Seul le prononcé fait foi

 

Merci Michel. Merci pour tes mots. Ils me vont droit au cœur.

 

On dit souvent qu’en politique il n’y a pas d’amis. Ce n’est pas vrai. Tout dépend de comment on construit son parcours, et de qui l’on est.

 

Michel, toi et moi, nous en sommes la preuve.

 

Dans cette salle, je vois des gens que je connais depuis très longtemps, tous sont des camarades ; mais pour beaucoup d’entre vous, vous êtes bien plus que cela.

C’est à vos côtés que je me suis engagé il y’a plus de vingt ans ; c’est avec vous que j’ai partagé des campagnes, des moments de joies, des moments de peines, politiques mais personnelles aussi.

 

Il nous est même arrivé parfois de nous confronter. Mais toujours sur le terrain des idées.

 

Nous avons toujours su nous retrouver sur l’essentiel : le Socialisme.

 

Le Socialisme, c’est bien plus qu’une idée ; le Socialisme, ce sont des Femmes et des Hommes que l’on a envie de suivre pour ce qu’ils font et ce qu’ils représentent.

 

Etre Socialiste, c’est faire partie d’une famille, qui partage les mêmes indignations, et qui poursuit le même rêve de progrès.

 

A un moment, pour être honnête, à voir et à entendre les rivalités, les polémiques dans lesquelles certains tentent nous enfermer, j’ai fini par croire, qu’ici à Alfortville et en Val-de-Marne, nous étions les seuls à réussir à nous entendre, et à avoir encore envie d’avancer ensemble.

 

J’ai longtemps pensé que c’était une marque de fabrique qui nous était propre.

 

Mais depuis plusieurs semaines, avec ce tour de France que j’ai déjà bien entamé, je suis allé à la rencontre des Socialistes.

 

Et si ils sont inquiets pour notre Parti, ils partagent tous la même envie de construire l’avenir ensemble.

 

 

Mes cher.e.s Ami.e.s,

 

Ce soir, je ne suis pas venu vous parler du passé. Par définition, il est derrière nous.

 

Je ne suis pas venu vous parler de celles et ceux qui nous ont quittés. Ils sont déjà partis.

 

Je suis venu vous parler de NOUS, les Socialistes, de notre Histoire et surtout de notre avenir.

 

 

Je sais que nous nous posons tous cette question : avons-nous encore un avenir ?

 

Pour moi ce n’est pas une question, car vous êtes la réponse : quand dans cette salle je vois des militant.e.s prêts à sacrifier un soir de semaine ; après une journée de travail parfois difficile ; après avoir subi la galère des transports en communs pour beaucoup d’entre vous, alors qu’il faut aller chercher les enfants et les faire diner ; alors que tant de monde vous dit et vous répète que votre Parti serait un astre mort ; alors je vous le dis, votre présence ce soir balaye tous les doutes.

 

L’un de mes amis m’expliquait il y’a quelques jours que le Parti Socialiste était programmé pour mourir, puisque le projet que nous portions depuis le Congrès d’Epinay était déjà largement réalisé.

 

Mais ôtez-moi d’un doute :

 

Depuis quand la pauvreté et la précarité ont-elles été éradiquées en France ?

 

Depuis quand les inégalités ont-elles arrêtées de se creuser et de se reproduire ?

 

Depuis quand l’Ecologie est-elle enfin entrée au cœur de notre modèle de développement ?

 

A quel moment l’Europe politique et sociale est-elle devenue la priorité des gouvernants européens ?

 

Et bien moi je vais vous le dire : JAMAIS !

 

Alors tant que la pauvreté et la précarité ne seront pas éradiquées ; tant que les inégalités se creuseront ; tant que l’Ecologie ne sera pas devenue le moteur de notre économie ; tant que l’Europe politique et sociale ne sera qu’une chimère, alors la France et l’Europe auront besoin des Socialistes déterminés et du Socialisme pour ouvrir la voie.

 

Et ceux qui vous disent que nous avons vécu la fin du clivage Gauche-Droite vous mentent. Ce sont soit des naïfs, ou pire, des escrocs.

 

Et je vais vous faire une confidence : pour moi, si la Gauche doit être irréconciliable… c’est avec la Droite.

 

Nous avons trop longtemps pensé que pour incarner la Gauche nous avions besoin de devenir le miroir de la Droite. Mais nous ne sommes pas les deux faces d’une même pièce.

 

Ce mouvement de balancier, cette alternance, nous l’avons cru naturel. Et nous avions pensé par confort que les Français y trouveraient toujours leur compte.

 

Nous n’avons pas voulu voir que pour les Français cette situation n’était pas confortable. Ils nous ont assimilés à un système.

