« Un endroit de liberté ». Le 5 décembre 1987, Joseph Franceschi, maire PS d’Alfortville présente à ses administrés, l’œuvre de sa vie : la MAPA. Une des premières maisons d’accueil pour personnes âgées dépendantes en Europe, qu’il a imaginée, du sol au plafond, « jusqu’à la couleur du carrelage et la dimension des portes », rappelle Jean Mayet, adjoint PS en charge des seniors. Marqué par l’isolement des personnes âgées, le secrétaire d’Etat refusait de les voir finir dans des asiles, seule solution à l’époque : « Nos aînés ont besoin de la solidarité de la cité. »
Trente ans plus tard, l’établissement surnommé « la fusée de Tintin », ou « Goldorak », c’est selon, du fait de son architecture futuriste signée Manuel Nuñez, suscite toujours autant de curiosité. Mais le bâtiment nécessite un coup de jeune. Durant les prochains mois, de gros travaux de rénovation vont démarrer dans cet établissement public de 60 lits. Ce projet de 2,4 M€, « ambitieux », selon le maire PS Luc Carvounas, pour « un marqueur de la ville » a reçu le soutien de l’Etat. Une aide de 500 000 € a été débloquée par la secrétaire d’Etat à l’Autonomie, Pascale Boistard, qui s’ajoute à la subvention du Département (300 000 €). Le reste est financé par emprunt, à charge du groupement Les Ehpads publics du Val-de-Marne.
« Il fallait répondre aux nouvelles normes incendie et en matière de prévention des inondations », souligne le directeur Richard Tourisseau. Sans pour autant toucher aux spécificités du lieu. Joseph Franceschi avait souhaité un espace ouvert, circulaire, avec un puits de lumière sur cinq étages. « Les résidants ne se sentent jamais isolés. Ils s’occupent en regardant ce qui se passe », constate la directrice adjointe Amélie Maingon. « Cela crée une ambiance différente, ajoute cette aide-soignante. C’est plus agréable. On voit tout le monde ».

Le gros des travaux portera sur le rez-de-chaussée. C’est là que la MAPA tirait sa différence à l’époque, avec son « cantou », signifiant « coin de feu » en occitan. Ce Centre d’animation naturel tiré d’occupations utiles permet d’accueillir dans une ambiance plus conviviale mais protégée les « désorientés déambulants ». « Joseph Franceschi voulait un lieu destiné aux personnes en difficulté psychique et physique. On ne parlait pas d’Alzheimer. On n’était pas dans un foyer-logement ni à l’hôpital. C’était totalement novateur », se souvient le directeur, déjà là, à l’ouverture.
Pour mettre à l’abri les pensionnaires d’éventuelles inondations, cette unité va être remontée au premier étage. Le rez-de-chaussée sera alors transformé en « espace de vie sociale », avec un vrai hall, un sas d’accueil, un patio pour le confort des familles, un salon bien-être coiffure…
Autre changement d’importance : à l’issue des 18 mois de travaux, les résidents pourront mieux profiter des jardins. Des terrasses de part et d’autre de la nouvelle salle à manger vitrée, conçue au premier étage, permettront de profiter de la vue. Dans un second temps, un accès sera aménagé sur la partie la plus praticable du terrain, très pentu. De quoi faciliter les promenades des pensionnaires. Comme un nouvel endroit de liberté.