Si rien n’est fait rapidement, l’Union européenne sombrera sous les assauts des populistes et des nationalistes de tous bords.

Les socialistes viennent de voter pour réorienter l’Europe et assumer la rupture avec les politiques libérales et austéritaires menées par l’Union européenne et les commissaires de la commission sortante de Jean-Claude Junker.

Parce que nous affirmons comme une évidence que l’Europe doit suivre la voie du progrès partagé.

Parce que nous proposons de travailler à une politique commune d’asile et d’accueil des migrants.

Parce que nous voulons faire de la Méditerranée un espace de co-développement fondé sur le respect mutuel.

Parce que nous proposons des sanctions financières aux Etats qui ne respectent pas les valeurs de l’Union européenne.

Parce que nous refusons clairement que les Européens se fassent imposer les accords de libre-échange en cours de discussion ou en voie de ratification.

Parce que nous soutenons la mise en place d’un smic européen par pays qui ne puisse être inférieur à 70% du revenu médian.

Parce que nous rejetons toute idée d’alliance avec la droite européenne, les libéraux et les conservateurs.

Enfin parce que nous dénonçons l’imposture macronienne d’une prétendue alliance des progressistes qui n’est qu’en fait qu’un faux nez du libéralisme, nous pouvons sans hésitation soutenir, voter, diffuser largement dans nos fédérations, auprès de nos militants et surtout auprès des Français ce texte.

Notre volonté de construire une Europe alternative aux libéralismes et aux nationalismes passera d’abord par la mise en place d’une nouvelle pratique pour notre parti et plus généralement pour la Gauche dans son ensemble.

Par le passé, nous avons trop souvent voté des textes que nous n’avions pas l’intention d’appliquer. Nous avons trop souvent appliqué ce que nous n’avions pas voté.

D’abord il nous faut l’unité. A quelques mois des européennes et des municipales, chacun doit pouvoir trouver sa place au sein de notre parti; notre parti, lui, doit retrouver sa place au sein de la Gauche.

Je revendique depuis plusieurs mois une nouvelle pratique, qui repose sur le dialogue avec celles et ceux qui font vivre nos valeurs républicaines de solidarité et de fraternité. Je resterai fidèle à cette méthode qui consiste à écouter, à expérimenter, à éprouver puis à généraliser.

L’Union européenne souffre de la distance qui s’est imposée entre elle et les citoyens européens. Si rien n’est fait rapidement, elle sombrera sous les assauts des populistes et des nationalistes de tous bords.

Il nous faut aussi clairement revendiquer notre identité et notre autonomie. Nous sommes socialistes. Nous appartenons au PSE. Dès lors que le PSE a pris l’engagement ferme à Lisbonne de ne plus se compromettre avec le PPE, je ne préconise pas d’en sortir.

Nous n’apporterons en aucun cas de soutien à une candidature de droite à la présidence de la commission européenne. Là aussi notre rebond passera par de nouvelles pratiques.

A quoi servirait de condamner dans les textes, le bilan d’une commission sortante que nous reconduirions dans les urnes?

Créer un intergroupe ou même comme je l’ai demandé bâtir une liste nationale commune à l’ensemble de la Gauche engagée pour l’Europe est possible. Mais cela ne prendra son sens que si nous nous engageons vraiment à construire patiemment cette alliance des Gauches européennes sans laquelle nous continuerons de confier les clés de l’Europe aux libéraux et aux banquiers.

Impôts, SMIC européen, Migrants et droit d’asile, les confluences ne manquent pas.

Sur ces questions, nos futurs parlementaires de la Gauche européens devront s’engager à prendre des positions communes sans exclusive et sans entrave partisane.

Comme d’autres, j’assiste à la valse des noms qui se murmurent, s’affirment ou s’échangent dans les couloirs en vue de la constitution de notre future liste. Je souhaite pour ma part d’abord qu’ils s’engagent à faire vivre cette alliance. Il s’agit d’une obligation de moyens et non de résultat. Mais c’est une obligation morale, incontournable.