Le soir même de l’annonce de candidature du socialiste Claude Bartolone aux régionales en Ile-de-France, mercredi 6 mai, ont fleuri sur Twitter comptes et messages de soutien, affublés du mot-clé « #AvecBarto ». Si le moment choisi par le président de l’Assemblée nationale pour se déclarer a surpris tout le monde, cela faisait déjà des mois que l’idée trottait dans la tête de nombreux socialistes franciliens qui, visiblement, n’attendaient que cela.

Pourtant, si tous agissent désormais comme si le match avait démarré face à la tête de liste investie par l’UMP, Valérie Pécresse, la campagne socialiste n’est toujours pas officiellement lancée. Malgré le retrait de la course des deux principaux candidats PS, le président sortant de la région, Jean-Paul Huchon, et sa première vice-présidente, Marie-Pierre de La Gontrie, M. Bartolone doit encore être formellement investi par les militants, jeudi 28 mai.

En attendant, il affiche déjà sa volonté de « rassemblement » et tiendra, mercredi 20 mai soir, une réunion générale entre responsables socialistes locaux, sans oublier personne. Maires, parlementaires, conseillers régionaux et départementaux socialistes d’Ile-de-France sont conviés, à l’invitation commune du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, ainsi que de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de M. Huchon et Mme de La Gontrie.

« L’idée est d’avoir un premier échange, commencer à avancer sur les grands principes », explique Luc Carvounas, sénateur socialiste du Val-de-Marne, nommé directeur de campagne, qui appelle à « rassembler la famille et les Franciliens ». On ne change pas un slogan qui marche et, deux mois après avoir réussi à maintenir la Seine-Saint-Denis aux mains du PS en faisant l’union à gauche, le mot d’ordre de la nouvelle bataille électorale reste le même : rassemblement.

Double casquette

A en croire M. Carvounas, l’équipe de campagne en sera le reflet, à commencer d’ailleurs par sa propre nomination comme directeur de campagne, lui qui est un proche de Manuel Valls.

« Je veux une organisation qui soit dans les additions, avec toutes les grandes personnalités d’Ile-de-France. Claude Bartolone n’imagine pas un instant fermer la porte à quelqu’un »,

prévient-il. Mais un autre proche tempère :

« Claude ne va pas faire le casque bleu en chef qui recolle les morceaux ; il prendra les meilleurs d’entre tous là où ils seront utiles. »

Quant à rassembler au-delà du PS, l’alliance pourrait se faire avec une partie des communistes ainsi qu’avec les écologistes, mais au second tour seulement, les militants d’Europe-Ecologie-Les-Verts ayant désigné leur secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse, comme tête de liste pour la région. Restera ensuite à régler les questions de logistique – comme celle de trouver un local de campagne, probablement à Paris –, avant de se lancer pour de bon, dès la rentrée.

C’est à partir de ce moment que la question de la double casquette (président de l’Assemblée et candidat aux régionales) commencera réellement à poser problème : M. Bartolone a déjà prévu de se déporter de sa fonction institutionnelle et de s’appuyer sur ses vice-présidents au début de la session ordinaire d’octobre. « Enfin, ceux qui ne sont pas candidats… », précise son entourage, rappelant que l’un d’eux, le député UMP Marc Le Fur, sera tête de liste en Bretagne. D’ici là, les proches de M. Bartolone assurent que toute polémique sur le sujet serait un « procès d’intention qui n’existe pas ».

Député jusqu’en 2017

Sur Twitter, ces derniers se démènent pour relayer leurs arguments, pointant l’« utilisation abusive » du papier à en-tête de l’Assemblée par Valérie Pécresse, députée des Yvelines, ou ressortant un article de presse faisant état de la fonction de « président du comité de soutien de Valérie Pécresse » du président du Sénat, Gérard Larcher.

A l’Assemblée, même si certains membres du cabinet du président passent plus de temps à parler de la région que du Palais-Bourbon aux journalistes, la polémique est pour le moment contenue. Entre autres, le prédécesseur de M. Bartolone à la présidence, l’UMP Bernard Accoyer, garde sa réserve sur le sujet, lui-même ayant été candidat aux municipales en 2008. « Mais ce n’est pas du tout une élection de même ampleur », insiste l’un de ses collaborateurs, ajoutant que « tout visiteur de la région que recevra M. Bartolone en tant que président de l’Assemblée sera un électeur francilien potentiel ».

En réponse, l’entourage de Claude Bartolone assure que celui-ci sera d’une « extrême prudence ». D’ores et déjà, son directeur de cabinet invite à surveiller l’agenda du président et assure que des rendez-vous qui pouvaient présenter un potentiel conflit d’intérêts ont déjà été annulés, comme la présence de M. Bartolone à la pose de la première pierre du prolongement d’une ligne de métro, début juin.

Enfin, au terme de la campagne, le député de Seine-Saint-Denis a prévenu que, s’il était battu, il « demandera[it] aux députés PS ce qu’ils veulent qu’[il] fasse ». S’il gagne, il quittera son mandat, mais celui de président seulement, et restera député jusqu’en 2017 : pas question de s’appliquer le non-cumul avant l’heure officielle.

via lemonde.fr