 

Ils nous ont assimilés à nos adversaires.

 

Alors oui nous nous sommes trompés.

 

Nous ne pouvons pas nous comporter comme si rien ne s’était passé, comme si les Français ne nous avaient pas adressé un message fort.

Notre défi aujourd’hui c’est d’incarner et de redéfinir un projet de société, fidèle à nos valeurs, qui reflète notre ADN et adapté à notre temps.

 

Nous devons le faire, en restant nous-mêmes sans rechercher constamment notre contraire.

 

Nous devons le faire en demeurant la Gauche.

 

Vous l’aurez compris, je ne crois pas à la fin du clivage Gauche/Droite .

 

Ceux qui théorisent cette fin veulent une société figée dans l’état où ils l’ont trouvée.

 

Le clivage, c’est ce qui structure la Démocratie. Le clivage c’est le mouvement.

 

Sans clivage, livrons tout de suite la France aux extrêmes. Parce que cette Histoire-là, elle est déjà écrite : la fin du clivage Gauche/ Droite, c’est le début d’une fracture bien plus dangereuse encore; celle de l’élite contre le peuple.

 

Le débat, le rapport de force, le conflit, ne sont jamais des gros mots lorsqu’ils traduisent un idéal de justice sociale et une soif d’égalité.

 

Et ici à Alfortville, on sait ce que cela veut dire.

 

Sans cette conjugaison entre le peuple et les élites, aucune transformation n’est possible. Aucun changement n’est juste. Aucune Révolution n’est  désirable.

 

Ce que je souhaite pour notre parti, c’est qu’il soit à nouveau le lieu où les Français font cause commune quelles que soient leurs origines, leur appartenance sociale pour faire bouger les lignes.

 

L’affaiblissement de notre parti est une réalité. Mais dans notre Histoire, nous avons déjà connu des périodes de doute.

 

Notre premier devoir mes amis, est de distinguer la période que nous traversons et l’époque dans laquelle nous entrons.

 

Notre parti est affaibli, c’est vrai : mais même quand la SFIO s’est effacée, la Gauche n’en est pas morte pour autant ; au contraire, elle a laissé la place à un Parti Socialiste plus fort et plus puissant.

 

Le clivage Gauche/Droite ne s’effacera pas, tout simplement parce que la Gauche n’a jamais porté – et ne portera jamais – le même projet de société que la Droite.

 

Signer un chèque de dix millions d’euros pour les familles les plus riches de France ? C’est la Droite !

le plus grand plan de licenciement que la France ait connu sous la Vème République avec la suppression des contrats aidés ? C’est la Droite !

La fin de la taxe sur les transactions financières ? Encore la Droite !

La casse du logement social comme du code du travail ? Toujours la Droite !

 

On me dit toujours que j’ai été un membre actif de la Gauche de gouvernement au Parlement. Certains rappellent à juste titre que j’ai soutenu les grandes réformes du dernier quinquennat.

 

Je l’ai fait et j’en suis fier. Nous n’avons pas à avoir honte d’avoir fait de l’Education la priorité du quinquennat, d’avoir soutenu les entreprises qui en avaient besoin, d’avoir voté le tiers payant généralisé, d’avoir adopté le Mariage pour Tous, d’avoir été en pointe sur l’Egalité Femmes/Hommes, d’avoir revalorisé le point d’indice des fonctionnaires, d’avoir soutenu les territoires fragilisés avec la revitalisation des centres-villes.

 

Et la liste pourrait être encore longue.

 

Ma Gauche à moi, elle sait gouverner la France en restant la Gauche.

 

Quand Michel ROCARD créé le RMI, il le fait en affrontant la Droite; quand Lionel JOSPIN met en place les 35 heures ou la CMU, il le fait contre la Droite.

 

S’il n’y avait plus demain de Parti Socialiste pour élever la voix face aux différents camps de la régression, que resterait-il ?

 

Les outrances, les populistes, les extrémistes ?

 

Nous les Socialistes, nous ne rejouerons plus la lutte des classes ; nous voulons réunir à nouveau tous les Français autour d’un projet commun, qui sera celui du « progrès partagé ».

Lire aussi : Pour que AirB’N’B soit un agent du “Progrès Partagé”

 

Donc oui, croire en l’avenir du Parti Socialiste, c’est primordial. Parce que notre rôle est de redonner aux Français le goût du « progrès partagé ».

 

J’ose même avancer ce soir que le PS doit devenir le parti du « progrès partagé ».

 

Dans ce sens, notre Congrès à venir est donc capital.

 

 

François MITTERRAND le disait, le Socialisme n’est pas une doctrine figée, c’est une méthode vivante.

