisation sont devenus des facteurs déterminants.

Tous ces bouleversements ont percuté de plein fouet le logiciel de la gauche : son rapport au monde, à l’Etat, au travail … Nos « analyses et solutions » ont perdu de leur éclat, alors que nos ambitions, elles, n’ont rien perdu de leur splendeur. Dure équation à résoudre … Mais, être de gauche, ce n’est pas faire le choix de la facilité … C’est souvent défier la fatalité, aller à l’encontre des vents dominants, d’un ordre soi-disant naturel, pour y substituer la justice sociale. Ce combat est difficile, âpre. Il n’en est que plus beau, que plus indispensable.

Notre monde est multipolaire. Mais il est surtout instable et traversé de nouvelles tensions. Aux portes de l’Europe, en Ukraine, on entend, à nouveau, les grondements de la guerre. Au Moyen-Orient, l’affrontement entre sunnites et chiites redessine frontières et influences. Le sunnisme lui-même se déchire dans la tentation de l’extrémisme – frères musulmans, salafistes – qui cherche à étendre jusqu’en France son influence pernicieuse.

La Russie et l’Iran, grandes nations, tentent d’imposer à nouveau leur influence. Notre propre modèle démocratique, celui des Lumières, que certains ont cru voir triompher – ils y ont même vu la fin de l’histoire … – est remis en cause de manière violente. Le djihadisme, l’islamisme radical ont fait leur entrée par effraction dans notre modernité. En terrorisant, assassinant, anéantissant. En embrigadant des individus, parfois très jeunes, qui partent, prennent les armes, volent des vies, en sacrifiant la leur. Nous n’avons pas le droit de faiblir ! C’est le grand combat de notre temps ! Et la France, avec sa diplomatie, ses armées, le mène avec la plus grande détermination. Laurent FABIUS et Jean-Yves LE DRIAN y veillent. La France est à la hauteur de son rang de grande puissance. Elle est intervenue au Mali, au Sahel, en Irak pour combattre Daech. Soyons fiers de nos soldats, de celles et ceux qui défendent notre drapeau ! Soyons fiers, aussi, du Président de la République qui incarne avec courage la voix de la France.

Dans ce monde globalisé, l’Etat-providence sur lequel notre modèle de solidarité repose doit faire face à la fragilité de son financement. Plus largement, c’est la force des Etats – économique, diplomatique, stratégique – qui, chaque jour, est éprouvée. Et ce, alors que la construction européenne – cette grande aventure de l’après-guerre – ploie sous les populismes. C’est dans ce monde-là qu’il nous faut redéfinir nos cadres de pensée ; penser global face à des enjeux gigantesques que nous devons affronter solidairement, pour ne pas périr demain collectivement. D’abord l’ultimatum environnemental : réchauffement climatique, élévation du niveau de la mer, bouleversement de notre écosystème. C’est l’enjeu le plus puissant, le plus pressant, le plus présent. La conférence Paris Climat 2015 est une formidable opportunité : pour nous Français, qui allons mobiliser tous nos talents, toute notre énergie en décembre pour que jaillisse un monde nouveau … Et pour nous socialistes, car au fond qui y a-t-il de plus noble, de plus conforme à notre idéal que celui d’exercer et de prouver notre solidarité avec le reste du monde ?

Autre enjeu : les flux planétaires de migrants qui mettent notre continent face à ses responsabilités : assurer l’asile, mais aussi organiser et réguler l’immigration. Avec fermeté et humanité. En bâtissant un nouveau partenariat avec l’Afrique qui, malgré ses défis colossaux, s’affirme de plus en plus comme le continent de demain. C’est donc dans ce monde-là, dans ce nouveau monde qu’il nous faut trouver de nouveaux horizons porteurs d’espérance et de progrès. ONG, réseaux sociaux, lanceurs d’alerte portent de nouvelles exigences citoyennes qui font tomber des dictatures mais qui transforment aussi nos démocraties représentatives, bousculent nos vieux partis et la manière d’exercer le pouvoir ou de faire de la politique.

