“Suppression” de la taxe d’habitation : qui paiera la facture ?

Le Gouvernement a décidé la suppression de la Taxe d’habitation en décembre dernier. Pourquoi n’avez-vous pas voté en faveur de cette suppression au parlement ?

Je n’ai pas voté la loi de finances injuste que le gouvernement a imposée aux Français dès qu’il a été élu. Après avoir supprimé l’ISF et mis en place un prélèvement forfaitaire pour faire un cadeau de 4400 euros par jour aux 100 familles les plus riches de France, le gouvernement a augmenté de 300 euros en moyenne la CSG des retraités et a imposé des taxes sur les carburants qui pénalisent les plus pauvres.

Les Alfortvillais me parlent tous les jours des atteintes du gouvernement à leur pouvoir d’achat. Pour ce qui est de la suppression de la taxe d’habitation, en revanche, s’ils en entendent parler depuis plus d’un an, ils n’en n’ont toujours pas vu la couleur.

Oui mais c’était une bonne chose de la supprimer, non ?

La Taxe d’habitation est la principale ressource fiscale des communes. C’est l’impôt supporté par les Alfortvillais pour financer nos services publics locaux, payer nos agents qui travaillent aux espaces verts, au service des sports, auprès du secteur associatif, ou qui assurent la sécurité quotidienne de nos habitants. C’est ce qui nous permet de verser des subventions aux associations ou d’organiser des événements qui profitent à tous comme le repas des séniors ou le bal du 14 juillet.

A Alfortville comme partout, elle représente un tiers du budget de fonctionnement de la commune. En 5 années, lorsque j’étais Maire d’Alfortville nous ne l’avons jamais augmentée.

Mais contrairement à ce que j’ai pu entendre jusqu’à présent, le gouvernement n’a pas supprimé la taxe d’habitation. Il l’a maintenue tout en exonérant une partie des Français à partir d’octobre 2018.

Sans taxe d’habitation, les villes n’auront bientôt plus la possibilité de réaliser des projets collectifs ou tout simplement de faire vivre la ville au quotidien.

Il ne fallait pas la supprimer, selon vous ?

Le constat de départ est le bon : la taxe d’habitation est un impôt injuste qui touche paradoxalement plus les habitants vivant en banlieue que les Parisiens. Mais les mesures de dégrèvement existent déjà, notamment pour les personnes disposant de faibles ressources.  Ainsi en2017, 11 % des Alfortvillais ne la payaient déjà pas. Donc quand le gouvernement parlait d’un cadeau fait à 80% de Français, c’était déjà un gros mensonge puisque nous n’avions pas attendu pour exonérer les Français les moins fortunés de cet impôt.

Le gouvernement a pris une décision qui va vite s’avérer tout aussi injuste et qui fera prendre un risque financier aux villes.

Au départ il ne voulait la supprimer que pour 80% des Français, mais le conseil constitutionnel lui a très justement rappelé que la maintenir pour seulement  20% de Français était illégal. Du coup le voilà obligé de l’étendre à tous même aux Français les plus aisés pour tenir une promesse de campagne griffonnée à la hâte. Demain même les députés ne la paieront plus, est-ce normal ?

Mais le plus grave, c’est que le gouvernement n’a absolument pas prévu comment financer les 26 milliards d’euros par an que coûte la suppression totale de la taxe d’habitation. Dès lors, il faut s’attendre à de nouveaux impôts dans les prochains temps. Ca a déjà commencé avec le maintien de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. Mais il réfléchit aussi à créer une « super » taxe foncière qui frappera aussi les petits propriétaires.

Je ne pense pas que c’est ce qu’Emmanuel Macron avait promis aux Français.06