Un mois après les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015, qu’avons-nous retenu du message que nous ont adressé les Français ? Si l’on en jugeait par le seul débat sur la déchéance de la nationalité, je serai tenté de répondre : rien.

Depuis le début du quinquennat, les débats au sein de la gauche et du Parti socialiste (PS) s’enchaînent et se ressemblent : une partie de la gauche distribue les mauvais points au président de la République et au premier ministre. Les débats sur la déchéance de nationalité ne sont que l’ultime épisode d’un feuilleton qui se répète à chaque moment de vérité du quinquennat, que ce soit sur le pacte budgétaire européen, sur l’accord pour l’emploi en 2013, le CICE ou plus récemment la loi Macron. A chaque fois, nous n’étions jamais assez à gauche pour certains.

Et pourtant, dès 2012, nous avons montré aux Français que nous savions gouverner face à la plus grave crise économique connue dans notre pays depuis les années 1930. Nous l’avons fait en tenant bon notre cap, avec méthode, concertation et dans le respect de nos valeurs qui nous ont fait gagner tant de batailles sur la droite conservatrice au fil des ans.

Depuis 2015, les Français savent qu’ils peuvent aussi compter sur nous pour faire face à la plus grande menace depuis la seconde guerre mondiale : le terrorisme.

A chaque fois, les Français attendaient l’unité et l’efficacité. A chaque fois, au nom des valeurs, l’immobilisme et la tentation du repli gagnaient une partie de mon camp. A chaque fois, nos débats ont pu avoir lieu jusqu’à leur terme, quand chez nos adversaires, on muselle ou on coupe des têtes. A chaque fois, la légitimité, la détermination et la cohérence du couple exécutif l’ont emporté.

Faire un état des lieux du quinquennat au Parlement

Lors des dernières régionales, les Français nous dit leur envie de projet et leur refus des choix manichéens. Comme si nous devions choisir à chaque élection entre des électeurs qui affichent une appartenance et ceux qui n’ont pas envie de choisir un camp.

Il est temps de traduire, dans la méthode, leur attente et de réunir sans tarder, les présidents de tous les groupes progressistes parlementaires pour jeter les fondations d’une grande alliance des progressistes. Cette alliance préfigurera le travail que nous devrons mener dans les tout prochains mois pour faire un Etat des lieux sans concession du quinquennat et contribuer à bâtir les fondations d’un projet commun dans lequel les Français pourront largement se reconnaître.

A moins de 18 mois de l’élection présidentielle, nos responsabilités sont immenses si nous voulons être utiles aux Français. A présent qu’elle est privée de représentation dans certaines régions, la gauche contestataire peut-elle défendre les valeurs de la gauche autrement que par le verbe ? Non ! bien au contraire. Pour la première fois sous la Ve République, nous pouvons préparer les conditions pour gouverner dans la durée. Nos résultats aux dernières élections régionales portent contre toute attente un véritable espoir.

Avec un million de voix d’avance, les Français se sont exprimés majoritairement pour la Gauche devant la droite et l’extrême droite. Mais s’ils ont exprimé une envie de gauche, les Français nous ont aussi confirmé qu’ils ne sont plus prêts à se laisser enfermer dans le fonctionnement traditionnel des partis.

Ils ont dit leur rejet de la dispersion. Et ils ont raison à en juger par le total des voix de gauche au second tour des régionales qui est supérieur à la simple addition des voix du premier tour. Voilà la preuve s’il en fallait une, de la nécessité de se rassembler, et de le faire au plus tôt. Nous n’y parviendrons que si nous dépassons nos différences pour unir tous les Français autour de ce qui nous rassemble, c’est-à-dire précisément sur nos valeurs.