Le monde change à grands pas … Le monde est en ébullition …

ET CE MONDE A BESOIN DE LA FRANCE !

Mes chers amis,

La France ne peut rester passive. Elle doit S’ADAPTER. Pour être plus forte. Mais, là où la droite et les déclinistes nous expliquent, soir et matin, que nous sommes CONDAMNÉS à nous adapter coûte que coûte, la gauche, elle, doit affirmer une autre adaptation. La gauche – première, deuxième, troisième… peu importe le chiffre … – ce n’est ni une fuite en avant, ni un immobilisme. C’est un mouvement. Un mouvement généreux. C’est la certitude que notre pays peut tenir son rang parmi les grandes Nations, sans abandonner son idéal de solidarité et de protection. C’est une France plus forte car plus juste. Nous voulons adapter, renouveler, anticiper mais jamais en sacrifiant certains, ceux qui n’iraient pas « assez vite » ou qui ne seraient pas « assez forts ».

S’adapter au monde d’aujourd’hui, préparer celui de demain : réformer.

Ce que nous avons fait : créer de la croissance S’adapter au monde d’aujourd’hui, préparer celui de demain, c’était d’abord réformer pour retrouver la croissance. En 2012, nous avons trouvé une économie dégradée, une compétitivité détériorée, une bcroissance en berne, des déficits publics inacceptables, une école malade de ses inégalités. Nous ne l’avons pas assez dit ! Tous nos efforts, depuis trois ans – et nous sommes reconnaissants à Jean-Marc AYRAULT – ont visé, de manière patiente, méthodique, à créer les conditions de la reprise. Et les premiers résultats sont là. La consommation des ménages est repartie. Les chefs d’entreprise recommencent à investir. Les investisseurs étrangers ne s’y trompent pas qui font de nouveau le choix de la France. Et surtout … surtout … après des années de stagnation … la croissance revient ! En France. Et en Europe ! Certes, elle est fragile, elle dépend aussi de facteurs extérieurs : pétrole, taux d’intérêt … Mais nous sommes à ce moment décisif où notre pays créé à nouveau de la richesse ! Cette richesse, nous avons voulu qu’elle bénéficie avant tout aux ménages des couches populaires, aux ménages aussi des classes moyennes. En tout : 9 millions d’entre eux verront cette année leur impôt sur le revenu baisser. Nous baissons les impôts – c’est la première réforme fiscale ! – tout en continuant à baisser la dépense publique. Mais le sérieux budgétaire, ce n’est pas l’austérité. Nous continuons de financer nos priorités. Et nous veillons à ne pas casser la croissance. Mais il y a ce douloureux paradoxe d’une croissance qui revient sans que le nombre de chômeurs ne baisse. Faire baisser le chômage : c’est la première exigence des Français. C’est donc notre première priorité. C’est l’engagement du Président de la République. Et nous le tiendrons !

