Le député socialiste du Val-de-Marne note «une inflexion» de Jean-Luc Mélenchon mais estime que le PS «n’a pas intérêt à se faire courtiser par LFI».

LE FIGARO. – Observez-vous un changement d’attitude de Jean-Luc Mélenchon à l’égard des socialistes? 

Luc CARVOUNAS.- Je note chez lui une sorte d’inflexion à notre égard. Il est moins dans la radicalité. Il est vrai que de nombreux sujets peuvent nous rassembler, comme la démocratie. On l’a vu lors de la motion de censure ou face à la loi asile et immigration. J’attends de Jean-Luc Mélenchon qu’il soit dans cette posture de rassemblement de la gauche plutôt que de chercher à nous laminer, en bon lambertiste qui voudrait la mort du PS. Mais dans le même temps, je pense que les socialistes n’ont pas intérêt à se faire courtiser par les Insoumis. Nous le sommes déjà par La République en marche, qui cherche à faire tomber dans son escarcelle certains de nos maires. Face à la politique d’Emmanuel Macron, notre histoire peut être commune mais il faut arrêter cette guerre intestine, mortifère pour la gauche. On a plus intérêt à trouver des points de convergence qu’à chercher à se contrer.

Vous êtes pour le dialogue avec les Insoumis mais eux veulent avant tout être hégémoniques à gauche. Quelle ligne rouge ne doivent-ils pas dépasser? 

Hégémoniques ? Mais par rapport à qui et à quoi ? La gauche rassemblée, c’est 35 % en tout dans les sondages. LFI ne compte que 17 parlementaires, nous 120 et des dizaines de villes! Le rapport de force parle pour nous, mais je le répète: les comportements hégémoniques sont d’un autre temps. Quant à ma ligne rouge, elle est simple: vouloir faire tomber des maires de gauche sortants en 2020. J’appelle Jean-Luc Mélenchon à discuter avec eux et à trouver le chemin de listes communes. C’est ce qu’attend le peuple de gauche face à Macron et sa politique de casse de notre modèle social. êtes pour le dialogue avec les Insoumis mais eux veulent avant tout être hégémoniques à gauche. Quelle ligne rouge ne doivent-ils pas dépasser?

Emmanuel Maurel recevra Jean-Luc Mélenchon lors de la rentrée de son mouvement, les 7 et 8 septembre. Doit-il être vigilant? 

Le débauchage individuel, on a déjà connu ça avec Emmanuel Macron lors de la précédente législature. À Emmanuel Maurel de juger de l’intérêt de recevoir Jean-Luc Mélenchon, mais s’il voulait se faire vampiriser médiatiquement son week-end, il ne pouvait pas mieux faire.

Le lancement de votre club, le 29 septembre, est-il un acte de défiance à Olivier Faure?

Il est invité. J’ai de l’énergie à revendre et je veux travailler sur le fond pour redéfinir la gauche. Je ne ferai rien qui nuise au PS. Quand on voit ceux qui ont tourné le dos à leurs valeurs, on ne peut pas m’accuser de ne pas être dans les clous de ma famille politique.

Source : Le Figaro