 

Alors, lorsqu’on a des convictions, une détermination, on parle aux siens, sans penser aux uns, sans se déterminer par rapport aux autres.

 

Mes cher.e.s Camarades,

 

Vous l’avez compris, si nous sommes réunis ce soir, c’est que j’ai pris la lourde décision d’être candidat au poste de Premier Secrétaire pour rassembler notre famille politique, pour co-construire avec vous tous un projet, qui nous emmènera en mars au prochain Congrès.

 

Je mesure ce que cela veut dire. Je vois déjà les attaques et les vieux réflexes qui vont fleurir. Peu importe !

 

Je veux être votre candidat ; celui des militant.e.s et des Fédérations. Celui des Femmes et des Hommes Socialistes, celui des villes et des villages.

 

Je suis candidat à redonner de la fierté et du sens au mot Socialisme.

 

C’est pour cela que je veux mettre dès maintenant sur la table mes propositions, de manière publique et transparente ; car mon projet il se construit avec vous.

 

Stop à l’hypocrisie ; c’en est assez des motions rédigées à quelques-uns et envoyées aux militants une fois que tout est déjà décidé, sans eux.

 

Moi je vous le dis en toute honnêteté, et en toute liberté : je n’ai pas de revanche à prendre sur François HOLLANDE, je n’ai pas de revanche à prendre sur ce que l’on appelle « les frondeurs ».

 

La revanche n’est jamais une bonne motivation.

 

Ma seule motivation, c’est cette envie de redresser notre Parti.

 

Relever le PS sera une tâche très difficile pour mériter qu’on s’y consacre totalement.

 

Il faut avoir du souffle et de l’énergie. C’est un marathon.

 

Pour rebâtir notre Parti, il faut être au clair avec soi-même ; être sûr de vouloir mettre les mains dans le cambouis ; d’aller là où personne ne va plus, dans nos Fédérations, dans nos Sections.

 

Je ne pose aucune condition. Je suis libre et libéré. Je veux convaincre le plus grand nombre de se joindre à ce travail, de nous rejoindre.

 

Je lance donc un appel aux militants, aux intellectuels, aux associatifs : venez construire avec nous le « progrès partagé ». Ce beau projet qui relèvera la Gauche.

 

A compter de la semaine prochaine, je me mettrai en retrait de la Direction collégiale du Parti Socialiste. Par respect pour nos instances, par clarté vis-à-vis de nos militant.e.s.

 

Il ne peut y avoir de conflit d’intérêt entre le candidat que je deviens ce soir et mes responsabilités au sein de la Direction Collégiale.

 

Libre et libéré, je suis candidat…

 

  • à reconstruire la Gauche,
  • à faire entendre la voix de nos territoires en décentralisant notre Parti,
  • à placer les militants au cœur des décisions

 

Moi je ne m’engagerais pas dans une aventure personnelle ; je m’inscris dans notre destin collectif.

 

 

Comme vous le savez, j’ai entamé un tour de France de nos Fédérations depuis de nombreuses semaines.

 

Je suis allé dans les Bouches-du-Rhône, dans le Cher, dans le Lot, dans le Doubs, dans le Puy-de-Dôme, en Ile-de-France ; et dès demain dans l’Aisne, dans la Vienne, dans l’Hérault, ou encore en Normandie, en Alsace, dans les Alpes-Maritimes, dans l’Allier…

 

Et je vais continuer, sans oublier nos camarades des Outre-Mer et des Français de l’étranger ; j’irai aussi à la rencontre de nos partenaires européens – au Portugal et en Allemagne – car l’Europe est l’avenir de la Gauche et de la social-démocratie.

 

C’est désormais à l’échelle européenne qu’il nous faut réfléchir, travailler et proposer, accompagnés de nos partis frères.

 

Partout où je me suis déplacé, j’ai rencontré des militant.e.s prêts à se retrousser les manches, mais nous prévenant aussi : « c’est le Congrès de la dernière chance. »

 

Et moi je pense en cet instant à Viviane, militante de 94 ans rencontrée à Marseille, qui me confiait sa tristesse et sa crainte de voir disparaître notre Parti en même temps qu’elle.

 

Je sais que ce sont des mots durs, mais sincères. C’est pourquoi je veux prouver à Viviane et à ceux qui pensent comme elle que nous avons encore un avenir ;

je veux leur assurer que le combat de toute leur vie va se poursuivre avec une nouvelle génération prête à reprendre le flambeau.

 

Ce Congrès que nous allons vivre ce n’est pas n’importe quel Congrès ; c’est le Congrès du commencement.

