En visite dans la métropole clermontoise, vendredi 28 octobre, Luc Carvounas, président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS) veut que l’État reconnaisse mieux le travail effectué par les mairies sur la solidarité et le grand âge.

Membre du Parti socialiste, maire d’Alfortville (Val-de- Marne) depuis 2012, Luc Carvounas, a été élu président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS) en décembre 2020. Sa vision de l’action sociale se fonde sur le maillage territorial et l’expertise terrain des élus locaux. À l’occasion d’un « tour de France » des CCAS, et sa visite dans la métropole, il expose sa vision et ses inquiétudes face à la politique gouvernementale actuelle.

Quelles sont vos priorités à ce poste ? Ma priorité absolue, c’est que les gens puissent vivre décemment. Et il y a un point de vigilance à avoir sur les jeunes. On l’a vu lors de la première crise sanitaire où les épiceries solidaires et les associations ont été sollicitées de toute part. Au moment où l’on parle de crise sanitaire, de crise climatique, nos établissements publics sont la deuxième jambe après l’État dans les réponses à apporter. Nous sommes des couteaux suisses. Malheureusement peu reconnus.

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Pour quelles raisons ?

Le gouvernement ne semble pas prendre en compte que dans les collectivités territoriales, les villes, les villages, les CCAS sont en première ligne. Il faut se battre collectivement pour être reconnu politiquement.

C’est ce que nous avons commencé à faire au congrès des maires, il y a un an, en construisant un livre blanc de l’autonomie et du grand âge. Pour mettre des pistes sur la table sur cette question.

Le gouvernement met en place un débat sur la fin de vie, qu’en pensez-vous ?

Il va y avoir un débat, très bien. Et je fais partie d’une famille politique qui le demande. Mais avant de bien mourir dans la dignité, la question, c’est de bien vieillir tout court. Et cette question en France n’est vue que sous l’angle du médico-social, des Ehpad, des résidences autonomie, etc. Sauf que les résidences autonomes qui étaient une réponse dans les années 60-70, aujourd’hui, combien de maires me disent “j’ai du mal à les remplir”… C’est ça la réalité.

Il y a manque d’anticipation pour vous…

Oui. Quand un Français sur deux aura plus de 60 ans à l’horizon 2050, et j’en ferai partie, il est où le grand plan national sur la construction de logements résilients, de logements connectés, de logements résidences services. Le senior veut rester chez lui. Je ne dis pas que l’on aura plus besoin d’Ehpad, mais ces investissements publics de long terme, jusqu’à maintenant, n’existent pas. On reste sur une vision minimaliste.

Avec l’inflation actuelle, êtes-vous inquiet ?

Les CCAS et les associations sont des boucliers sociaux et cela va s’aggraver dans les prochains mois. Les demandes augmentent. Même des bénéficiaires salariés. On est en train de monter un outil regroupant des indicateurs que l’Insee ne repère pas. Je pense aux taux de repas impayés dans les cantines scolaires qui montent en flèche.

Source : La Montagne