Continuer de réformer pour permettre aux entreprises d’embaucher Donc nous devons continuer à réformer. Il n’y aura pas de pause. Pour amplifier encore la croissance. Pour plus d’emplois. Nous devons construire une économie compétitive, avec des entreprises qui font le pari de la recherche et de l’innovation, qui osent donner leur chance aux plus jeunes, et valoriser l’expérience des seniors. La gauche a évolué dans son rapport aux entreprises, comme tous les Français d’ailleurs qui plébiscitent largement les petites et moyennes entreprises. Les entreprises, ce ne sont pas juste des rapports de pouvoir et d’exploitation. Elles sont ces communautés humaines de salariés qui la font vivre. Elles sont ces lieux où l’on crée de la valeur. La réalité de la vie des gens, ce n’est pas le CAC 40, c’est la multitude de PME. Derrière ce concept d’entreprise, c’est en réalité une grande diversité qui se dévoile : de l’artisan à la PME, de la start-up aux grands groupes mondialisés, de l’entreprise privée à l’entreprise publique. Et ce sont elles, toutes ensemble, qui créent ce souffle vital de la création d’emplois ! Si nous allégeons le coût du travail, c’est pour cela. Si nous simplifions, c’est pour cela. Si nous nous attaquons à la rente, aux professions réglementées, aux positions acquises, à tous ces freins qui découragent la prise d’initiatives, c’est pour cela. Si nous donnons aux entreprises plus de souplesse en réformant le marché du travail, c’est pour cela. Pour cela, encore, que nous encourageons l’investissement : Grâce au programme d’investissements d’avenir, qui engage des financements massifs au service de la recherche et de l’innovation ; Grâce au crédit d’impôt recherche – reconnu et salué partout dans le monde ; Grâce à la Banque publique d’investissement, qui met la finance au service de l’économie réelle ; Grâce, enfin, à tout le potentiel du numérique ! Le label French Tech fait d’ores et déjà de la France la championne des jeunes pousses inventives. Nos compétences sont reconnues dans le monde entier !

Réformer, c’est construire une économie durable et européenne L’innovation est la clé. Et l’innovation, c’est une agriculture – cette force, cette identité de la France – qui mise sur la qualité et sur de nouveaux modes de production. C’est une industrie qui invente, aujourd’hui, les produits de demain, une industrie qui se réinvente, car la France est un grand pays industriel, avec ses ouvriers, ses ingénieurs, ses apprentis et tous leurs savoir-faire. L’innovation, c’est l’économie verte, qui recèle tant de gisements d’emplois, qui marie préservation de l’environnement et prospérité économique. Nous développons les énergies renouvelables tout en soutenant, en transformant, cette filière d’excellence qu’est le nucléaire français !

C’est, enfin, à l’échelle de l’Europe que nous devons créer de la croissance. Nous devons bénéficier de sa force de frappe considérable ! L’Europe, ces dernières années, n’a été trop longtemps que discipline et surveillance ; les considérations comptables avaient remplacé le projet politique. Alors nous avons agi, avec le Président de la République, depuis 2012, pour remettre la croissance au cœur de son projet. Et les lignes ont bougé ! L’euro – c’est un combat que j’ai mené avec d’autres – a considérablement baissé. C’est bon pour nos entreprises qui exportent. Le plan JUNCKER de 315 milliards d’euros investit notamment dans des projets français pour la transition énergétique, pour les PME innovantes. L’Europe ce doit être l’emploi. Mais cela ne doit jamais être la concurrence sans merci entre les travailleurs. C’est pourquoi nous encadrons davantage le recours aux travailleurs détachés. C’est pourquoi nous défendons l’objectif d’un revenu minimum dans tous les Etats membres ! Nous devons construire – enfin ! – cette communauté de pays qui harmonisent leur action économique, fiscale, sociale pour avancer ensemble. Nous devons construire cette gouvernance économique et monétaire de l’Europe, cette Europe intégrée, cette Europe politique, qui répond efficacement aux enjeux de notre temps : la croissance, l’emploi, l’immigration, la protection, la lutte contre la criminalité organisée, le terrorisme … L’histoire n’attend pas. Alors à nous de redéfinir le projet européen. A nous de stimuler la croissance qui repart. Nous avons une voix, celle des sociaux-démocrates européens : à nous de la faire porter ! Car l’Europe est plus que jamais notre horizon !

Chers amis,

Nous réformons. Nous agissons. Mais tout ce que nous faisons pour notre économie ne portera pleinement ses fruits que grâce à un dialogue social renforcé et modernisé. Tout simplement parce que, à la différence de certains, nous n’opposons pas les droits des salariés et la performance des entreprises. Les deux doivent aller ensemble. Et notre méthode pour créer de nouveaux droits – je pense au compte personnel d’activité, à la prise en compte de la pénibilité – c’est le dialogue social. Nous l’avons étendu pour la première fois à tous les salariés quelle que soit la taille de leur entreprise. Nous l’avons rendu moins formel, plus simple, plus efficace. La base du dialogue social, c’est tenir ses engagements.

