DILEMME D’autres, comme Martine Aubry, poussent Emmanuel Maurel, leader de l’aile gauche, à prendre la tête de liste en 2019
C’est un énorme pavé dans le petit marigot socialiste. Alors que les listes du PS aux élections européennes avaient jusqu’ici toujours été tirées par l’un des leurs, Luc Carvounas, ex-candidat à la direction du parti, propose de renverser la table. Sa formation éprouvant les pires difficultés à dénicher une tête de liste en son sein et ne s’inscrivant pas dans une stratégie d’union de la gauche, le député du Val-de-Marne se prononce pour « une liste commune aux européennes, allant du PS aux écologistes, en passant par le parti de Benoît Hamon et le Parti communiste », comme il le confie au JDD (lire son interview sur le JDD. fr). La tête de liste pourrait même être… l’écologiste Yannick Jadot. L’idée est pour le moins osée, mais Carvounas l’assume : «Je lance un appel solennel à Olivier Faure, mais aussi à Yannick Jadot, à Benoît Hamon, à Ian Brossat : si nous sommes d’accord sur l’essentiel, unissons-nous pour mener ce combat historique, ce combat de la dernière chance. » Si la gauche « pro-européenne et écologiste tombe dans la maladie de la division, alors nous pouvons tous disparaître », alerte-t-il. Qui pour tirer cette liste ? « Cette gauche arc-en-ciel est composée de talents, Jadot en est un. »
«Je n’exclus rien » Sera-t-il entendu au PS et au-delà? Ces derniers temps, au parti, c’est un autre nom qui revient avec insistance pour conduire la liste socialiste en 2019 : celui d’Emmanuel Maurel, lui aussi candidat malheureux au dernier congrès. Une idée notamment évoquée avec la maire de Lille, Martine Aubry : « Martine m’en a parlé à la fin de l’été », reconnaît Maurel sans vouloir en dire plus. « C’est une idée des aubrystes, confirme un dirigeant du parti qui n’y croit guère. Olivier Faure sait qu’il n’y a pas de majorité au PS pour cette option. » Quand bien même on lui pro-poserait cet honneur, Maurel, qui représente l’aile gauche du parti, traditionnellement minoritaire, hésite : «À ce stade, je n’exclus rien, je me bats. » Il ajoute : «Ma seule position est d’infléchir sérieusement la ligne du PS, qui ne s’en sortira pas sans une rupture avec la ligne social-démocrate. » A-t-il parlé de ce scénario avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure? « Nous nous sommes longuement vus la semaine dernière, nous avons parlé de tout », dit-il. L’option Maurel éviterait qu’il ne quitte le PS avec ses troupes pour venir gonfler les voiles de Mélenchon. « Si nous quittons le PS, nous formerions un nouveau parti qui travaillerait en bonne intelligence avec le parti de Mélenchon », explique la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, proche de Maurel. Son idée n’est pas de se fondre dans La France insoumise mais de s’allier avec le Mouvement républicain et citoyen (MRC), dont la figure tutélaire reste Jean-Pierre Chevènement. Le bureau national du PS, mardi, s’annonce explosif •
ARTHUR NAZARET

Source : Le Journal du Dimanche du 16/09/2018