Monsieur le Premier Ministre,

À la surprise générale, vous avez annoncé par voie de presse ce week-end l’abandon de la candidature de la France à l’exposition universelle de 2025, pourtant soutenue par le Président de la République, avant comme après son élection de mai 2017.
Ce retournement est à la fois une mauvaise nouvelle pour la France et les territoires du Grand Paris, mais il est aussi difficilement compréhensible à la lumière des arguments avancés pour justifier ce refus.
De plus, tout laisse à penser que cette décision en cache une autre moins avouable pour votre Gouvernement : l’abandon de la réalisation de la Ligne 18 du Grand Paris Express (GPE).
Dès 2012, je me suis investi pleinement pour ce beau projet, en devenant l’un des membres fondateurs de l’association EXPOFRANCE 2025, qui a initié cette candidature. Le 10 avril 2013, le projet a été lancé officiellement lors d’une conférence au Grand Palais, accompagné notamment de ses 3 Porte-paroles dont Cédric Villani, Médaille Fields de mathématiques et aujourd’hui Député de La République En Marche. En octobre 2013, j’étais à l’initiative d’un colloque qui s’est tenu dans les salons de la présidence du Sénat – intitulé « Expositions universelles et territoires ». Le 6 novembre 2014, le Président de la République a officialisé la candidature française à l’accueil de l’exposition universelle de 2025. Le projet a officiellement été présenté le 5 mars 2015 à la Fondation Louis Vuitton en présence d’Emmanuel MACRON, alors Ministre de l’Économie, et fervent soutien du projet à cette époque.
Tout au long de l’année 2016, EXPOFRANCE 2025 a réalisé un Tour de France (Marseille, Lille, Lyon, Bordeaux, Rouen, Rennes, Dijon, Strasbourg, Toulouse, Montpellier, Clermont-Ferrand, Nantes…) pour présenter le projet de candidature à toute la population française. Il avait alors recueilli, jusqu’à l’annonce de samedi soir, le soutien populaire de plus de 100.000 personnes.
Il a su rassembler aussi depuis 2012 un très grand nombre d’acteurs : des Universités et des grandes Écoles, comme par exemple Sorbonne Université – Faculté des lettres ou @Sciences Po Paris ; des Institutions publiques telles la CCI Paris IDF, l’AMF ou encore l’INA ; de multiples collectivités territoriales comme Paris, Reims, Nancy, Bordeaux, Marseille etc… ou encore dans le Val-de-Marne, le Conseil départemental, Alfortville ou Saint-Mandé ; de très nombreux acteurs économiques étaient également parties prenantes de notre projet : Carrefour, LVMH, ACCOR , Clarins, Bouygues, Le Crédit Agricole, Renault ou encore Air France et aussi plus de cent PME qui y adhéraient.
Alors que le Gouvernement a mis en avant d’éventuelles faiblesses du modèle économique de la candidature pour l’arrêter, je veux rappeler que notre projet se basait essentiellement sur des fonds privés, avec une estimation tout à fait sérieuse et crédible.
Concernant les craintes d’une faible affluence, basée sur les seuls résultats de l’exposition de Milan 2015, je tiens à rappeler que cette dernière était une exposition universelle thématique, qui rassemble toujours moins de visiteurs qu’une exposition universelle classique, comme celle que nous proposions pour 2025.
De surcroît, selon des expertises pointues réalisées dans ce cadre, pas moins de 80 millions de visiteurs auraient été attendus, dont 15 à 20 millions de visiteurs nationaux.
Alors que l’Exposition universelle 2025 aurait pu devenir la carte de visite de la France pour la première partie du XXIème siècle, cette décision semble sonner le glas d’une réelle ambition du Président de la République et de votre Gouvernement pour les grands évènements internationaux, qui font rayonner la France dans le monde entier.
Elle semble également recouvrir une réalité plus triviale – conséquemment à ce renoncement et résultant d’une simple réflexion budgétaire – qui conduirait à abandonner « en même temps » la réalisation de la ligne 18 du Grand Paris Express.
En effet, le « village global » de l’exposition universelle devait être situé à Saclay ; à ce titre, pour la bonne tenue de l’exposition universelle, concernant la desserte des visiteurs, la réalisation de la ligne 18 du GPE était essentielle.
La société du Grand Paris rappelle que « traversant un territoire stratégique du Grand Paris, la ligne 18 desservira l’un des premiers pôles de recherche et développement du monde, Paris-Saclay. Elle assurera également la mise en relation des grands pôles économiques situés à Orly, Antony, Massy, Saint-Quentin-en-Yvelines et Versailles. De nombreuses entreprises, établissements universitaires et centres de recherche sont déjà présents, ou prévoient de s’installer, le long de son tracé »
Avec l’abandon de la candidature de la France à l’exposition universelle 2025, de forts doutes subsistent désormais sur la réalisation de cette ligne 18 du GPE.
Ce serait un nouveau coup dur porté à la construction à la Métropole du Grand Paris, et à la solidarité nécessaire entre les territoires.
Élu d’une circonscription populaire, je vois dans votre décision une double-peine à l’encontre des « banlieusards », en renonçant à un grand projet de développement territorial pour le Grand Paris – l’exposition universelle 2025 – et en avançant à pas masqués pour ne pas réaliser certaines parties d’une grande infrastructure de transport nécessaire à l’avenir de millions de franciliens – le Grand Paris Express.
Comme sur d’autres sujets, tels l’Écologie ou la question migratoire, on ne peut que constater le décalage flagrant entre le discours et les actes du Président de la République et de votre Gouvernement.
Vous affichiez l’ambition que les métropoles françaises puissent être capables de rivaliser avec leurs plus grands concurrents internationaux. Avec l’abandon de l’exposition universelle 2025, le doute subsistant sur la réalisation du Grand Paris Express et la disparition annoncée des départements de la petite couronne francilienne, vous vous apprêtez à affaiblir durablement la construction du Grand Paris.
J’espère que vous saurez, dans les plus brefs délais, lever les doutes sur la réalisation du Grand Paris Express et notamment sa Ligne 18 ; au-delà des élus locaux, ce sont 10 millions de franciliens qui l’attendent pour faciliter leur mobilité quotidienne dans la première région européenne.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma Haute considération.