 

 

 

Qui je suis : un militant parmi les militant.e.s

 

Chers camarades,

 

Ici à Alfortville, vous me connaissez tous.

 

J’ai 46 ans. Comme moi, ma commune est liée charnellement au Parti Socialiste ; c’est à Alfortville que s’est relevé le mouvement Socialiste lors du Congrès de 1969, après les 5% de Gaston DEFFERRE ; ce Congrès qui préfigura celui d’Epinay et le programme commun, qui nous emmenèrent vers la victoire historique de François MITTERRAND en 1981. Seulement 12 ans plus tard !

 

Je suis français et je suis grec. Le mélange des Cultures est gravé en moi. Enfant d’origine modeste – petit-fils de grands-parents venus d’ailleurs car ils savaient trouver une vie meilleure pour leurs enfants dans la France universelle ; fils d’une mère grecque immigrée en France pour épouser mon père – je sais d’où je viens.

 

On ne m’a rien donné. Je suis un pur produit de ce que l’Ecole républicaine peut offrir à tous ses enfants.

 

Tout ce que j’ai conquis dans ma vie, je l’ai gagné par ma détermination mais jamais seul ; toujours avec le soutien des Socialistes qui m’ont fait confiance tout au long de ma vie. Et aujourd’hui avec à mes côtés le soutien de Stéphane avec qui je me suis marié.

 

Je suis fier d’incarner la Gauche qui gagne.

 

En 2014, aux municipales, la Gauche a pris une claque ; nous avons reculé partout ; et l’un des seuls endroit où nous n’avons pas reculé, c’est ici à Alfortville ; et j’en suis fier ;

en 2017, aux législatives, alors que notre Parti perd près de 300 députés, je suis élu dans ma circonscription à près de 65%, face à La République en Marche. J’en suis fier !

 

Fier car j’aurais pu faire le choix de rester Maire ou Sénateur, de ne pas me livrer à l’un des combats politiques les plus durs que j’ai eu à vivre ; je l’ai fait toujours dans ce souci invariable de protéger les Alfortvillais.

 

J’ai adhéré au Parti Socialiste en 1995 après la victoire de Jacques CHIRAC ; Comme Secrétaire de Section, comme Premier fédéral, puis comme membre de la Direction nationale, j’ai pu mesurer les forces et les faiblesses de notre fonctionnement.

 

Je sais donc où je veux vous proposer d’emmener collectivement notre Parti. Et n’en déplaise à ceux qui voudraient m’enfermer dans des cases, je ne confondrai jamais la loyauté avec le sectarisme.

 

La loyauté, c’est de rester fidèle à mes convictions ; à mes Valeurs ; à celles et ceux qui nous ont fait confiance.

 

Le sectarisme, c’est refuser d’admettre qu’on s’est trompé, ou qu’on a été battu ; c’est se recroqueviller à quelques-uns, en pensant qu’on a raison contre tous les autres ; c’est prendre ses certitudes pour des convictions.

 

Je vais mettre les pieds dans le plat.

 

Vous pouvez entendre une petite musique qui dit « il est passé de VALLS à HAMON ».

 

Mais parce que soutenir un Gouvernement Socialiste, puis soutenir le candidat Socialiste à la présidentielle ce ne serait pas cohérent ?

 

Moi je suis Socialiste, je défends les Socialistes !

 

J’ai bien compris que la loyauté et la fidélité n’étaient plus à la mode. Je n’en ai que faire, ce sont mes Valeurs, ce sont mes principes.

 

Certains, qui étaient proches de moi, ont trahi leurs convictions, leurs électeurs, leurs principes. Et aujourd’hui, tout cela devrait devenir la nouvelle norme du paysage politique Français ?

 

Quand on nous parle de recomposition du paysage politique moi je parle de décomposition ; une décomposition politique et personnelle de tous ceux qui ont fait volte-face à leur Histoire, à leur idéal et à leurs parcours.

 

Avoir des débats, ce n’est pas manquer de cohérence. Dès lors qu’ils sont organisés avec méthode, dans un cadre interne, avec une discipline de groupe lors du résultat annoncé.

 

Moi je n’ai pas la mémoire courte.  Dans l’Histoire du Socialisme, il y’a toujours eu des grands débats fondateurs, de beaux débats : JAURES et CLEMENCEAU n’avaient pas la même conception de la République, MITTERRAND et CHEVENEMENT s’opposaient sur la construction européenne, MITTERRAND et ROCARD s’affrontaient sur l’économie et les nationalisations.

 

Pour autant, combien d’entre nous se sont engagés parce qu’ils soutenaient l’un ou l’autre, parce qu’ils partageaient les idées plutôt de l’un que celles de l’autres ; mais aucun d’entre nous ne se serait engagé ailleurs qu’au Parti Socialiste.

