La Politique autrement, réinventons nos institutions: c’est le titre de l’ouvrage que publie Luc Carvounas pour la Fondation Jean Jaurès. Sénateur socialiste du Val-de-Marne depuis 2011, maire d’Alfortville, le jeune élu (43 ans) observe le fonctionnement de la démocratie. Sa conclusion est sans surprise, mais sans appel: «Notre démocratie a besoin d’un nouveau souffle.» Pour cela, il ne veut pas se contenter d’un «énième saupoudrage institutionnel» comme en a déjà connu la Constitution depuis 1958 ; il ne souhaite pas non plus aller jusqu’à demander une VIe République: «Mélenchon est dans l’outrance» et en plus «il ne faut pas abîmer notre République», dit-il.

Avec ses 43 propositions, Luc Carvounas propose tout de même un sacré coup de balai, en souhaitant instaurer un «régime présidentiel à la française» : suppression du Premier ministre, du droit de dissolution et de la possibilité pour l’Assemblée nationale de renverser le gouvernement ; diminution du nombre de parlementaires (400 députés, 200 sénateurs) mais auxquels on donnerait enfin de vrais pouvoirs pour légiférer et contrôler.

Face à la double montée des populismes et de l’abstention, Luc Carvounas entend porter une autre idée, plus révolutionnaire : rendre le vote obligatoire et le donner aux jeunes dès 16 ans, alors que la jeunesse française est «la plus anxieuse d’Europe».

«Nous devons dire à nos concitoyens qu’il y a des droits et des devoirs. Chacun doit prendre ses responsabilités»

explique-t-il en rappelant que le vote est déjà obligatoire aux élections sénatoriales. Pour le vote des jeunes, préconise-t-il, pourquoi pas une expérimentation aux élections locales?

Enfin, Luc Carvounas regarde de près ce qui se passe aux Etats-Unis avec le «spoil system» et se demande si un changement de la haute fonction publique lors des alternances politiques ne serait pas de nature à empêcher «certaine freins» et «une certaine inertie». Il ajoute: «Quand nos candidats font campagne, ils s’appuient sur leur expérience d’élu local. Or, dans les territoires, ce sont les politiques qui dirigent les administrations.»

Membre de la Mission lancée à l’Assemblée nationale par Claude Bartolone, Luc Carvounas compte sur ce travail pour «s’arrêter, travailler, faire sereinement des propositions, avoir une réflexion globale». Il n’est pas certain que ses propres préconisations seront reprises. Il aura en tout cas «apporté sa pierre» à l’édifice, convaincu qu’il est que «le débat institutionnel sera partie intégrante de la future campagne présidentielle».

 

Article paru dans L’opinion