Aujourd’hui, qui joue le jeu ? Dans le syndicalisme, ceux qui recherchent des solutions concrètes et négociées, des compromis équilibrés, marquent des points. Tout simplement parce qu’ils sont en phase avec les attentes des salariés, lucides sur la nécessité de changer. Mais du côté du patronat, lorsque j’écoute certains dirigeants du Medef, qu’est-ce que j’entends ? Une plainte permanente, un discours anxiogène sur la peur … d’embaucher. Des représentants du patronat, nous attendons autre chose ! Une attitude d’entrepreneur, un discours sur l’envie d’investir, de se battre sur les marchés, d’innover, de former des jeunes, d’embaucher. Une fierté, un sens des responsabilités, un patriotisme, au niveau de l’effort consenti par la Nation. Et surtout, nous attendons qu’ils tiennent leurs engagements ! Des engagements ont été pris, signés même, en contrepartie des aides du Pacte de responsabilité et de solidarité. Nous évaluerons, avec les partenaires sociaux et les parlementaires, la tenue de ces engagements. Ce rendez-vous approche : chacun prendra ses responsabilités, et le Gouvernement prendra les siennes !

Mes chers amis,

En trois ans, nous avons fait des choix ; nous avons réformé ; et la France a avancé. Je suis lucide. Je connais la souffrance de ceux qui sont au chômage, dans la précarité ; de ceux qui subissent la violence d’un licenciement. Mais je veux que nous regardions vers l’avenir avec confiance. Nous poursuivons ce grand mouvement que nous avons engagé. Et nous allons réussir ! En accompagnant la création d’emplois dans les TPE et les PME, en levant ce qui peut freiner l’embauche – dès mardi, après une réunion autour du Président de la République, je présenterai des mesures à ce sujet. En présentant aussi une grande loi sur le numérique qui nous permettra de poursuivre sur le chemin de l’innovation. En engageant – c’était une attente des Français – le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, première étape d’une modernisation de notre imposition. Je connais nos débats. Le Gouvernement est attentif, à l’écoute de ce qui se dit dans le Parti, aux attentes exprimées par les socialistes. Ces débats peuvent porter sur la hiérarchisation de telle ou telle priorité, les modalités de telle ou telle réforme. Mais jamais aucun d’entre nous ne remet en cause l’esprit de réforme. Nous sommes fidèles à l’action de Pierre MAUROY qui, comme Premier secrétaire, avait inscrit dans nos textes l’identité réformiste du Parti socialiste. Oui, nous sommes tous des réformistes !Réformer, réformer est une nécessité. Mais cela ne peut pas être une destination en soi. La gauche, je la veux efficace : qu’elle réponde aux besoins d’adaptation, mais aussi à l’inquiétude, au besoin d’enracinement, de partage, de reconnaissance de chaque citoyen.

Parce que nous sommes progressistes, nous ne voulons pas d’un individu malmené, déraciné, inquiet dans un monde sans solidarité où chacun serait un loup pour chacun.

Et donc, nous devons bâtir sans cesse la République, parce que la République, la Nation, la patrie garantissent notre unité, notre cohésion. S’il y avait un seul message à retenir du 11 janvier, ce serait celui-là. En brandissant les drapeaux, en chantant la Marseillaise, en cherchant ce regard fraternel dans le regard de l’autre, les Français ont dit, avec force – alors que l’on en doutait souvent – leur volonté d’avancer ensemble, de partager les mêmes souffrances, les mêmes joies, et le même destin. Bien sûr, ce jour-là, tout le monde n’était pas au rendez-vous … Et nous devons nous atteler à cette reconquête des cœurs et des esprits. Ce qui demande, aussi, de parler de la République avec le cœur. De parler de cette République forgée par le courage des soldats de Valmy et l’audace de ceux qui ont « osé » abolir tous les privilèges ; cette République portée à bout de bras par nos poilus dans les tranchées, puis restée secrètement blottie dans le cœur de tous les résistants, avant d’être ravivée par le programme du CNR, et toutes ses grandes conquêtes sociales !

