INTERVIEW – Le député socialiste veut un «Epinay du XXIe siècle» au lendemain des européennes. Il salue l’intervention de François Hollande dans le débat public. Ses propositions «dessinent une possible alternative», juge-t-il.

Luc Carvounas est député socialiste du Val-de-Marne et fondateur de «La gauche arc-en-ciel».

LE FIGARO.- Dans la version augmentée de son livre, François Hollande demande aux socialistes d’arrêter de s’autoflageller. Comment accueillez-vous ses dernières déclarations ?

LUC CARVOUNAS.- On ne peut pas m’accuser d’être “Hollandolâtre”, je ne l’ai jamais été. Mais j’ai beaucoup de respect pour l’ancien président de la République. Sa voix est forte et elle compte. Son analyse est juste sur plusieurs points: on ne reconstruit pas son identité par l’effacement. Le socialisme n’est pas une nostalgie et nous devrons construire autre chose le 27 mai au matin (au lendemain des européennes, NDLR).

Malgré l’impossibilité de se représenter en 2017, est-il encore apte à donner des conseils au PS ?

Je pense qu’il ne faut plus le regarder à travers le rétro du dernier quinquennat. Aujourd’hui c’est la parole d’un sage qui n’a pas envie, comme moi, de voir la gauche disparaître. Il a une expérience qu’il faut lui reconnaître. Dans l’état où nous nous trouvons, nous avons besoin d’expertise et de débats politiques. Est-ce que François Hollande peut être un de ces experts-là? Oui, évidemment.

François Hollande fait une série de propositions. Nationalisation des biens communs, défense de la Nation par la gauche, nouvelles politiques communes franco-allemandes, décentralisation plus poussée… Qu’en pensez-vous ?

François Hollande a toujours su apporter des thèmes au débat public qui nourrissent la réflexion collective. Au moment où Emmanuel Macron veut nous enfermer dans un débat manichéen “moi ou les nationalistes”, je trouve ses idées intéressantes. Elles dessinent une possible alternative. Car demain on ne votera pas pour nous parce qu’on est socialistes mais parce qu’on apporte des idées nouvelles. On n’y arrivera pas pour les prochaines échéances européennes mais je crois qu’aux municipales, elles nous permettront de reconstruire l’édifice socialiste.

Vous estimez qu’il faut «construire autre chose le 27 mai au matin», au lendemain des européennes. Hollande dit qu’il veut «redonner une perspective et une consistance au mouvement socialiste». Et dépasser le PS ?

Le socialisme français est loin d’être mort, il est prégnant dans le patrimoine de nos compatriotes grâce à des avancées sociales majeures. On a peut-être pêché sur les questions économiques, et le pouvoir d’achat. Nous devons travailler sur ces questions-là pour être crédibles demain. Est-ce que ce long travail passe par le PS? Quand je vois la manière dont mon parti fonctionne j’ai le sentiment qu’on arrive à la fin d’un cycle et qu’il nous faut écrire quelque chose de nouveau. Un Epinay du XXIe siècle qui ne passera probablement pas par le PS du XXe siècle.

 

Source : Le Figaro