Les sénateurs Jean-Marie BOCKEL (UDI-UC, Haut-Rhin), président de la Délégation aux collectivités territoriales, et Luc CARVOUNAS (PS, Val-de-Marne) ont présenté leur rapport sur “Les collectivités territoriales et la prévention de la radicalisation”. Ils préconisent une meilleure association entre les collectivités et l’État sur la détection de la radicalisation.

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Pourquoi la Délégation sénatoriale aux collectivités territoriales a-t-elle décidé de faire un rapport sur ce sujet ?

Jean-Marie BOCKEL : L’objectif de ce rapport est de sensibiliser les partenaires, les collectivités locales et l’État régalien sur la nécessité d’un partenariat sur cette question si importante et si actuelle de la prévention de la radicalisation.

Luc CARVOUNAS : C’est d’abord d’essayer de remettre dans la boucle les élus locaux et d’abord les maires. Lorsque nous avons envoyé un questionnaire aux élus locaux, 60 % d’entre eux nous ont répondu ne pas avoir assez d’information sur ce sujet qui est pourtant de plus en plus prégnant sur le territoire : la montée du radicalisme et du fondamentalisme. Nous devons revenir dans un circuit de coordination et de confiance avec l’État. Parfois, les choses se font sans les maires alors qu’ils ont l’expertise territoriale.

Quel constat faites-vous ?

J.-M. B. : il n’y a pas un territoire qui soit épargné aujourd’hui en France. Même dans le monde rural, cette question commence à poindre.

L.C. : Selon le fichier S, il y aurait un peu plus de 17.000 individus répertoriés, sachant qu’aujourd’hui on sait que plus de 2.000 de nos compatriotes sont partis faire le Djihad en Irak ou en Syrie dont environ 250 Français décédés sur les champs de bataille selon les chiffres de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste.

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Quelles sont vos recommandations ?

J.-M. B. : Nous avons travaillé sur la question de l’information. Nous ne voulons pas tout savoir. Nous ne voulons pas les fichiers S mais nous voulons savoir ce qui est utile à la fois dans les relations avec certaines associations et aussi tout simplement sur les personnes qui sont dans les territoires de nos communes et qui peuvent basculer d’un moment à un autre.

L.C. : Lorsqu’on voit les salles de prière salafistes et les points de départ de Français vers le Djihad, les calques se confondent. Sans faire de relation de cause à effet, il y a quand même des similitudes. C’est pour cela que, très concrètement, nous demandons dans le rapport que nous puissions mieux coordonner. Par exemple pour la scolarisation des enfants lorsqu’ils sont inscrits dans des écoles privées hors-contrat, nous devons pouvoir mieux nous informer les uns les autres pour avoir des suivis qui sont les premiers signalements de la dérive.

J.-M. B. : Il faut également évaluer de manière objective avec des expertises sérieuses et professionnelles de manière à pouvoir progresser. Nous voulons même lier les financements à l’évaluation.

L.C. : Nous voulons avoir des référents dans les services de l’État et dans les associations sur les premiers signes de radicalisation avec des gens formés pour cela. Nous demandons que le fonds interministériel de lutte contre la délinquance soit pérennisé afin de pouvoir apporter les moyens idoines aux territoires. Le champ d’investigation doit rester de l’ordre du régalien mais, en revanche, la commune doit être le premier échelon du repérage sur les signes primaires de radicalisation.

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