Luc Carvounas apparaît désormais en outsider dans la course au poste de premier secrétaire du Parti socialiste. Le député “Nouvelle gauche” du Val-de-Marne critique uniformément ses trois adversaires, d’un côté Olivier Faure et Stéphane Le Foll, qu’il qualifie de “frère jumeaux du hollandisme”, et d’un autre côté Emmanuel Maurel, dont il pointe sa position à gauche du PS. “Si je ne suis pas Macron béat, je ne suis pas non plus Mélenchon béat”, résume-t-il pour le JDD avant d’appeler à “un socialisme clair”.

La République en marche et Les Républicains, c’est bonnet blanc et blanc bonnet

Pourquoi êtes-vous candidat?
Les militants attendent que l’on relève le drapeau. Je veux dire aux esprits chagrins que nous ne sommes pas morts. Nous sommes présents dans des centaines de collectivités. Si vous regardez le second tour des dernières partielles et le nombre de bulletins blancs, le peuple de gauche a envoyé un message à Emmanuel Macron : La République en marche et Les Républicains, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

En quoi votre candidature est-elle différente de celle d’Olivier Faure et de Stéphane Le Foll?
À l’inverse des frères jumeaux du hollandisme, je suis le seul à vouloir tourner la page du dernier quinquennat. Je suis aujourd’hui le seul candidat à parler des alliances, à vouloir cette gauche arc-en-ciel, rose, rouge et vert. Or, on ne peut pas définir une ligne politique et stratégique si on ne dit pas avec qui on veut travailler. Je suis le seul à avoir voté contre le discours de politique générale d’Édouard Philippe. Je suis le seul à être dans une vraie opposition au gouvernement en place.

Emmanuel Maurel aussi l’est. En quoi vous distinguez-vous?
Si je ne suis pas Macron béat, je ne suis pas non plus Mélenchon béat. Je veux un devoir d’inventaire et non pas rompre avec tout le quinquennat Hollande. Je ne veux pas rompre avec la retraite à 60 ans pour les métiers pénibles, avec le tiers payant généralisé, avec le mariage pour tous…

Le PS risque d’être remplacé ou assimilé par La République en marche ou La France insoumise

Stéphane Le Foll veut une voix forte pour le PS, quelqu’un qui “percute”…
L’idée qu’un homme peut entraîner un mouvement à lui tout seul, j’ai connu ça dans le précédent quinquennat avec Manuel Valls. On a vu le résultat. Aujourd’hui, il faut un peu de modestie.

S’il n’y avait que 20.000 votants lors du congrès en avril, cela signerait-il la mort du PS?
La mort du PS ne dépend pas du nombre de votants. La mort du PS adviendra si demain on élit une direction politique qui n’a pas dit les choses avant ce congrès. Si la ligne politique qui l’emporte n’est pas celle d’un socialisme clair, cranté sur ses valeurs de gauche, le PS risque d’être remplacé ou assimilé par La République en marche ou par La France insoumise.

Est-ce que les conditions d’organisation du vote permettent la fiabilité du scrutin?
Je n’imagine pas un instant que dans l’état dans lequel nous sommes, on ait envie d’entacher ce scrutin ou alors autant tous nous envoyer au cimetière définitivement. Mais lors de la dernière consultation des militants, dans une dizaine de fédérations, les résultats ne sont pas remontés immédiatement. On a repéré des “trous dans la raquette”. J’espère qu’on va y faire attention.

Source : Le JDD