Le « nouveau monde » d’Emmanuel Macron a réussi l’exploit de défaire en 24h ce que des décennies de lutte avaient arraché. La SNCF a été rendue privatisable, la politique de logement social a été démantelée, et une partie du patrimoine des Français a été mise sur le marché (ADP, FDJ, et Engie).

Depuis la réunion hier de la commission mixte paritaire du Sénat et de l’Assemblée nationale, les masques sont tombés : La République en Marche s’est alliée aux Républicains pour casser définitivement l’entreprise publique qu’est la SNCF. Si quelques avancées, notamment la reprise de la dette de la SNCF, peuvent être saluées, le texte adopté est loin d’être satisfaisant.

La SNCF est désormais une « société anonyme à capitaux publics », et l’incessibilité de ses parts, qui ne tient qu’à l’acharnement de la Gauche au Parlement, n’offre qu’une fragile protection contre les éventuelles velléités de privatisation. Les cheminots, quant à eux, seront recrutés au contrat, et non plus au statut, ce qui réduira à terme leur professionnalisation, et donc la sécurité des usagers. Enfin, rien n’a été fait, ou même envisagé pour aider les territoires en déficit de services ferroviaires, qui se trouvent parfois géographiquement exclu, faute de transports.

Alors qu’Emmanuel Macron et Edouard Philippe veulent faire croire aux français que c’est l’Union Européenne qui imposait la casse de la SNCF, la vérité est bien plus pragmatique : ce gouvernement a tout simplement choisi de préparer la vente à terme d’une de nos plus belles entreprises publiques comme il le fait depuis hier avec ADP ou Engie, ou encore la FDJ. En effet, le gouvernement, en suivant à la lettre les recommandations de Bruxelles, était en mesure de négocier un plan d’investissement ferroviaire européen, qui aurait pu garantir la pérennité de la SNCF et le développement des petites lignes. Mais il ne l’a pas fait.

Les groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat ont résisté jusqu’au bout à la politique du pire, tout en étant force de propositions, afin de protéger l’Etat dans ses missions de service public, et les Français.

Les quelques concessions faites par le gouvernement ne sont pas à mettre au compte d’une hypothétique fibre sociale, qui sommeillerait dans l’esprit de messieurs Macron et Philippe, mais sont le fruit de l’action des acteurs syndicaux, qui ont su rester fermes et unis face aux coups de boutoir du gouvernement contre les acquis sociaux et les missions de bien commun rendues par la SNCF.

Ces derniers mois, j’ai pu rencontrer des membres représentatifs de la La CGT des Cheminots dans le Val-de-Marne qui m’ont démontré que la privatisation était déjà à l’œuvre, notamment en ce qui concerne les services de maintenance des trains qui font déjà l’objet de toutes les convoitises…

Le modèle social français, comme l’augure le sort réservé à la politique sociale mise en place par les gouvernements de gauche, est en cause. La nouvelle République avance à marche forcée sur tous ce qui pourrait lui faire obstacle : les acteurs locaux, les syndicats et bientôt le Parlement ! Nous ne laisserons pas faire.

Source : Facebook