 

Ces débats ont toujours existé. Ce sont eux qui nous ont fait à la fois aimer la République et le Socialisme ; ce sont eux qui ont fait que nous sommes patriotes et internationalistes ; ce sont eux qui ont fait que nous défendons avec force les services publics tout en donnant de la liberté aux entreprises…

 

C’est cela notre force : la diversité des débats, l’unité dans l’action.

 

Et si ces débats ont eu lieu, remarquez bien qu’à la fin, nous avons toujours su nous retrouver et nous rassembler sur l’essentiel.

 

On voudrait nous faire croire que notre cohérence serait de soutenir La République En Marche ?

 

Mais quelle est leur idéologie ? La connaissez-vous ? Ils ne la connaissent pas eux-mêmes.

 

Il paraît même que les députés En Marche sont en attente d’une doctrine : sur la Laïcité, sur les migrants, sur la fin de vie…

 

S’ils croient qu’ils la trouveront sans débat, sans convictions, sans volonté de transformer le monde, alors je vais leur faire gagner du temps : qu’ils arrêtent de chercher, ils ne trouveront rien.

 

On peut tout de même se demander si leur idéologie ne tiendrait pas en 5 mots : « le pouvoir pour le pouvoir ».

 

Alors où est leur cohérence ? Je n’en sais rien.

 

Où est leur loyauté ? Il n’y en a pas.

 

Quelle est leur Histoire commune ? Elle ne s’écrira pas.

 

Pour moi nous sommes dans l’Opposition.

 

Pourquoi serions-nous constructifs avec ceux qui veulent nous remplacer durablement ?

 

J’ai refusé sans regret d’accorder ma confiance au Gouvernement ; pas par sectarisme, mais par respect des engagements donnés.

 

Ces engagements ils sont simples : c’est protéger les plus faibles, c’est redonner du pouvoir d’achat aux classes moyennes et populaires, c’est garantir un égal accès aux services publics à toutes et à tous, c’est faire en sorte que demain ne soit pas meilleur pour les seuls vainqueurs de la mondialisation, ou les habitants des beaux quartiers des métropoles ; c’est ne pas abandonner les projets qui profitent à tous, parce qu’on a choisi de faire des cadeaux à quelques-uns.

 

La fracture territoriale, les habitants d’ici la connaissent comme dans les campagnes ; le sentiment de déclassement, il existe ; le manque de considération, c’est une réalité vécue.

 

Il n’y a pas besoin d’habiter loin de Paris ou d’une métropole pour vivre ce que vivent des millions de Français sur de trop nombreux territoires.

 

La France, ce n’est pas un puzzle ; ce n’est pas les villes ici, les campagnes là-bas ; moi je crois que les Français aspirent tous aux mêmes choses, qu’ils vivent à Alfortville, à Vitry-sur-Seine ou ailleurs : une bonne éducation pour leurs enfants, un logement décent, un emploi qui permet de ne pas compter ses sous en début de mois, de vivre paisiblement dans la tranquillité ; mais peut-être plus que tout, la certitude de pouvoir prendre l’ascenseur social quel que soit le milieu d’où l’on vient.

 

Ma France à moi, elle ne réduit pas les familles modestes à une « vie low cost » et les riches à l’évasion fiscale.

 

 

Une vision forte pour le Socialisme de demain

 

C’est pourquoi je veux poursuivre – demain et avec vous – cet « engagement Socialiste » encore plus fort et plus loin.

 

Ce que je vous propose, je vous l’ai dit, c’est un commencement, pas un recommencement.

 

Soyons libres et libéré.e.s d’écrire une nouvelle page de l’Histoire du Socialisme.

 

Notre horizon doit être celui du « progrès partagé », c’est-à-dire le progrès pour tous et pour chacun.

 

Car moderniser le pays, ça ne signifie pas défaire la France.

 

Quatre piliers doivent nous guider :

 

  • Lutter contre les inégalités et leurs reproductions,
  • Placer l’Ecologie au cœur d’un nouveau modèle de développement, conçu autour des biens communs,
  • Faire advenir enfin l’Europe sociale et politique,
  • Inventer les nouvelles formes de Démocratie

 

Assumons notre ambition de redevenir la boussole de la Gauche.

 

Et notre aiguille,  c’est le « progrès partagé ».

 

Car si nous ne partageons pas le progrès, aucune corde ne sera assez solide, aucun premier de cordée ne sera assez fort, pour hisser les Français vers les sommets.

 

Pour que le progrès soit vraiment partagé, nous n’avons pas d’autres choix que de placer l’Ecologie au cœur de notre action.

