Aujourd’hui, je me suis déplacé à Nice pour soutenir Martine LANDRY, militante d’Amnesty internationale, poursuivie pour son aide apportée à deux jeunes mineurs ; j’appelle à nouveau comme Député à abolir le délit de solidarité.

La quarantaine passée, je suis un responsable politique libre et libéré. Libre dans mon expression, libéré de toute forme de réserve sur mes convictions profondes, j’assume avec force de dire que la France n’est pas à la hauteur de son Histoire et de ses Valeurs au sujet de l’accueil des personnes en situation de migrations.

Cette Histoire je la connais, puisque c’est aussi celle de ma famille ; celle de mes grands-parents paternels, des grecs venus de Turquie, pour trouver une vie meilleure en France ; eux qui ont inculqué à mon père à leurs petits-enfants l’amour de la France, la nécessité de travailler avec acharnement, la tolérance envers toutes et tous et notamment ceux qui souffrent le plus. Voilà les Valeurs dont j’ai hérité de ma famille ; voilà des Valeurs qui parlent aujourd’hui à toutes les personnes en situation de migration qui souhaitent, juste, s’en sortir et vivre dignement.

« Migrants » ? Commençons par ne plus employer ce terme déshumanisant, et parlons de « personne en situation de migration ». Car nous savons qu’en la matière, la bataille culturelle est essentielle. Et je veux rappeler que ces femmes, ces hommes, ces enfants ne sont pas des statistiques froides, mais des familles qui souffrent et qui se battent.

Les étrangers viennent en France parce qu’ils y voient tous des choses très différentes. Pour certains, c’est le sanctuaire de la liberté, pour d’autres c’est un havre de paix pour fuir les folies meurtrières, pour d’autres encore c’est un refuge politique. Demain ce sont les réfugiés climatiques qui frapperont aux portes de la France et de l’Europe. La France c’est pour chacun, la liberté politique, intellectuelle, artistique, de mœurs, la liberté de gagner sa vie, de mener une nouvelle existence, d’atteindre au bonheur. Ces réfugiés nous envoient donc un formidable message sur notre pays : tolérance, accueil, richesse partagée

Certains parlent de « migrants économiques ». Cela nous renvoie à mon sens à une image d’égoïsme. Nous souhaiterions vivre “bien”, mais juste entre nous ? Cette idée là, ce n’est pas la France.

Sur le traitement de la question migratoire, la responsabilité est bien sûr européenne. Comme le rappelait récemment William LACY SWING, le Directeur général de l’Organisation Internationale pour les Migrations, le manque d’unité des européens est « davantage responsable de la situation d’urgence migratoire » en Europe « que le nombre d’arrivées » ; et de poursuivre en précisant qu’« en 2015 et 2016, 1,5 millions de personnes ont migré vers l’Europe. Cela représente moins de 1,5% de la population européenne. Ces chiffres auraient pu être tout à fait gérables. ».

C’est dans ce contexte que le Gouvernement va présenter le 21 février son Projet de Loi Asile et Immigration. D’une manière générale, il accentue la pression sur les personnes en situation de migration et limite leurs droits. Il n’apporte en outre aucune réponse sur les moyens de sécurisation des frontières pas plus que sur les filières d’immigration illégale. Et après la circulaire COLLOMB du 12 décembre dernier, il s’agit là d’un second texte dont la dureté a provoqué la colère de tous les professionnels du secteur.

J’ai pu moi-même mesurer cette colère en visitant le 25 janvier dernier le Centre d’accueil et d’orientation pour mineurs isolés de Pantin, ou encore en me rendant le 12 février au Centre de Rétention Administrative de Vincennes.

Pour toutes ces raisons, je suis présent aujourd’hui à Nice pour soutenir Martine LANDRY, militante d’Amnesty internationale, poursuivie pour son aide apportée à deux mineurs guinéens de 15 ans en situation de migration, qu’elle a épaulé lors de leur arrivée en France après leur long chemin de souffrance.

Cette dame de 73 ans mérite-t-elle réellement 5 ans de prison comme le prévoit la Loi pour cela ? Je ne le pense pas. Le délibéré du jugement a d’ailleurs été renvoyé par la Procureure au 11 avril prochain ; je reste donc en alerte et extrêmement vigilant quant à la décision qui sera prise par la Justice.

En tout état de cause, la loi devra s’adapter à ces associations et leurs bénévoles qui ne sont pas des passeurs, mais cherchent juste à venir en aide à des personnes démunies.

Je veux aussi juste rappeler qu’au regard de la vulnérabilité de ces deux jeunes, la législation Française nous oblige : c’est la protection de l’enfance. Et elle ne doit avoir ni couleur, ni origine, ni frontière ! Un enfant est un enfant !

J’appelle donc clairement et avec force à abolir le délit de solidarité.

Je soutiens la démarche législative de mon amie Marie-Pierre de la GONTRIE au Sénat, et je souhaite vivement que nous portions, au sein de notre Groupe Nouvelle Gauche, la même proposition à l’Assemblée Nationale.

La question migratoire est une question européenne et internationale. C’est pourquoi je propose que cette question soit rattachée au niveau du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et non plus au Ministère de l’Intérieur.

C’est dans cet esprit que je propose d’établir au niveau européen une doctrine commune d’interventionnisme humanitaire, comme nous ne pourrons pas aussi nous exonérer d’une réflexion pour relancer l’Union de la Méditerranée.

Enfin, je veux exprimer à nouveau ma colère face aux propos d’Emmanuel MACRON hier soir, devant la presse présidentielle, qui a justifié l’échec de sa promesse de « zéro personne dans la rue fin 2017 » par l’afflux de personnes en situation de migration. La stratégie du « nouveau monde » quand il ne parvient pas à ses fins et donc celle du bouc-émissaire.

Sur la question migratoire, il faut du courage politique pour que la France retrouve ses Valeurs cardinales d’accueil et de tolérance.