Ces Franciliens nous ont fait du bien

Bénévoles, responsables associatifs, ou encore simples anonymes… Rencontre avec ceux qui aident, accompagnent, s’engagent et rendent le quotidien plus léger.

Nordine et son jardin merveilleux

ALFORTVILLE

Vous cherchez Nordine Terranti ? Une seule adresse : le jardin partagé Rosa-Parks à Alfortville. Un « laboratoire » où se croisent des pieds de tomates, des écoliers qui reproduisent des oeuvres d’art, des musiciens jazzy… Et au milieu, ce père de famille de 54 ans, gardien d’immeuble, des idées plein la tête, entouré de bénévoles. Il font vivre ce « lieu d’apprentissage, de cohésion, de rencontre entre générations ». C’est en 2009, qu’il reprend l’idée d’une amie, d’aménager avec l’association Socialidaire ce jardin au pied des tours de Toulon où il a grandi. « C’était un lieu en friche. Il fallait faire quelque chose. » Mais à part « planter quelques tulipes », Nordine n’avait pas la main verte. « On apprend, sourit-il. On apprend aussi, la patience, le temps, l’échec. » Après trois ans, à voir toutes les familles se presser à chaque événement, c’est plutôt une réussite.

 

Malik, la bonne fée des migrants

SARCELLES

En octobre et novembre, Sarcelles a lancé un vaste mouvement de solidarité avec les migrants. Des quartiers de la ville se sont lancé les uns aux autres le défi de préparer des repas et de les distribuer à ceux qui dormaient dehors à Paris. Filmées et diffusées sur Facebook, ces distributions ont fait boule de neige dans toute la France. Celui qui a donné l’impulsion, c’est Malik Diallo, un habitant de 27 ans du quartier des Vignes- Blanches. « Un jour, à Paris, j’ai vu une femme seule avec son enfant. Ils étaient sous la pluie et tout le monde passait devant eux sans s’arrêter, se souvient-il. Je me suis dit ce n’est pas possible. Elle avait l’âge de ma mère. » Depuis le succès de cette opération, il a lancé une collecte de vêtements. Et souhaite développer d’autres projets.

 

Plus rose la vie avec José-Pierre

SERRIS

Son engagement sans limite remonte à la naissance de ses jumeaux prématurés il y a trente ans. « Ils s’en sont sortis, je me sentais redevable », lâche simplement José-Pierre De Sousa. Depuis, cet entrepreneur de 52 ans, s’engage pour le Téléthon, le sida, la mucoviscidose. Et depuis deux ans, touché par le cancer du sein de plusieurs proches, l’accompagnement des femmes en fin de traitement est devenu son cheval de bataille. Il a créé l’association Plus rose la vie sur le territoire du Vald’Europe (Seine-et-Marne) pour offrir à ces patientes en voie de guérison un lieu d’écoute, de conseil mais aussi des ateliers pour leur permettre de retrouver une vie sociale.

« L’hôpital sait soigner mais pas écouter. A la fin des traitements lourds, les femmes se retrouvent souvent seules face à leurs questions, leurs peurs », avance-t-il. En partenariat avec les associations locales, José-Pierre recueille des dons. « L’idée est de leur offrir un lieu pour rebondir, où nous ferons intervenir des nutritionnistes, des spécialistes de la lingerie post-opératoire ou des sophrologues », détaille-t-il.

 

Le chef étoilé apprend la cuisine à des chômeurs

DAMPIERRE-EN-YVELINES

De toutes les aventures qui ont jalonné sa vie, celle qui anime aujourd’hui Pierre Marchesseau, 70 ans, fait sans doute partie de ses favorites. L’ancien propriétaire du restaurant 2 étoiles le Petit Bedon à Paris, vient de se lancer dans un projet loin des fastes de la haute gastronomie : apprendre la cuisine à des chômeurs afin que ceux-ci trouvent un emploi.

Pierre Marchesseau a repris début novembre, et bénévolement, l’Auberge Saint- Pierre à Dampierre-en-Yvelines. C’est là que le chef compte installer son « centre de formation » en embauchant, dès janvier, 18 jeunes détectés par Pôle emploi.

« Mon métier est ma fierté, confie-t-il. Ma gloire, c’est de le transmettre, et de permettre aux jeunes de travailler. » Ces embauches se feront sur la base d’un plan d’orientation express proposé par Pôle emploi, qui débouche sur un CDI après formation. « J’ai eu une chance inouïe toute ma vie, souligne le chef. Maintenant, je veux être le distributeur de mon savoir et de ma passion. »

 

Jean-François, monsieur secourisme

PARIS IIIe

Avec ses moustaches qui rebiquent, tout le monde se retourne sur lui en souriant. Donner le sourire, c’est un peu le leitmotiv de Jean-François Mazeirac. Pourtant, il ne parle pas toujours de choses légères puisque cet homme « de 48 ans et 24 mois » comme il aime à se présenter, est membre de la protection civile de Paris. Cet organisme vient seconder le Samu et les pompiers sur des accidents. Et depuis un peu plus d’un an maintenant, ses bénévoles se relaient tous les week-end pour organiser des initiations aux premiers gestes de secours.

