Sénateur socialiste du Val-de-Marne, maire d’Alfortville, Luc Carvounas (ci-contre), 45 ans, appartient à la garde rapprochée de Manuel Valls. Selon lui, dès lors qu’on procède à une primaire à gauche, « il n’y a pas de candidat naturel ».

 

François Hollande est-il encore en mesure de dissiper les effets délétères du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, « Un président ne devrait pas dire ça… »  ?
Je pense que le mal est profond. Ne pas le reconnaître, c’est une forme d’enfermement qui peut être désastreux, notamment si on souhaite être au rendez-vous de la campagne présidentielle.

Manuel Valls peut-il affronter le président de la République dans le cadre d’une primaire à gauche ?
Manuel Valls a toujours été clair : si François Hollande est candidat, il soutiendra le président de la République. Maintenant, la vraie question est de savoir s’il y a un candidat naturel. La réponse est non. Le conseil national (le parlement du Parti socialiste) a décidé, à l’unanimité, d’organiser une primaire alors même que le président de la République sortant est issu de nos rangs. Dès lors qu’on procède à une primaire, il n’y a pas aujourd’hui de candidat « naturel ».

Sommes-nous entrés dans une nouvelle forme de cohabitation entre l’Élysée et Matignon ?

Non. Manuel Valls fait le constat que le livre a écorné les institutions. Il faut reconnaître qu’avec ce livre de plus, la fonction présidentielle est atteinte. On ne s’opposera pas au président de la République. Maintenant, la question n’est pas de savoir qui est le meilleur candidat. Ce temps-là viendra au moment de la primaire, et j’espère qu’alors notre candidat l’emportera haut la main. La question est : comment la gauche française répondra, en 2017, à ce rendez-vous historique qui est celui d’imaginer comment poursuivre le travail que les Français nous ont confié pour cinq ans. En sommes-nous capables, collectivement, sans arrière-pensées, sans invoquer un quelconque empêchement, comme l’envisage Emmanuel Macron. Le maire socialiste d’Alfortville que je suis n’a pas envie que, demain, la droite applique son programme, c’est-à-dire la suppression de 300.000 emplois dans la Fonction publique, l’allongement de l’âge de départ à la retraite ou la suppression de l’impôt sur la fortune. Le vrai débat est là. C’est projet de société contre projet de société. Malheureusement, nous avons cette mauvaise habitude de nous parler à nous-mêmes, ce qui crée de la cacophonie et le trouble chez nos compatriotes, alors que nos résultats sont plutôt bons.

Les affrontements entre Manuel Valls et Ségolène Royal contribuent-ils à l’aggravation du climat à gauche ?
Ségolène Royal veut avoir un statut particulier, comme ancienne candidate à la présidence de la République. Pour moi, un ministre qui travaille sous l’égide d’un chef de gouvernement, ne peut pas le contredire publiquement, ou alors il y a un problème. Ségolène Royal nous a fait, pendant des années, la démonstration que la démocratie participative était une bonne chose, et lorsqu’il y a un référendum (décidé par le président de la République et pas par Manuel Valls) elle ne peut, sous prétexte de trouver une solution, remettre en cause le résultat d’une consultation populaire comme celle à laquelle on a procédé à Notre-Dame-des-Landes.
Source : Le Télégramme