La République est ferme. Elle est aussi bienveillante. C’est une volonté chevillée au corps de considérer l’autre, de considérer que ses difficultés sont aussi les nôtres.

Il y a ceux qui parlent de la République … qui se disent « Républicains » – qui n’ont en fait rien à proposer. Alors, je souffre quand j’entends la droite parler de la République … car elle n’en conserve que le vernis. Elle en a oublié le sens. Derrière cette guerre du langage, ce trafic d’appellations, cette privatisation d’un bien commun, il y a une duperie. Ce que cache le rhabillage de l’UMP, c’est un manque abyssal d’idées ! C’est la synthèse entre les fausses promesses de 2007 et le discours halluciné de Grenoble. En guise de renouveau, un grand retour en arrière !

Quand la droite n’a rien à dire – et elle n’a rien à dire ! – elle renvoie aux clichés, à la facilité et aux caricatures : celle d’une gauche soi-disant laxiste, qui « nivellerait par le bas » ou qui aurait même « trahi la République » ! Elle renvoie aux clichés. Renvoyons-la à son bilan : dette, déficits, services publics abîmés, postes de policiers, gendarmes, infirmières, enseignants supprimés, justice malmenée, stigmatisation des étrangers !

Alors, j’invite le chef de l’opposition à méditer sur le passé, avant que d’envisager l’avenir, ou plutôt de chercher sa revanche ! Faire de la politique, c’est servir les autres, et non pas régler des comptes personnels ! Faire de la politique – et plus encore quand on a été Président de la République – c’est tirer son pays vers le haut, élever le débat, et non pas plonger des deux pieds dans l’outrance et la hargne. Faire de la politique, c’est débattre, argumenter. Ce n’est pas vociférer ou insulter. Par ces pratiques dans l’opposition, Nicolas SARKOZY est déjà un problème … Et moi, comme vous – parce que nous sommes tout sauf laxistes … – je ne veux pas que Nicolas SARKOZY … récidive ; qu’il fasse à nouveau ce qu’il a fait à notre pays.

Je ne veux pas qu’il continue d’ouvrir un peu plus la porte à cet ennemi redoutable qu’est l’extrême droite. Lors des dernières élections départementales, le Front national a montré, sur fond de résignation, combien il avançait, dans nos campagnes ou dans nos villes, ses mauvaises solutions. C’est pour cela que j’avais appelé à s’engager pleinement dans la bataille ! Et en décembre, nous mènerons à nouveau ce combat.

Il y a ceux qui disent vouloir la défendre, mais ne font que la trahir – les extrêmes… L’extrême droite prétend parler au nom du peuple. Elle ne ferait que trahir ses intérêts. Ceux des plus modestes, des retraités, des familles, des petits entrepreneurs. Elle parle de patriotisme, mais son projet vise à nier tout ce qu’est notre pays et sa grandeur : un pays qui se projette vers le monde, qui croit en son destin, un destin arrimé à l’Europe. L’extrême droite voudrait nous rétrécir. Elle voudrait que nous abandonnions le combat ! Non, je ne crois pas qu’avant, c’était mieux !

Je ne crois pas qu’un grand pays comme le nôtre se sauvera en abandonnant ses ambitions, sa générosité, son universalisme ! En tournant le dos à l’Europe. Je ne crois pas que défendre notre patrie, ce soit trahir son héritage, renier son passé et ses valeurs ! Face à cet adversaire, la droite, et cet ennemi, le FN, nous n’avons pas le droit d’échouer, de manquer au peuple français !

