« La France ne doit pas renoncer à ses valeurs cardinales d’accueil et de tolérance »

Monsieur le Député, vous semblez vous inquiéter des mesures annoncées par le Gouvernement au sein du projet de loi « Asile, immigration et intégration » le 21 février dernier ?

LC : Je veux tout d’abord rappeler quelles sont nos belles Valeurs communes à Alfortville qui devraient servir à tous de boussole: notre ville s’est construite sur l’accueil, notamment avec nos amis Arméniens au début du siècle dernier ; nous sommes une ville populaire riche de ses 50 nationalités. Et en 2015, notre commune avait été l’une des toutes premières villes d’Île-de-France à se porter candidate pour accueillir des réfugiés. C’est notre ADN et notre fierté. Je ne peux donc que constater que le projet de loi du Gouvernement accentue la pression sur les personnes en situation de migration et limite leurs droits. Il n’apporte en outre aucune réponse sur les moyens de sécurisation des frontières pas plus que sur les filières d’immigration illégale. Après la circulaire COLLOMB du 12 décembre dernier,visant à « trier les migrants » dans les centres d’hébergement au mépris du travail des associations, il s’agit là d’un second texte dont la dureté a provoqué la colère de tous les professionnels du secteur.

Vous avez pu le constater concrètement sur le terrain ces dernières semaines ?

LC : En effet, j’ai pu moi-même mesurer cette colère en visitant le 25 janvier dernier le Centre d’accueil et d’orientation pour mineurs isolés de Pantin, ou encore en me rendant le 12 février au Centre de Rétention Administrative de Vincennes. Je suis allé également à Nice pour soutenir Martine LANDRY, militante d’Amnesty internationale, poursuivie pour son aide apportée à deux mineurs guinéens de 15 ans en situation de migration, qu’elle a épaulé lors de leur arrivée en France après leur long chemin de souffrance. Cette dame de 73 ans mérite-t-elle réellement 5 ans de prison comme le prévoit la Loi pour cela ? Je ne le pense pas. Le délibéré du jugement a d’ailleurs été renvoyé par la Procureure au -ri avril prochain ;je reste donc en alerte et extrême-ment vigilant quant à la décision qui sera prise par la Justice.

Que préconisez-vous ?

LC : J’appelle donc clairement et avec force à abolir le délit de solidarité. La question migratoire est aussi une question européenne et internationale. C’est pourquoi je propose qu’elle soit rattachée au niveau du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et non plus au Ministère de l’Intérieur, comme je propose d’établir au niveau européen une doctrine commune d’interventionnisme humanitaire. Par ailleurs, nous ne pourrons pas nous exonérer d’une réflexion pour relancer l’Union de la Méditerranée. Enfin, je veux exprimer à nouveau ma colère face aux récents propos d’Emmanuel MACRON devant la presse présidentielle, qui a justifié l’échec de sa promesse de « zéro personne dans la rue fin 2017 » par l’afflux de personnes en situation de migration. La stratégie du « nouveau monde » quand il ne parvient pas à ses fins et donc celle du bouc-émissaire.C’est de courage politique dont nous avons besoin, pas de la démagogie du repli sur soi. La France ne doit pas renoncer à ses Valeurs cardinales d’accueil et de tolérance.