La réforme constitutionnelle annoncée par le Président de la République lors de son discours devant le Congrès le 16 novembre dernier, et présentée devant le Conseil des ministres le 23 décembre suscite débats, polémiques, voire invectives, notamment concernant la question de la déchéance de nationalité. La constitutionnalisation de l’état d’urgence est occultée, négligée, pourtant ces deux questions font partie d’un tout.

Le spectacle de la classe politique aujourd’hui nous appelle à réagir, il est peu réjouissant tant il est enfermé dans des postures surjouées ou surannées.

Le Président de la République et le Premier Ministre ont pris leurs responsabilités. Par leur courage et leur cohérence, ils protègent la République. Gouverner un pays, protéger les valeurs d’une nation, c’est savoir dépasser les clivages quand l’intérêt général l’ordonne.

L’extrême droite voudrait nous faire croire à sa victoire idéologique, et capitaliser pour plus tard. Mais l’idée selon laquelle priver un terroriste de la nationalité française serait une idée d’extrême droite est une profonde méconnaissance de la conception française de la Nation! Elle repose sur l’adhésion à des valeurs, celles de la République. L’extrême droite ne défend que le droit du sang.

La droite, quant à elle, est absente sur le fond. Ses dirigeants sont curieusement muets. Ils sont entrés dans le débat obnubilés, tergiversant sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence, avec des revirements, pour finalement l’accepter en créant une forme de chantage sur la déchéance. Elle croyait enfermer l’exécutif et le contraindre à un renoncement. Aujourd’hui, force est de constater qu’elle s’est trompée, et, pour ne pas perdre la face, déplace le débat sur la Garde des Sceaux, oubliant les enjeux.

Une partie de la gauche oublie que nous partageons les mêmes analyses sur le droit du sol, sur la naturalisation ; que nous partageons la même conception inclusive de la nation française ; que nous nous retrouvons autour des mêmes valeurs, l’ouverture, la tolérance, la fraternité.

Le temps est venu de sortir du silence afin de soutenir le Président et défendre les principes de la patrie des droits de l’Homme. L’heure n’est pas à la politique politicienne, aux calculs, elle est au rassemblement. Il faut être digne et courageux.

La déchéance de nationalité, c’est un symbole fort, la République s’est aussi construite avec des symboles. C’est un message à ceux qui veulent prendre leurs armes contre leur propre pays, détruire nos valeurs, détruire la liberté, détruire les Droits de l’Homme. Il faut défendre cette possibilité, l’inscrire dans notre Constitution sans se laisser murer dans des émotions et des propos à géométrie variable basés sur des postures idéologiques, contraires à l’intérêt des Enfants de la République.

Nous faisons face aujourd’hui à un changement de paradigme, il faut être à la hauteur de cet enjeu et protéger nos acquis, nos valeurs.

Cette déchéance de nationalité existe dans la loi depuis longtemps, elle fut plusieurs fois mises en pratique, toujours sous le contrôle attentif du Conseil d’Etat.

Aujourd’hui, la déchéance de nationalité ne concerne que les binationaux nés à l’étranger, c’est ici qu’est la vraie rupture du principe d’égalité, elle doit pouvoir s’appliquer à tous les binationaux, y compris ceux nés en France. Nous voulons y remédier sans aller plus loin – car il est impossible de déchoir de sa nationalité un Français qui n’en a pas d’autre : des principes internationaux que la France a reconnus interdisent de rendre une personne apatride.

Être français, c’est une chance et un honneur. Il les faut protéger et ne pas les dévaloriser. Les personnes concernées par la possibilité d’une déchéance de la nationalité française sont les auteurs de crimes terroristes, ils s’excluent eux mêmes, par leurs actes, de la République. Il ne faut pas inverser la question, la volonté de l’exécutif est de protéger le pays, ses valeurs, mais aussi, symboliquement, valoriser le fait d’être binational. Comment peut-on instrumentaliser les grands principes de la République pour protéger ceux qui veulent la détruire?

Aujourd’hui, nous défendons une position : celle du Président de la République et du Premier ministre. Un débat va avoir lieu, notamment parlementaire : il est légitime.

Mais le temps n’est pas aux tergiversations politiques. Il est à l’union autour des valeurs qui fondent notre pacte social et républicain.

Pour construire l’avenir de notre République, celle des Droits de l’Homme, dépassons les clivages.

Hugues Fourage, Gérard Bapt, Frédéric Barbier, Daniel Boisserie, Alain Calmette, Christophe Castaner, Luc Carvounas, Carlos Da Silva, Françoise Dumas, Alain Fauré, David Habib, Nathalie Nieson, Sylvie Tolmont, Gwendal Rouillard.