Solidarité. Grandes ou petites, rurales ou urbaines, de nombreuses villes se sont déclarées prêtes à recevoir des réfugiés.

La mobilisation s’est amplifiée, ce week-end, partout en Europe, tandis que le flux de réfugiés ne faiblit pas à ses portes. Syriens pour la plupart, ils ont été 10 000 à rejoindre l’Allemagne pour la seule journée de dimanche.

En France, des milliers de personnes ont manifesté leur solidarité dans plusieurs villes et des élus se disent prêts à accueillir des réfugiés (lire ci-contre). Le pape et le grand rabbin de France ont lancé des appels à la générosité. Jeudi, le Parti socialiste s’est dit favorable à la constitution d’un «réseau de villes solidaires». Lille, Dijon, Strasbourg, Rouen, Clermont-Ferrand ont déjà répondu favorablement. Des communes plus petites, comme Cachan, en banlieue parisienne, se sont ralliées à l’initiative. «Notre rôle est de rendre possible l’engagement des citoyens qui, partout, expriment leur volonté d’aider les réfugiés», souligne Jean-Yves le Bouillonnec, député-maire (PS) de la ville. Les maires sont conviés samedi à une réunion de coordination par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. A droite, des voix s’élèvent aussi. «Où sont nos consciences ?»interroge la sénatrice UDI de l’Orne Nathalie Goulet, pour qui «la France doit accueillir 200 000 Syriens et Irakiens».

Imperturbable, le député LR François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF) expliquait vendredi sur i-Télé qu’il ne voulait pas de réfugiés dans sa ville au motif que les structures d’accueil seraient«suroccupées». Tel n’est manifestement pas le cas à Bordeaux. Devant les militants LR rassemblés à La Baule (Loire-Atlantique), Alain Juppé a défendu le devoir d’accueil. Au nom de «l’humanisme», un autre ex-Premier ministre de droite, Jean-Pierre Raffarin, a réclamé dimanche une «politique nationale d’accueil». Au-delà de l’urgence, il plaide pour une intégration durable des réfugiés. En juillet, Raffarin n’avait pas craint d’effrayer ses amis de droite en suggérant que les migrants contribuent au repeuplement de villages en voie de désertification.

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Mon témoignage :

«C’est pour moi de l’ordre de l’évidence. Et d’abord, en raison de l’histoire de ma ville, jeune commune qui s’est construite avant guerre sur l’accueil de la communauté arménienne. Dans notre histoire, dans notre ADN, l’hospitalité est une valeur essentielle. Encore récemment, nous avons inauguré une résidence de l’abbé Pierre pour les personnes en grande précarité, mais également un autre lieu pour des jeunes homosexuels en situation de forte fragilité. Là, je n’ai pas hésité un instant quand Cambadélis a lancé le réseau «villes solidaires», d’autant que nous avons déjà accueilli des migrants, mais on le faisait de façon isolée.

«Aujourd’hui il se passe quelque chose : faire un mouvement de masse le plus fort possible, c’est le retour de l’action politique, qui doit prendre le pas sur l’action associative. Le maire, avec ses moyens, peut faire quelque chose. Et moi, en tant que président d’un important office d’HLM, j’ai déjà bloqué cinq appartements.

«Des réactions négatives de ma ville ? Non, ce matin, au marché, la plupart des gens que j’ai croisés se montrent eux aussi solidaires. Bien sûr, je retrouve l’opposition du Front national et des Républicains, mais ils font une erreur grave. Lorsque j’ai entendu le maire de Troyes, François Baroin, président des maires de France, refuser tout net l’hospitalité, j’ai eu honte. Il fait une faute morale et politique : en tant qu’ex-ministre de l’Intérieur, il a une responsabilité particulière.

«J’ai envoyé une lettre à tous les maires du Val-de-Marne, et nombre d’entre eux sont prêts à participer à cette chaîne de solidarité. Enfin, je vous dirai que c’est ma propre histoire : ma famille, grecque d’origine, a fui les Turcs qui les pourchassaient.»

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