Craignant qu’un scrutin en bonne et due forme ne soit pas assuré, le candidat en lice pour le poste de premier secrétaire va adresser une lettre à la haute autorité chargée d’organiser le congrès pour réclamer un vote électronique.

À moins de trois mois du congrès PS, les esprits s’échauffent… Outre la multiplication des candidatures et les déclarations tonitruantes de certains protagonistes, ce sont les conditions du vote qui divisent. Luc Carvounas a décidé de réclamer «au plus vite une procédure de vote électronique», par peur d’un congrès entaché d’irrégularités. Le candidat va adresser ce vendredi une lettre à la haute autorité chargée d’organiser le congrès. «Je tenais à vous faire de ma très vive inquiétude quant aux conditions d’organisation de ce scrutin», écrit Luc Carvounas, qui observe que «les forces militantes vont manquer pour organiser la remontée des résultats» et que «feindre de l’ignorer constituerait une faute politique».

«La nouvelle direction élue devra s’appuyer sur un scrutin qui n’amène pas de contestation»

Luc Carvounas

Dès lors, l’organisation d’un scrutin en bonne et due forme ne serait pas assurée. La crainte d’un futur premier secrétaire affaibli par une réédition du congrès de Reims de 2008 en fait trembler plus d’un… Martine Aubry l’avait emporté face à Ségolène Royal, qui avait dénoncé des fraudes. Dix ans plus tard, un événement similaire serait le coup de grâce d’un parti déjà plongé dans le marasme. «La nouvelle direction élue devra s’appuyer sur un scrutin qui n’amène pas de contestation», plaide le député du Val-de-Marne qui défend un mode de scrutin «moderne et efficace».

A priori, la direction collégiale du PS exclut de donner raison à Luc Carvounas. Rachid Temal, le patron par intérim, préfère «faire confiance aux militants, qui feront convenablement leur travail». «Je rappelle qu’un vote dans une section, c’est comme un vote républicain. Il y a, à la fin, un procès-verbal. Évitons les débats qui n’ont pas lieu d’être. Ils ne nous rendent pas service», argue le sénateur. Le coût de la consultation interne – 200.000 euros pour chacun des deux tours selon le PS – aurait été avancé par la direction pour clore le débat. Ce qui a le don d’irriter Christophe Lantoine: «Qu’ils le disent tout de suite, s’ils veulent enterrer le PS!»

«Petite mafia»

Comme un avant-goût de l’élection du premier secrétaire, les militants socialistes étaient appelés aux urnes, jeudi soir, pour acter de nouvelles règles d’organisation du congrès. La Rue de Solferino ne s’attendait pas à plus d’une dizaine de milliers de votants. L’ancienne ministre Delphine Batho, dernière candidate déclarée, s’insurge contre une «consultation lunaire qui illustre les pratiques de la petite mafia que je dénonce». La députée fustige autant l’objet de la consultation (les restrictions qui doivent limiter le nombre de candidats et les sujets évoqués dans les motions) que la forme.

«Les militants n’ont pas reçu le texte sur lequel ils devaient voter, le bulletin de vote a été envoyé la veille. Mieux vaudrait en rire tellement c’est clownesque»

Delphine Batho

«Les militants n’ont pas reçu le texte sur lequel ils devaient voter, le bulletin de vote a été envoyé la veille. Mieux vaudrait en rire tellement c’est clownesque», confie-t-elle en doutant de «la sincérité du corps électoral». «Il n’y a aucun moyen de le vérifier», attaque l’élue qui dit se «tenir à la disposition des militants qui voudraient témoigner d’agissements litigieux». Alors que la justice a déjà retoqué une consultation organisée le 28 septembre dernier – la formulation des questions ne respectait pas les statuts du parti -, l’ancienne ministre ne s’interdit pas de saisir les tribunaux. «Vous verrez. Les militants peuvent compter sur moi», souffle-t-elle.