« Pour la deuxième fois du quinquennat, le Président de la République s’est livré à un exercice d’autosatisfaction devant des parlementaires mis dans l’incapacité de lui répondre en sa présence.

Pourtant j’aurais aimé qu’il nous entende et qu’à travers nous, il entende ce que les Français nous crient: aucun mot, aucune phrase prononcés aujourd’hui  ne leur fera oublier que la France est devenue beaucoup moins juste depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence.

Sur bien des points, le Président de la République s’est contenté de livrer un vague diagnostic sans proposer aucune autre solution que la réussite à laquelle chaque Français est désormais prié de parvenir par ses propres moyens.

C’est une France des premiers de cordée qu’Emmanuel Macron a esquissée devant les parlementaires alors que c’est la France de tous les autres que les députés du Groupe Nouvelle Gauche étaient venus représenter aujourd’hui.

Dans son discours devant le  parlement réuni en congrès, le Président a surtout définitivement enterré tout espoir d’une inflexion sociale de ce quinquennat.

Il l’a fait sous les applaudissements fervents et inappropriés des députés de  La République En Marche qui eux non plus n’entendent manifestement plus tous les Français.  Nous nous sommes rendus au Palais pour réunir le Congrès. J’ai eu trop souvent le sentiment de me retrouver au palais des congrès.

Ainsi, Emmanuel Macron nous a-t-il dit souhaiter une réorientation vers nos entreprises des 4.5 milliards d’euros de cadeaux qu’il a consentis aux plus riches en 2017. Mais il ne dit rien des moyens qu’il compte mettre en œuvre pour y parvenir. Et pour cause : il n’y avait tout simplement pas pensé jusqu’alors.

Le président juge sérieusement qu’il n’y aurait pas pour les Français, une « inégalité de revenus » mais une « inégalité de destins » ; en plus d’être malheureuse, cette expression masque la réalité de la France : les inégalités de patrimoine ont explosé dans notre pays et elles ne cessent de se creuser.

S’il avait fait comme il l’a dit, des inégalités de naissance sa priorité, comment peut-il justifier l’attaque en règle menée par sa majorité contre la fonction publique qui garantit l’égal accès de tous à l’emploi public et permet justement de lutter contre les inégalités de naissance ?

Dans le même temps son gouvernement préconise désormais la suppression de 20 000 postes dans les administrations fiscales et douanières qui luttent en première ligne pour récupérer les presque 100 milliards d’’euros d’évasion fiscale qui manquent aux caisses de l’Etat chaque année.

Le Président souhaite à juste titre mettre l’école au centre de sa profonde transformation de la société française : Nous aussi. Mais il n’apporte aucune réponse au scandale des 750 postes d’enseignants  qui ne seront pas pourvus dès 2018 faute d’une juste rémunération dans les académies de Créteil et de Versailles.

Il souhaite réconcilier le progrès économique et le progrès social, mais oublie que c’est justement notre modèle social qui permet ce mariage qui n’a rien de naturel. Ce modèle social qu’il déconstruit méticuleusement depuis son accession.

Aujourd’hui le Président de la République nous a  annoncé rien de moins que la fin de notre système de retraites, des retraites qui ne sont selon lui « plus un droit ouvert à celles et ceux qui ont cotisé toute leur vie » !

Tout comme le chômage que la France ne serait plus « en mesure de garantir à chaque Français qui aurait cotisé ».

Et que dire des pensions de réversion amenées à être réduites demain et disparaître après-demain ?   

Cette année encore, le président de la République n’aura pas pris la peine de nous entendre. Nous espérons au moins qu’il prendra la peine de nous lire. »