Inflation, bouclier énergétique… Luc Carvounas, le maire PS d’Alfortville (94) et président de l’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale, tire la sonnette d’alarme

Dans les Landes, vendredi, vous visiterez le village Alzheimer. Comment améliorer la situation des aidants ?

Ce village est un concept extrêmement novateur porté par Henri Emmanuelli. On compte 8 à 11 millions d’aidants en France, dont la moitié sont des personnes âgées. 30 % d’entre eux n’ont plus le temps de s’occuper d’eux. Il faudrait des établissements de repos pour les aidants, des dispositifs pour les salariés qui aident leur mari, leur épouse ou leur enfant. Nous devons accompagner les aidants. Surtout qu’en 2050, un Français sur deux aura plus de 60 ans…

Face à l’inflation, quel constat faites-vous de la situation sociale ?

Les CCAS (Centres communaux d’action sociale, NEDL) sont au plus proche de tous les sujets de précarité, de solidarité et de pouvoir d’achat. Les familles ont de plus en plus de difficultés à boucler les fins de mois et cela ne va pas s’arranger. En particulier chez les jeunes, dont la précarité a été mise en exergue avec la crise sanitaire. Les jeunes ont du mal à pousser les portes des CCAS, ils vont plus facilement dans les épiceries sociales ou les Restos du cœur. Mais presque un sur trois ne se soigne pas car il n’en a pas les moyens. Plus globalement, je ne connais pas un seul CCAS qui n’est pas sollicité pour de l’aide alimentaire, énergétique ou de l’aide tout court.

La prolongation du bouclier tarifaire en 2023, qui limitera la hausse des factures d’énergie à 15 % pour les particuliers et les plus petites communes, est-elle une réponse suffisante ?

L’État est juste dans son rôle. On ne va pas l’applaudir parce qu’il accompagne les Français, c’est son travail. Malgré tout, entre janvier et février, ils verront la douloureuse arriver et ils se retourneront vers les collectivités et les CCAS. Or, on nous parle des plus petites communes, mais qu’y a-t-il pour les autres ? L’Île-de-France concentre un cinquième de la population française et rien n’est prévu pour nous. À Alfortville, la facture énergétique pèse 1,8 million d’euros, demain ce sera entre 4 et 5 millions. Comment on va faire ?

Le gouvernement a décidé d’augmenter la dotation de fonctionnement de 120 millions d’euros…

C’est un coup de com. L’État attend surtout que les collectivités puisent dans leur trésorerie. Nous allons être confrontés à d’extrêmes difficultés.

Le 16 octobre, LFI organise une marche contre la vie chère. Or, Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, estime qu’une manifestation ne remplit pas le frigo…

D’abord, Gabriel Attal n’est plus le ministre des « punchlines », ce serait bien qu’il se mette au travail. Ensuite, la vie chère, je la côtoie tous les jours. Je suis favorable à tout ce qui peut aider au rapport de force avec ce gouvernement qui reste sourd aux propositions des oppositions.

Le congrès du PS aura lieu en janvier. Olivier Faure est-il toujours l’homme de la situation ?

Plus que jamais. Olivier Faure fait, avec beaucoup de courage, la remontada du PS. Avec la Nupes, la gauche est de retour. La Nupes, ce n’est pas l’union derrière Jean-Luc Mélenchon, c’est une coalition de causes communes. Soit c’est nous en 2027, soit c’est l’extrême droite.

Source : Sud Ouest