Il y a ceux – nous, la gauche – qui obstinément, bâtissent la République, qui comblent tous ces espaces où la République pourrait perdre du terrain. Nous sommes lucides. Si tant de citoyens tournent le dos au débat public, s’ils jugent que l’on parle trop et mal de la République, c’est qu’ils ont le sentiment que ce « bien commun » ne leur appartient plus, que la République a reculé dans leur vie quotidienne.

Et bien notre devoir, c’est d’œuvrer obstinément pour faire vivre cette République, pour la réarmer, pour la rendre palpable. Pour la faire aimer. La République, c’est d’abord cette liberté, conquise de hautes luttes. Les citoyens sont des êtres libres et autonomes qui adhèrent volontairement aux valeurs, aux principes qui nous unissent. Ils ont des droits et aussi des devoirs. La République, c’est l’autorité. C’est le respect de la loi. C’est l’ordre républicain. C’est l’ordre juste. C’est la liberté ordonnée, cher Jean-Christophe. C’est la protection due à chacun. C’est la sécurité. Et la gauche a profondément évolué sur cette question. Elle l’a prise à bras le corps. Et elle obtient des résultats ! La délinquance baisse. Jamais dans l’histoire, la gauche n’a été aussi crédible pour assurer l’ordre public et combattre le terrorisme.

La République, c’est aussi la laïcité, qui organise notre vie collective. Elle n’a pas besoin d’être qualifiée ou interprétée, elle a juste besoin d’être appliquée ! La laïcité est ce rempart contre tous les intégrismes, tous les communautarismes, les pensées rétrogrades qui enferment les femmes, dans leur vie ou bien derrière un voile. La laïcité protège. Elle fait que tous les citoyens peuvent pratiquer leur religion dans la même dignité ; elle fait – je ne me lasserai jamais de le dire – que les Musulmans de France n’ont pas à avoir honte, et les Juifs de France n’ont pas à vivre dans la peur. La laïcité, c’est le refus des amalgames. C’est la différence entre le fidèle et le citoyen.

Le racisme, l’antisémitisme, les actes antimusulmans, anti-chrétiens, la haine de l’autre sont des délits qui désagrègent notre société. Nous ne devons rien laisser passer ! Aucun acte ! Aucun geste ! Aucune insulte ! C’est notre grande cause nationale. C’est à nous de transmettre, d’expliquer, de redire notre histoire, nos valeurs, pour que l’on arrête de tout confondre : liberté d’expression et blasphème, caricature et stigmatisation, humour et intolérance ! Voilà pourquoi nous étions Tous Charlie le 11 janvier !

La République c’est enfin l’égalité. Et c’est sur cette égalité que je veux insister.Car depuis cette nuit « révolutionnaire » du 4 août, c’est l’égalité qui a fait avancer notre Nation. Pourtant, cette promesse d’égalité résiste de moins en moins à la réalité des faits, à la réalité de ce que vivent nombre de nos concitoyens, et surtout les milieux populaires. Voilà ce qui a été, et ce qui doit toujours être le combat de la gauche !

Les inégalités au quotidien, c’est d’abord celles produites par notre système scolaire, où les enfants d’ouvrier ont bien moins de chance de réussir, où les classes préparatoires, les grandes écoles, restent toujours l’apanage d’un milieu social, qui connaît les règles, qui maîtrise les codes. C’est aussi l’expérience répétée que vit une partie de notre jeunesse – mais pas seulement –, celle de ne pas accéder à l’emploi, à un logement, à cause de son nom, son prénom, sa couleur de peau, ou parce que l’on est une femme, ou que l’on est jugé « trop vieux », ou que l’on souffre d’un handicap.

Les inégalités sont là. Elles se sont accrues. Fortement. Et elles touchent toujours les mêmes, alors que se sont toujours les mêmes qui s’en sortent. Il y a donc une défiance, un doute profond qui s’est installé dans notre pays. Un doute sur le fonctionnement de notre école, de notre fiscalité, de notre justice, de notre système de santé et de solidarité, de nos institutions démocratiques.

