« Bonjour, vous allez bien ? Ça va, pas trop dur ? Il fait encore nuit là… » Benoît Hamon a décidé de parler à la France qui se lève tôt. Mercredi matin, le candidat à la présidentielle s’est rendu à Alfortville, pour rencontrer les exposants du marché installé dans le centre-ville.

La semaine dernière, il avait rendu visite, durant la nuit du 7 février, à des ouvriers qui travaillaient sur un chantier dans le métro parisien. Le voici qui arpente dans la buée du petit matin les allées du marché couvert de cette ville du Val-de-Marne, dirigée par le socialiste proche de Manuel Valls, le sénateur Luc Carvounas, qui a rejoint l’équipe Hamon et qui l’accompagne pour l’occasion.

Il est moins de 7 heures et pendant une petite demi-heure, Benoît Hamon slalome entre les étals de fruits et légumes et les stands de poissons et de viandes. « Je suis venu vous voir tôt. Vous êtes levé depuis quelle heure ? Ça va, vous tenez le coup ? », lance-t-il aux maraîchers qu’il croise. A chacun, les mêmes questions : « Vous avez des enfants ? Comment vous organisez-vous pour leur garde le matin ? Vous travaillez le week-end aussi ? » Entre deux cageots à déballer, tous ses interlocuteurs lui donnent les mêmes réponses : ils font « comme ils peuvent », ils « s’organisent ». « On gère comme on peut, le travail, la vie de famille, les horaires… On fait avec », lui confie une commerçante, levée depuis 3 heures du matin et qui est passée par les hangars de Rungis avant de débarquer sous la halle couverte d’Alfortville.

« Je veux montrer l’envers du décor »

Les mains se réchauffant autour d’un thé sucré, le teint mâché et les yeux encore rouges de sa nuit courte, Benoît Hamon explique qu’il veut « parler à tous les Français qui travaillent avec des horaires compliqués, qui doivent jongler pour concilier vie professionnelle et vie familiale ». « La France ne s’arrête jamais de vivre, je veux montrer l’envers du décor, tous ces invisibles qui ont parfois le sentiment de ne pas être entendus dans le débat public », précise-t-il.

L’occasion pour le candidat socialiste d’insister sur certaines de ses propositions, comme un « statut social de l’actif plus simple » censé remplacer le RSI pour les commerçants et les artisans. Ou une « meilleure organisation du service public de la petite enfance » pour « répondre à toutes les familles et à tous les travailleurs qui bossent avec des horaires décalés ». Et bien sûr, son fameux revenu universel d’existence destiné à « organiser différemment son temps de vie personnel et sa vie professionnelle ».

Mais le moyen, surtout, pour le candidat de renouer avec des fondamentaux de la gauche, comme le travail. Une nécessité pour Benoît Hamon qui a été critiqué par ses concurrents de la primaire de janvier comme un doux rêveur qui entend surtout réduire encore le temps de
travail. « Vous nous aidez à déballer, M. Hamon ? », lui lance un boucher qui dispose ses viandes sous ses vitres réfrigérées. « Heu… je ne suis pas sûr que je sois le meilleur pour ça », lui répond l’ancien ministre de l’éducation nationale, dans un grand sourire avant de partir.

Source : Le Monde