Luc Carvounas, candidat au poste de premier secrétaire, affirme que “le PS n’est pas mort d’un claquement de doigts après une défaite à deux élections. Aujourd’hui, la remontada va prendre du temps“.

Libre et libéré”. Luc Carvounas souhaite incarner une candidature décomplexée pour le poste de premier secrétaire du Parti socialiste. Dans son texte d’orientation, le député socialiste assure que “mai 2017 n’a jamais signifié la fin du clivage gauche / droite, mais la victoire d’une nouvelle droite sur une gauche divisée (…) Notre prochain congrès (qui se déroulera à Aubervilliers les 7 et 8 avril ndlr)devra rompre avec près de 40 ans d’un concept devenu obsolète : celui du parti de gouvernement”. 

Il préconise ainsi de “procéder à l’inventaire du précédent quinquennat”. D’après lui, “il devra être le résultat d’un débat sans concession, qui se déroulera dans la sérénité. Nous connaissons les mesures qui ont profondément troublé les socialistes : c’est le CICE mal ciblé, c’est la loi Travail, c’est la déchéance de nationalité”.

Pour résumer sa vision, Luc Carvounas explique à RTL.fr, qu’il voit les choses de façon “concrètes”, avec “beaucoup de modestie” et de son point de vue “de militant de base”.

Une gauche “arc-en-ciel”

Le Parti socialiste est-il mort ? “Non, assure Luc Carvounas. Dans les fédérations, au quotidien, je ne vois pas de mourants ou de morts-vivants. L’idée du socialiste français n’est pas mort. Le PS n’est pas mort d’un claquement de doigts après une défaite à deux élections. Aujourd’hui, la remontada du Parti socialiste va prendre du temps, concède-t-il mais il doit redevenir le parti des causes”.

À RTL.fr, le candidat au poste de premier secrétaire estime que “la société civile est porteuse de beaucoup de militantisme de gauche”. C’est pourquoi il propose de construire une gauche “arc-en-ciel”. “Le socle rose, rouge, vert est la base mais je souhaite aussi ouvrir le parti à la société civile, aux syndicats et aux associations”. Dans sa motion, il ajoute qu’elle “devra s’ouvrir largement à des nouveaux visages, aux syndicats, aux associations et à la société civile. Elle devra adopter un pacte fondateur en vue des prochaines élections européennes et municipales”.

En ligne de mire : les élections européennes de 2019. “Nous devons établir des alliances claires avec nos partenaires de gauche qui s’affirment pro-européens et souhaitent profondément réorienter l’Union européenne ; en revanche nous refuserons de nous allier avec une tendance populiste de gauche qui tiendrait des discours sur l’Europe auquel aucun socialiste ne peut souscrire”, explique Luc Carvounas qui prévient qu’il ne s’agit pas de la gauche plurielle des années 90.

Une université populaire du PS

Afin d’attirer les militants au sein du Parti socialiste, le candidat préconise la création d’une “université populaire du PS pour former nos adhérents à l’Histoire du socialisme et de la gauche, ainsi qu’aux nouvelles problématiques”, peut-on lire dans son texte d’orientation. “Nous avons perdu le fil de cette histoire. La politique est faite d’engagements. L’objectif est de se reconsacrer sur l’histoire du socialisme et de nous retrouver ensemble sur des sujets tels que mourir dans la dignité, la PMA, la GPA… Je veux faire de mon parti un lieu de bouillonnement”, précise-t-il à RTL.fr.

Désormais, “le Parti socialiste doit vivre avec son temps. Le militantisme 2.0, c’est celui des réseaux sociaux”, ajoute le député socialiste qui souhaite aussi créer une “plateforme militante pour communiquer, proposer des votes, déposer des motions à l’ordre du jour au conseil national”. S’il devient le chef du parti, il compte aussi créer une “chaîne nationale ainsi qu’une webradio, comme ce que j’ai fait dans la ville dont j’ai été maire, Alfortville (de 2012 à 2017 ndlr)“, insiste-t-il.

Autre mesure annoncée par le candidat s’il est élu au poste de premier secrétaire : “Rendre environ 20% de la vente de Solférino aux fédérations pour qu’elles puissent avoir la garantie de payer au moins chacune un permanent jusqu’en 2022 si elles le décidaient”. À cela s’ajoute, le fait de “garantir aux fédérations que les instances nationales n’interviendront plus dans les décisions fédérales lorsque ces dernières s’avéreront mieux placées“.

Généralisation de l’impôt sur le revenu

Luc Carvounas l’annonce dans son texte d’orientation : il veillera “à ce que chaque ménage quels que soient ses revenus s’acquitte de l’impôt sur le revenu. En contrepartie, nous devons exonérer de TVA les biens de première nécessité“. À RTL.fr, il précise qu’il s’agit de produits alimentaires comme les pâtes et le riz par exemple, mais aussi l’eau et l’électricité.

“Quelques soient vos revenus, vous devez contribuer à l’impôt sur le revenu. C’est une proposition extrêmement concrète”, appui Luc Carvounas. Et si elle ne plaît pas au sein de son parti politique ? “J’aspire à porter tous les débats. Je n’ai peur de rien. Si on a peur, on meurt“, répond-t-il.

Il souhaite aussi “supprimer toutes les niches fiscales qui ne créent pas suffisamment d’emploi et ne profitent pas à tous les ménages”, “introduire la notion de patrimoine universel de naissance dans le débat politique”“convoquer en urgence un sommet européen pour lutter contre l’évasion fiscale” et “inventer une fiscalité écologique juste qui devra se substituer systématiquement aux impôts existants”.

Une opposition revendiquée

Quelle type d’opposition à Emmanuel Macron souhaite-t-il incarner ? “Je suis l’opposition. J’espère que la gauche française reviendra au pouvoir. Nous sommes l’opposition. Je suis sincère et je vais vers les militants sans leur promettre monts et merveilles. Je veux renvoyer au Parti socialiste, tout ce qu’il m’a offert. Ce parti n’est pas une rente“, martèle-t-il.

Dans sa motion, il ajoute que “la question démocratique est plus que jamais le socle d’une reconstruction durable. Il faut donc repartir des origines, un peu comme le firent Pierre Mendès-France et François Mitterrand, entre 1958 et 1962 (…) C’est ce chantier qu’il nous faut rouvrir. Il va de l’assimilation des travaux des chercheurs sur le pouvoir délibératif et le principe de responsabilité, jusqu’à la définition de nouveaux principes constitutionnels adaptés à notre temps”.

Source : RTL