 

Jusqu’ici, ce Gouvernement s’y est pris de la pire des manières: il a reculé sur le nucléaire, s’est déjà laissé impressionner par les lobbys, a voulu  affaiblir les crédits d’impôt sur la transition énergétique et a augmenté sans discernement les taxes sur les consommations de carburants qui frappent les classes moyennes.

 

La plus grande injustice fiscale qui menace les Français demain, c’est la fiscalité écologique si elle n’est pas pensée dans la justice.

 

A compter de maintenant et pendant 5 ans, sachez qu’un ménage qui se chauffe au fioul et roule en diesel verra ses impôts augmenter de près de 600 euros, quels que soient ses revenus.

 

Le Président de la République vient de supprimer la taxe d’habitation au motif qu’elle est injuste. Mais la fiscalité écologique est-elle plus juste ? Telle qu’elle existe, non.

 

Demain, la fiscalité écologique devra être à la fois juste et efficace.

 

Ce qui doit nous guider, c’est la notion de « double dividende ». C’est-à-dire qu’elle doit nous inciter à changer nos comportements, et en même temps, de participer au déploiement d’un nouveau modèle économique et social.

 

La vraie grande réforme fiscale dont la France a besoin, c’est celle-là.

 

 

Pour moi, le rôle d’un parti politique, c’est de réfléchir et de décider ensemble démocratiquement. Mais aujourd’hui, les partis qui se disent modernes ont renoncé à la démocratie interne, et ils ont sous-traité la réflexion politique aux thinks-tanks, qui ne sont qu’une émanation des cercles parisiens qui vont bien. Certains veulent gouverner les Français, mais dans leur propre mouvement, ils refusent le débat d’idées et la démocratie.

 

Ce n’est pas ma conception de l’engagement.

 

Et pour être honnête, nous avons pu tomber nous-mêmes dans ces travers par le passé ;

 

Commençons par être honnêtes envers nous-mêmes. Il faut en finir avec cette notion attrape-tout de Parti de gouvernement. Trop souvent cette notion a servi à discréditer en notre propre sein, ceux qui critiquaient l’action du gouvernement.

 

Je ne connais pour ma part aucun Socialiste qui ait renoncé à gouverner.

 

Pour les autres cette notion véhicule une idée fausse. Car le rôle d’un parti, mes amis, ce n’est pas de gouverner ; sous la Vème République, c’est le Gouvernement qui gouverne. Les pays où un parti gouverne, nous en connaissons : c’est la Chine, C’est Cuba, c’est la Corée du Nord.

 

Il faut donc en finir avec le fantasme du « parti de gouvernement » ; trop souvent, une fois arrivé au pouvoir le parti se tait et fait taire.

 

Notre projet du « progrès partagé » ne s’arrêtera pas aux portes du pouvoir. C’est un mouvement perpétuel que je veux lancer ce soir ;

capable de réunir les Français ; de planifier l’innovation politique, l’innovation écologique, l’innovation économique et l’innovation sociale pour les dix prochaines années.

 

Notre projet, c’est le « progrès partagé » ; notre outil, c’est le Parti.

 

Nous porterons cette ambition avec vous, les militants, parce que vous êtes libres et libérés, ancrés et engagés.

 

 

Un projet collectif pour notre Parti

 

Je veux donc remettre notre famille au travail collectivement et humblement.

 

Nous devrons inventer des idées nouvelles et innovantes pour proposer des solutions concrètes.

 

Mais avant de vous parler de la méthode, laissez-moi vous dire un mot sur ce que Lionel JOSPIN nommait à juste titre « le droit d’inventaire ».

 

Oui nous devrons faire sereinement le bilan du précédent quinquennat.

 

Mais franchement, veut-on rejouer le match des « réformistes contre les frondeurs » ? Ce n’est pas en jouant le match retour, parfumé d’un goût de revanche, que nous ferons avancer nos idées.

 

Le bilan, je suis prêt à le conduire avec sérénité ; nous devrons nommer nos réussites comme nos erreurs passées.

 

Pour analyser et ne pas reproduire ensuite ; mais pas pour condamner ou juger ad hominem.

 

Ensuite, il faudra donc commencer par le commencement :

 

  • Je suis partisan d’une ligne claire sur ce qui constitue nos fondamentaux

 

Par exemple, sur le scandale des « paradise papers » doit nous ouvrir les yeux. Tant que tous les Socialistes d’Europe ne construiront pas une Maison commune – digne de ce nom – nous laisserons gagner les malhonnêtes et la mondialisation sauvage.

 

Je demande donc à nouveau la tenue en urgence d’un sommet européen consacré à la lutte contre l’évasion fiscale.

