Dans une interview au JDD, Luc Carvounas lance un “appel solennel” pour une liste commune à la gauche, sans les Insoumis, en vue des européennes de mai 2019. Le député socialiste met en garde : si la division règne au printemps prochain, “nous pouvons tous disparaître”.

Luc Carvounas, député socialiste et ancien candidat au poste de premier secrétaire du PS lance “un appel solennel” pour une union de “la gauche arc-en-ciel”. “Je suis pour une liste commune aux européennes, allant du PS aux écologistes, en passant par le parti de Benoit Hamon et le Parti communiste”. Il sonne l’alerte : “Ensemble, nous pouvons faire avancer nos idées. La présentielle fut pour nous un moment de sidération. Aujourd’hui, nous avons le choix entre la disparition et la résurrection”. Pour une éventuelle tête de liste, il ne cite qu’un nom et indique donc, en creux, sa préférence : “La gauche arc-en-ciel est composée de talents, Yannick Jadot en est un.”

Cette main tendue ne va pas jusqu’à la France Insoumise. “Allons-nous, sans réagir, nous laisser broyer par les libéraux, tendance Macron et par les nationalistes, tendance Mélenchon pour la gauche populiste et souverainiste, ou tendance Marine le Pen pour l’extrême droite? L’heure est au sursaut”.

Les derniers sondages pour les Européennes sont catastrophiques pour les partis de gauche, hors France Insoumise. Qu’en pensez-vous?
Ils ne m’ont pas échappé. Nous sommes à huit mois d’un rendez-vous historique pour la gauche pro-européenne et écologiste. Allons-nous, sans réagir, nous laisser broyer par les libéraux, tendance Macron et par les nationalistes, tendance Mélenchon pour la gauche populiste et souverainiste, ou tendance Marine le Pen pour l’extrême droite? L’heure est au sursaut.

Jean-Luc Mélenchon cherche à rassembler tous les populismes de notre échiquier politique

Pourquoi ne tendez-vous pas la main jusqu’à la France Insoumise?
Jean-Luc Mélenchon veut casser le clivage gauche-droite. Il assume une gauche souverainiste et populiste. Lui-même dit qu’il n’est plus de gauche et s’adresse au peuple directement. Je le crois sincère. Par ailleurs, il n’est pas interdit d’avoir de la mémoire. Au deuxième tour de la présidentielle, au moment où il a fallu choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le tribun avait perdu sa voix. Il n’a pas su dire pour qui voter. Est-ce un hasard? Je ne le crois pas car il cherche à rassembler tous les populismes de notre échiquier politique. Personne n’est dupe.

Dans votre gauche, les candidatures se multiplient. Les écologistes avec Yannick Jadot, les communistes avec Ian Brossat… Sans compter le PS qui entend y aller sous ses propres couleurs et Génération.s qui poussera très probablement la candidature de Benoît Hamon. Comment faire?
Il faut reprendre le fil du dialogue, se mettre d’accord sur le fond, sur des propositions clefs. Il y a aujourd’hui trois urgences. L’urgence démocratique, d’abord. Faut-il rappeler les graves dysfonctionnements de notre système cet été au moment de l’affaire Benalla, qui n’est d’ailleurs toujours pas terminée? La deuxième urgence est l’urgence écologique. L’indispensable transition écologique doit irriguer toutes nos politiques. Enfin, la troisième urgence : celle économique et sociale. L’Europe ne peut plus se contenter d’être un grand marché dirigé par des ronds de cuir, dans un consensus mou avec comme principal objectif que rien ne se passe, que rien ne vienne remettre en cause la doxa libérale. Il faut donc renégocier les traités. Aller vers le juste-échange, en finir avec le libre-échange. Pour cela, il faut harmoniser les règles fiscales et avancer, par exemple, vers la mise en place d’un smic européen.

Si nous sommes d’accord sur l’essentiel, unissons-nous pour mener ce combat historique, ce combat de la dernière chance

Vous êtes donc pour une nouvelle série de tables rondes, qui à gauche, ne débouchent jamais sur rien?
Non, j’avance des actes, des propositions. Je suis pour construire cette gauche arc-en-ciel, cette gauche écologiste, humaniste, pro-européenne, cette gauche du progrès, cette gauche qui va, aujourd’hui, bien au-delà du PS. Pouvons-nous nous mettre d’accord sur les trois urgences que j’ai évoquées? Je l’espère, je le crois. Et surtout j’alerte : si cette gauche tombe dans la maladie de la division alors nous pouvons tous disparaître. Nous pouvons être balayés aux prochaines européennes et n’avoir aucun élu au Parlement européen. Notre division serait un cadeau inespéré pour les libéraux et les nationalistes. C’est pourquoi, je lance un appel solennel à notre premier secrétaire Olivier Faure mais aussi à Yannick Jadot, à Benoît Hamon, à Ian Brossat : si nous sommes d’accord sur l’essentiel, unissons-nous pour mener ce combat historique, ce combat de la dernière chance. Relevons ensemble notre drapeau.

Vous êtes pour une liste commune aux Européennes?
Oui, ensemble, nous pouvons faire avancer nos idées et avoir un beau résultat. La présidentielle fut pour nous un moment de sidération. Aujourd’hui, nous avons le choix entre la disparition et la résurrection. Pour ma part, j’ai choisi.

Et bien sûr ce doit être un socialiste qui tirera cette liste d’union?
A partir du moment où nous sommes ensemble, le peuple de gauche nous fera confiance à nouveau et il sera représenté au parlement européen. Les questions de casting sont pour moi secondaires, vous l’aurez compris. La gauche arc-en-ciel est composée de talents, Yannick Jadot en est un.