Pour dire les choses simplement : beaucoup ne croient plus en l’égalité. Et certains – ce sont toujours les mêmes, les conservateurs – en profitent pour tenter de s’en débarrasser, avec leurs éternelles confusions entre égalitarisme et égalité, entre solidarité et assistanat. Ce qu’ils veulent, c’est le chacun pour soi, le « tous contre tous », affirmant à mots couverts que l’égalité, ce n’est pas moderne, que c’est de l’histoire ancienne. Alors que pour nous, c’est le sens de l’histoire !

Alors, ce combat pour l’égalité. Il faut le rependre. CONCRETEMENT. Et concrètement cela veut dire assurer l’égale dignité, l’égale considération de tous. Cela veut dire prendre en compte la condition de chacun. C’est ce que nous avons fait avec la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très tôt ! C’est ce que nous avons fait avec la réforme des allocations familiales ! C’est ce que nous avons fait avec la généralisation du tiers-payant chez le médecin ! C’est ce que nous avons fait avec l’ISF, pour que chacun contribue à la mesure de ses moyens ! C’est ce que nous avons fait avec la loi sur l’égalité femme/homme et la parité ! C’est ce que nous avons fait en donnant enfin aux couples de même sexe le droit de se marier !

VOILA, CE QUE NOUS FAISONS ! VOILA CE QUE NOUS ALLONS CONTINUER A FAIRE. NOUS VOULONS L’EGALITE. L’EGALITE REELLE ! PAS L’EGALITARISME !

Et ça passe, bien sûr, par l’Ecole. Cette Ecole, qui porte la promesse d’un avenir meilleur pour tous nos enfants, doit redevenir le lieu de tous les possibles. Et d’abord, pour les milieux populaires, dans les quartiers, comme dans les zones péri-urbaines ou rurales, pour les classes moyennes.

Le savoir, la connaissance, l’instruction, c’est leur premier capital ! Alors, oui, soyons fiers d’avoir réformé l’école primaire, car c’est là que les mauvais départs se prennent. Maîtriser la langue, lire, écrire, compter : c’est d’abord là que cela se passe. Soyons fiers d’avoir refondé l’école, refait du budget de l’éducation le premier de notre nation, restauré la formation des maîtres ! Soyons fiers de tenir la promesse de François HOLLANDE de créer 60 000 postes d’enseignants au cours de son quinquennat ! Soyons reconnaissants envers nos enseignants, ces milliers d’hommes et de femmes animés d’une des plus belles vocations, mais souvent confrontés à des difficultés immenses.

Après le primaire, nous avons réformé l’éducation prioritaire, là où les établissements concentrent les enfants les plus modestes. C’est là qu’il faut agir, pour aider ceux qui en ont le plus besoin. La réforme des collèges – cette grande et belle réforme des collèges, portée avec détermination par Najat VALLAUD-BELKACEM ! – est venue consolider cette refondation de l’école. Et puis il y a aussi l’évolution des programmes. L’histoire que nous transmettons à nos enfants, notre roman national est le ciment de notre société. Il ne s’agit ni de l’embellir, ni de le noircir, mais de le transmettre pour former des citoyens, libres, lucides, et autonomes, pour forger une identité – selon la définition de Fernand BRAUDEL. Une identité fondée sur notre langue, notre littérature, notre culture, notre histoire, notre territoire. Nos enfants doivent vibrer en souvenir du sacre de Reims, lire avec émotion le récit de la Fête de la Fédération, mais être capables aussi de comprendre le monde d’aujourd’hui. Des talents, il y en a tellement dans notre pays. Et il y en a tellement dans les familles d’ouvriers ou d’employés, de salariés des classes moyennes. Ces enfants, ces talents, ils doivent pouvoir pleinement s’exprimer. Et notre rôle c’est de les y aider en soutenant les familles ! Notre objectif, c’est l’excellence. L’EXCELLENCE REPUBLICAINE ! Nous devons ouvrir davantage l’accès à la culture, à la création, développer chez tous « le goût du beau, le culte passionné de la raison et de la liberté » – ces traits que Jean CASSOU prêtait d’ailleurs à Jean ZAY. Donner du goût aux gens, à la jeunesse, c’est le devoir de la gauche !