 

L’Europe doit être au cœur de nos réflexions, parce que c’est l’internationalisme ;

 

Parce que c’est MITTERRAND, sa construction et la réconciliation des peuples ;

 

Parce que c’est Jacques DELORS et la démocratie européenne ;

 

Parce que c’est JOSPIN qui résiste à BLAIR et SCHRODER en refusant que les Socialistes français cèdent aux sirènes ultra-libérales ;

 

Parce que c’est François HOLLANDE qui empêche la Grèce de sombrer dans les tréfonds de l’Histoire.

 

Aujourd’hui, l’internationalisme, c’est le Libéralisme ; il défie les nations, il défie les peuples.

 

 

Et nous, inventeurs de l’internationalisme, nous ne dépasserions plus nos frontières pour mener la bataille politique ? Dans ce cas-là, le combat serait perdu d’avance.

 

Moi je ne suis pas d’accord pour dire que ce serait à nous de nous adapter à la mondialisation ; c’est l’inverse !

 

C’est pourquoi il faut que l’Europe devienne une vraie démocratie. Pour que la parole des peuples européens soit enfin entendue :

 

Cela commence par des règles communes à tous les pays pour les élections européennes : une circonscription nationale et des listes transnationales. Mais il faut que cela concerne l’ensemble des députés européens ;

 

Il faut aussi une incarnation de l’Europe, et pour cela, nous devrons élire un Président de l’Union européenne au suffrage universel direct ;

 

Et pour que le Parlement européen soit enfin un vrai législateur, donnons enfin aux députés européens un droit d’initiative parlementaire.

Rendez-vous compte qu’un député européen ne peut même pas aujourd’hui proposer une loi !

 

Les élections européennes de 2019 ne sont pas une simple étape de notre reconstruction. Elles sont plus qu’un enjeu, elles seront au cœur même de notre reconstruction.

 

Il y a seulement 3 ans, nous avions tous été bouleversés par la mort d’un petit garçon sur une plage d’Italie, que son père n’avait pas pu sauver. Nous avions alors pris conscience du défi que représentent l’accueil et le sauvetage des migrants.

 

Et il y a quelques jours encore, ces images odieuses d’esclaves noirs en Lybie nous ont rappelé brutalement que nous n’en avions pas assez fait. Nous avons détourné les yeux et confié la gestion des migrants à des pays qui ne reconnaissent pas les droits de l’homme.

 

Devant ce scandale, je veux que l’Europe se dote enfin d’une doctrine d’interventionnisme humanitaire commune.

 

En 2019, croyez-moi, les Socialistes seront au rendez-vous avec l’Europe.

 

Et je veux le dire aussi clairement : pendant trop longtemps nous avons considéré ces élections comme une « recyclerie » du personnel politique.

 

Pour ceux qui ont loupé une marche mais qu’il faut à tout prix reclasser soit au nom d’un passé électoral soit au nom d’un courant ; tout cela n’a plus de sens face aux défis qui nous attendent.

 

  • Nous devons aussi travailler ces prochaines années à créer une nouvelle marque Socialiste

 

L’heure est venue pour nous d’apporter de la modernité à notre maison, sans rien renier de nos engagements ou de nos valeurs.

 

Mais aucun changement ne pourra se faire sans les militants.

 

Le PS ne se résume pas à des locaux, des murs et un logo ;

ce n’est pas suffisant pour parler à nos compatriotes.

 

Moi, je veux un Parti qui soit demain au service des militants et des Français. Un parti qui soit ouvert.

 

  • Nous devons moderniser notre Gouvernance

 

Pour cela, nous avons besoin d’un changement radical dans notre fonctionnement.

 

Souplesse, proximité et réactivité : 3 principes que je veux proposer aux militant.e.s pour renverser la table.

 

Je vous propose donc de décentraliser notre Parti en redonnant le pouvoir aux militant.e.s  et aux Fédérations ;

cela a d’ailleurs été une erreur de ne pas vous consulter au sujet de la vente du siège de Solferino.

 

Aussi, élu Premier Secrétaire du Parti Socialiste, je proposerai aux Fédérations de leur verser une partie du produit de la vente de notre siège.

 

Les militants et les Fédérations auront besoin de moyens pour aller à la reconquête dans leurs territoires, aux prochaines élections européennes de 2019 comme aux élections municipales.

 

Je m’y emploierai car la social-démocratie à la Française est avant tout un beau réseau d’élus et de militants locaux qu’il nous faudra aider très concrètement.

 

Avec moi, les militants exerceront un contrôle direct de l’action des dirigeants.

