Si nous ne voulons pas revivre l’épisode du référendum européen de 2005 qui a durement et durablement fracturé la Gauche, nous devons faire le plein d’idéal Socialiste en Europe et adopter une ligne clairement de Gauche sur l’Europe sociale et fiscale.

 

Réunir les Gauches européennes

Nul ne peut se revendiquer Socialiste s’il s’affirme contre la construction européenne. Mais nul ne peut se réclamer du progrès partagé s’il ne remet pas en cause la pensée libérale qui inonde les institutions européennes et noie les Etats et les peuples.

Le scandale des « paradise papers » doit nous ouvrir les yeux. Tant que tous les Socialistes de toute l’Europe ne construiront pas une Maison commune – digne de ce nom – nous laisserons gagner les chantres du repli identitaire ou à l’inverse ceux de la mondialisation sauvage.

Nous avons laissé nos partenaires du Labour britannique seuls face à leur opinion publique durant le Brexit. A aucun moment nous n’avons été capables de construire un discours commun avec les sociaux-démocrates européens sur cette question.

 

Remettre en cause la pensée libérale

Alors que la croissance reprend dans la plupart des pays de l’OCDE, et que la France s’approche pour la première fois depuis 15 ans d’un taux de croissance de 2%, cette reprise, fragile, doit être encouragée et non pas entravée. Mais comment y parviendrons-nous si nous n’agissons pas de concert avec les sociaux-démocrates portugais, espagnols, italiens, ou encore allemands ?

En 1999, nous avons su trouver les mots pour parler aux Français d’une Europe qui soit avant tout politique et sociale.

Nous devons retrouver ce chemin, si nous voulons stopper la banalisation de l’extrême droite. Quelle réponse allons-nous apporter à la présidence autrichienne de l’Union Européenne au deuxième semestre 2018, et à nos électeurs qui croient en l’Europe si nous ne dénonçons pas ensemble le risque d’une extrême-droitisation des pays européens ?

Emmanuel MACRON a commis au début du quinquennat la même erreur que nous dans le quinquennat précédent : il n’a pas renégocié avec notre premier partenaire, l’Allemagne, de véritable inflexion de la politique économique européenne, et n’a pas ouvert de discussion sur le déséquilibre structurelle de la zone euro qu’impliquent les excédents commerciaux allemands.

Et pourtant la France est l’une des premières concernées. Pour ne prendre que le cas de la Défense, la France dépense chaque année plus d’un milliard d’euros pour ses opérations extérieures qui contribuent largement à sécuriser le territoire européen et prévenir les risques d’attentats.  Nous devons obtenir de nos partenaires européens qu’une partie du budget de la Défense soit sortie des règles des accords de Maastricht.

Le Socialisme est un long voyage vers l’internationalisme dont la première étape est européenne ; aujourd’hui, l’internationalisme, se confond avec le Libéralisme qui défie les nations et les peuples.

Ce sont les GAFA (Google Apple Facebook Amazon) qui refusent de payer ses impôts en France car il n’y aurait pas juridiquement d’établissement stable ; c’est MONSANTO qui va pouvoir pendant 5 ans encore commercialiser son cancer car nous sommes incapables de nous entendre sur le glyphosate; c’est NIKE qui passe par les Pays-Bas qui est devenu une escale privilégiée vers les Bahamas et ses 2% d’impôts sur les sociétés ; c’est ARIANNE-ESPACE qui souffre de la concurrence déloyale de SPACE X sans même pouvoir compter sur le soutien de ses clients européens, allemands ou français.

Pourquoi ? Parce que l’Europe, telle qu’elle existe, n’est pas suffisamment armée contre les grandes puissances financières.

Et nous Socialistes, inventeurs de l’internationalisme, nous ne devons pas nous accommoder des effets pervers de la mondialisation.

Lutter contre l’Europe libérale, c’est aussi accueillir et aider généreusement les migrants qui arrivent sur notre sol. Nous ne pouvons pas laisser les pays du Sud seuls face à l’afflux de populations qui fuient les guerres, les famines et la misère.  Demain cette question se posera aussi sur les migrants climatiques.

 

Ouvrir l’Europe au Sud.

La lutte pour le développement, l’urgence climatique, l’afflux des migrants et le combat contre le terrorisme sont autant de défis pour l’Europe. Sans rien retirer à notre relation privilégiée à l’Allemagne, ces sujets relancent naturellement l’idée d’une Union de la Méditerranée.  

 

Nous devons :

– Convaincre nos partenaires européens d’exiger de l’Autriche qu’elle renonce à la présidence de l’Union Européenne cette année.

– Renégocier la directive sur les travailleurs détachés qui n’est pas assez protectrice des droits des travailleurs et des entreprises françaises.

– Demander une renégociation du TSCG, car imposer 3% de déficit anéantit toute perspective de relance et réduit considérablement les marges de manœuvres des Etats pour opérer une relance par l’investissement.

– Faire sortir une part du budget de la Défense de la règle européenne des 3% de déficit.

– Créer un parlement de la zone euro pour peser sur la Commission européenne et les Etats en matière fiscale et sociale.

– Relancer le projet d’une Union de la Méditerranée.

– Doter l’Europe d’une doctrine d’interventionnisme humanitaire commune.

– Proposer l’élection au suffrage universel direct du Président de l’Union Européenne.

– Donner enfin aux Députés européens un droit d’initiative parlementaire.

– Instaurer une clause de sauvegarde démocratique et judiciaire dans les traités internationaux que la Commission européenne négocie afin que les parlements nationaux soient systématiquement consultés avant toute mise en œuvre des traités.