Mes chers amis,

Je parlais au début de l’exigence des socialistes … Cette exigence, c’est celle d’être à la hauteur – comme le furent nos aînés – pour pouvoir, à notre tour, inventer l’avenir. Prenons le temps de rêver à nouveau. Le rêve c’est n’est pas une fuite. C’est un voyage. Ce n’est pas un mirage. C’est l’horizon que l’on se donne à atteindre. Et pour cela, nous devons être rassemblés ! Rassemblés derrière le Président de la République, qui agit avec détermination, sens de l’Etat, avec la volonté d’apaiser, de protéger les Français. Rassemblés derrière le gouvernement, dont je salue les nombreux membres ici présents. Rassemblés derrière notre majorité, le président de l’Assemblée nationale, Claude BARTOLONE, nos présidents de groupe – Bruno LE ROUX, Didier GUILLAUME, Pervenche BERÈS – nos parlementaires, députés, sénateurs, courageux, engagés, loyaux, nos élus, nos responsables fédéraux, nos secrétaires de section, nos militants, qui agissent au quotidien ! Rassemblés derrière toi, cher Jean-Christophe, qui remets les idées en marche, qui sais fédérer au-delà des différences, qui remets le parti en mouvement, qui redonne de l’énergie aux militants, et qui as toute la reconnaissance, et toute la confiance des socialistes !

Soyons rassemblés ! Chacun ici y contribue et doit y contribuer. Ce rassemblement, il ne suffit pas, bien sûr, de l’invoquer comme un mot magique. Il faut le vouloir. Et à la place qui est la mienne, j’y travaillerai toujours. Comme chef de la majorité, j’en serai le garant. Vous connaissez mon parcours. J’ai participé toujours avec enthousiasme à nos débats. Dans nos congrès. A la primaire de la présidentielle de 2012. J’ai toujours défendu mes idées avec conviction. Et je viens de le faire encore devant vous. Mais aujourd’hui, j’ai une responsabilité : celle de conduire l’action du gouvernement de la France. Il n’y a pas d’aventure personnelle, il n’y a que des réalisations collectives. Et vous pouvez être certains de ma loyauté sans faille à l’égard du Président de la République. C’est ma conception de la politique. C’est ma conception des institutions de la Vème République.

Car je veux réussir. Et nous avons le devoir de réussir. C’est ce que les Françaises et les Français attendent de nous, d’un Parti socialiste qui s’adresse à tous, qui parle à tout le monde, et qui agit pour tout le monde. La gauche n’est jamais plus belle que quand elle s’adresse à tous, sans sectarisme et sans dogmatisme. Etre rassemblés, c’est être plus forts. Nous avons besoin d’un Parti socialiste fort qui fédère la gauche et les écologistes ; qui trace un chemin vers une nouvelle alliance ou une maison commune. Oui, cher Jean-
Christophe, il faut imaginer ce dépassement, qui permette aux progressistes – la forme est à définir – de se retrouver pour préparer les élections régionales de décembre et la présidentielle de 2017.

Nous devons être le parti de la Nation, de toute la Nation, de tous les Français. Du peuple – pas de telle ou telle catégorie. Au cœur de la Nation. Et donc dans le cœur des Français. Oui, mes chers amis, mes chers camarades, ma conviction, c’est que dans cette époque qui bouge tant :

LE MONDE A BESOIN DE LA FRANCE … ET LA FRANCE A BESOIN DE LA GAUCHE !

Car être de gauche, c’est avancer. Jamais reculer ! La gauche, c’est progresser, et en même temps partager. La gauche, c’est élever chacun ! Alors, soyons fiers d’être de gauche !

Alors soyons fiers d’être français ! Fiers de notre beau pays ! De ses réussites !

Vive la République et vive la France !