 

Et je veux interdire les parachutages lorsqu’ils ne seront pas demandés par les camarades locaux.

 

Dans les prochains jours, je vous préciserai les modalités de cette décentralisation politique du PS que j’appelle de mes vœux.

 

 

Nous ne gagnerons pas seuls.

 

Ce n’est d’ailleurs pas notre Histoire. Moi je ne connais pas de « gauches irréconciliables » dans les villes et les villages.

Je ne connais aucune ville en France où les Socialistes gouvernent seuls.

 

Mais pour beaucoup de Maires ou de futurs candidats, le risque est grand si nous ne faisons rien de voir se multiplier des candidatures qui feront encore un plus reculer la Gauche.

 

Ce n’est pas envisageable !

 

C’est donc autour du « progrès partagé » comme horizon que je souhaite redonner un nouveau souffle, une nouvelle énergie, à l’Union de la Gauche et des progressistes.

 

Comme nous l’avons toujours fait dans le Val-de-Marne, et particulièrement à Alfortville.

 

C’est ça la Gauche qui gagne.

 

Nous ne chercherons pas l’alliance pour l’alliance ;

nous ne chercherons pas d’alliance contre-nature ; je vous parle d’alliance forte, autour d’un projet clair – le « progrès partagé » – qui devra dépasser le jeu traditionnel des partis.

 

Rien ne sert de penser à la présidentielle de 2022, si nous ne sommes pas en capacité de conserver nos communes, et de conquérir de nouveaux territoires. 2019 puis 2020, et remettre notre Parti au travail avec ses militants, voilà les trois grands rendez-vous que je suis prêt à relever avec vous tous.

 

Pour répondre aux nouvelles formes de militantisme, je proposerai deux niveaux d’adhésions : au premier niveau les « adhérent.e.s simples », qui le deviendront en « un clic » sur internet et recevront les informations et argumentaires, mais ils ne participeront pas à nos votes internes ; au deuxième niveau, les « membres actifs », ceux qui règlent leurs cotisations, seront rattachés à une Section avec de nouveaux pouvoirs qui leur seront accordés.

 

 

Enfin pour conclure, je veux attirer votre attention sur un fait politique simple mais d’importance.

 

Aujourd’hui, tous les chefs de partis sont présents au Parlement : Jean-Luc MELENCHON, Pierre LAURENT, Sylvia PINEL, Christophe CASTANER, Marine LE PEN ;

 

Et nous, forts de nos 6% à la présidentielle, nous nous payerions le luxe de ne pas y envoyer notre Premier Secrétaire.

 

Je vous le dis, ce n’est pas sérieux.

 

Le futur Premier Secrétaire n’a pas vocation à faire des cadeaux à ses amis ; il ne  devra pas être là pour prendre sa revanche sur le dernier quinquennat  ou encore pour se trouver un nouveau poste pour lui-même.

 

Moi je veux tout donner à ma famille politique à partir de mon expérience militante, de mon expérience d’élu local et de parlementaire.

 

Je veux tout donner de mon temps aux Fédérations, aux militants, et ce totalement bénévolement, mais riche de l’expérience qui est la mienne.

 

Je n’attends rien en retour, si ce n’est la satisfaction de pouvoir travailler collectivement, avec tout le monde, et de redonner des couleurs à notre étendard.

 

 

Alors mes Cher.e.s Camarades,

 

Ne nous laissons pas dicter notre choix par les médias qui voudraient organiser le match à notre place.

 

Libres et libéré.e.s, nous dirons aux Françaises et aux Français à l’occasion de ce Congrès, que nous existons toujours !

 

Libres et libéré.e.s, nous dirons au Président de la République que nos acquis ne se bradent pas sur l’autel du libéralisme, et encore moins sur des débauchages individuels.

 

Libres et libéré.e.s, nous dirons que personne n’a le monopole de la Gauche, ni celui de l’opposition. Mais qu’en revanche, toutes celles et tous ceux qui veulent travailler en commun, à préparer un avenir à la Gauche sont les bienvenus.

 

Libres et libéré.e.s, nous dirons à une certaine « élite » Socialiste – ou du moins qui s’improvise comme telle – que les accords de couloirs entre caciques, c’est terminé !

 

C’est parce que j’ai pleinement conscience des enjeux historiques qui nous attendent que je me lance aujourd’hui dans cette compétition.

 

Pour notre Parti, pour notre pays, pour les Français !

 

Ensemble, nous retrouverons la fierté d’être Socialiste !

 

Ensemble, nous ferons renaître la Gauche qui gagne !

 

Vive le Socialisme !

 

Vive l’Europe sociale et politique !

 

Vive la République ! Vive la France !