Toucher à la loi de 1905 pour répondre aux attentats, le débat est dans l’air chez les politiques. De plus en plus de voix s’élèvent pour moderniser le texte qui prévoit la séparation des Eglises et de l’Etat. Le but : permettre une meilleure organisation de l’Islam de France qui ferait défaut. C’est ce que nous explique Luc Carvounas, sénateur proche de Manuel Valls.

Faut-il réformer – ou, pour reprendre un vocabulaire que les politiques affectionnent : « moderniser » – la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ? C’est le député (UMP) Benoist Apparu, un proche d’Alain Juppé, qui a été le premier à ouvrir la brèche, en évoquant une intervention de l’Etat dans la formation des imams. L’observatoire de la laïcité a aussi appelé dans ses préconisations à une aide à la création aux lieux privés de théologie musulmane. Le sénateur (PS) Luc Carvounas, très proche du Premier ministre Manuel Valls, se saisit aussi du sujet. Au nom de la réalité du terrain que lui-même vit au quotidien dans sa ville d’Alfortville (94) où il est élu depuis 2008, il veut revoir la question du financement des lieux de culte.

Pourquoi êtes-vous favorable à une évolution de la loi de 1905 ?

Il faut arrêter avec l’hypocrisie ambiante. Pour accompagner les édifications des lieux de culte, les élus font bien des contorsions. C’est ici un Conseil général qui va puiser dans la ligne budgétaire des équipements proximité ville pour la construction d’une mosquée, là une commune qui finance une association culturelle israélite ou une autre qui rénove une Eglise au nom de la préservation du patrimoine culturel. Nous ne pouvons plus continuer ainsi. Je ne suis pas le seul à défendre ce point de vue. Selon un récent sondage TNS Sofres, un maire sur trois est favorable à une aide publique pour accompagner leurs habitants dans leur pratique religieuse. Cette loi a été créée à un moment de l’histoire de France où la configuration religieuse n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. La religion catholique était majoritaire, l’Islam n’avait pas la même place. Aujourd’hui la France compte les communautés juives et musulmanes les plus importantes d’Europe. D’où l’idée de faire entrer la loi sur la laïcité dans le XXIe siècle mais en dépassionnant les débats et en permettant aux Maires d’évoluer dans un cadre juridique sans ambiguïté.

En quoi ce toilettage de la loi 1905 est-il une réponse aux attentats du 7 janvier ?

Nous ne sommes pas en guerre contre une religion, mais contre l’islamisme radical. Cet islamisme radical, il est identifié. Il s’exprime notamment dans l’Islam des caves ou dans des mosquées financées par des nations étrangères. Et qu’on le veuille ou non, les mosquées se construisent. Autant faire en sorte que ces lieux de prière qui voient le jour, n’abritent pas de salafistes.

Le Premier gouvernement prône davantage de fermeté dans le respect de la laïcité et de l’autre vous appelez à un assouplissement des règles qui régissent la séparation de l’Etat et des religions, n’est-ce pas contradictoire ?

Pas du tout. Je ne prône pas un assouplissement mais des règles fermes et adaptées à la situation d’aujourd’hui. Il faut être intransigeant sur nos valeurs républicaines surtout en matière de laïcité. Les Maires sont les premiers à les défendre et à les mettre en œuvre. Le parlement doit renforcer la loi pour renforcer leur action au plus près de nos concitoyens.

 

Via lavie.fr