Ces formations rapides et très demandées depuis les attentats de novembre 2015 ne désemplissent pas. « Il y a eu une vraie prise de conscience », se félicite-t-il. « Même si on aurait préféré ne pas vivre ces évènements », s’empresse-t-il d’ajouter. Régulièrement, Jean-François passe donc ses samedis après-midi place de la République ou aux Halles pour transmettre son savoir. Toujours en blaguant. « Le prisme de l’humour me permet de faire passer des choses graves », explique-t-il.

 

Smol, de la Grande-Borne à Los Angeles

GRIGNY

« Mon modèle, c’est Omar Sy, il vient de banlieue comme nous et il a réussi », souligne Malik, plein d’espoir. Car le jeune homme surnommé « Smol » a fait un grand pas cette année.

Cet habitant de la Grande Borne à Grigny, connu pour ses vidéos humoristiques publiées sur les réseaux sociaux (plus de 11 000 fans sur Facebook avec 300 000 vues en moyenne sur chaque vidéo), a gagné avec ses amis le concours « Toi même tu filmes », organisé par Youtube dans tous les quartiers de France. Durant l’été, 250 films avaient ainsi été tournés. Ce premier prix décroché grâce à leur réalisation « Tu as quoi de plus que moi » leur ouvre les portes d’une formation dispensée dans les locaux du célèbre site Internet à Los Angeles.

« Youtube nous a fait l’honneur de venir chez nous, nous avons saisi notre chance », lance le réalisateur de 24 ans, tout en soulignant qu’il y « a des talents à Grande Borne » bien que ce soit un quartier difficile. En attendant de s’envoler par les Etats-Unis, Smol continue à tourner des plans pour son courtmétrage qu’il réalise en trois parties, il a écrit deux films. « En 2016, ce n’était que le début », prévient-il.

 

Sarah Gogel aide la jeunesse à s’émanciper

PANTIN

Yes akademia ou Yaka comme « espoir » en wolof (NDLR : langue la plus parlée au Sé- négal). C’est le nom que Sarah Gogel (à droi- te) a choisi pour son ONG. En quatre ans, elle a déjà aidé plus de 1 500 jeunes via des programmes de formation. L’objectif : former « les leadeurs, les entrepreneurs responsables » de demain, explique la directrice générale bénévole de 34 ans. Yaka organise des ateliers à La Courneuve, Montreuil, Paris et Pantin, où se trouve le siège social. Les participants ont entre 15 ans et 35 ans. Sensibilisés au développement durable et à la solidarité internationale, ils apprennent à monter des projets. Le voyage fait aussi partie du cursus, avec des séjours longs à l’étranger (Nicaragua, Haïti, Sénégal, Inde). Les frais de formation sont majoritairement pris en charge par l’ONG. Pour Sarah Gogel, la réussite du dispositif « s’évalue surtout quand on voit ces jeunes poursuivre de grandes études, monter leur association ou leur entreprise, ou s’impliquer dans la vie locale. »

 

Irène a permis à Philippe de trouver un toit

CHAVILLE

Son histoire avait ému les habitants de Chaville (Hautsde- Seine). Philippe, 55 ans, un sans-abri qui dormait sur le banc en face de la mairie depuis plus de trente ans, a finalement trouvé un toit. Début octobre, sa situation avait interpellé Irène, une Chavilloise qui l’avait aperçu un soir, frigorifié, sous la pluie, et qui avait été choquée par l’indifférence des passants. « Je voulais faire bouger les choses », racontet- elle. Cette sexagénaire poste alors une photo accompagnée d’un message d’alerte sur le groupe privé Facebook « Entraide entre Chavillois ».

Très vite, les 800 membres se mobilisent. Certains offrent des vêtements, d’autres de l’argent ou de la nourriture au sans-abri. Une pétition est aussi lancée pour lui trouver un logement. C’est chose faite depuis près d’un mois : Philippe vit dans un appartement social de la ville. Et la solidarité bat toujours son plein. « On lui a acheté une télévision, un micro- ondes. Les membres du groupe lui cuisinent aussi des petits plats », se réjouit Irène. Parfois, la journée, Philippe vient encore se rasseoir sur son banc. Mais, aujourd’hui, il est toujours « heureux de rentrer chez lui ».

 

Vladimir ou la guérison par le rire

VERSAILLES

Cet hommes de 86 ans est président d’honneur de Rire 78, une association qui organise des festivals humoristiques dans les Yvelines depuis 2006. « A l’époque, le conseil général nous a demandé de faire des spectacles dans les hôpitaux, se souvient Vladimir Protopopoff. J’ai trouvé l’idée géniale. » Dès 2007, il lance l’action « Rire pour guérir » pour faire sourire les personnes malades, seules ou déprimées. L’opération fait un carton. Les hôpitaux, mais aussi les maisons de retraite le sollicitent régulièrement. Chanteurs, humoristes, créatifs… : toutes sortes d’artistes sont sélectionnés pour animer les événements. « Le but est d’amener un peu de bonheur aux patients mais aussi au personnel qui a parfois le moral à zéro », précise le président d’honneur. « Ma récompense, c’est de voir des sourires pendant le spectacle. »

Le Parisien