A l’Assemblée nationale, vous avez voté contre la loi ELAN qui modifie profondément le paysage du logement social en France. Pourtant cette loi prévoit des outils au service des maires qui veulent moderniser leur centre-ville.

La loi ELAN est d’abord une attaque sans précédent de la part d’un Gouvernement contre le Logement social. Les moyens des bailleurs pour construire du logement ont été réduits de près de 2 milliards d’euros, ce qui pour notre bailleur LOGIAL revient à renoncer à la création d’une centaine d’appartements par an, les personnes à mobilité réduite sont les grandes oubliées de la loi qui a fait passer de 100 à 10% l’objectif de logements adaptés, et les fonds d’investissements pourront bientôt acheter en bloc des logements sociaux pour faire des affaires sur le dos des locataires.

D’une manière générale, les mesures du texte en faveur des commerces ne sont pas très contraignantes vis-à-vis des grands projets de centres commerciaux situés en périphérie des villes et qui ont largement contribué à assécher nos centre-villes.

Justement, les villes de taille moyenne ont du mal à dynamiser leur centre-ville. Comment accompagner un Maire qui veut faire de la reconquête du commerce un objectif prioritaire de son mandat ?

Ce qui compte c’est la volonté et l’énergie. Lorsque nous avons créé la boutique éphémère qui accueille toute l’année en centre-ville des commerçants de qualité, nous n’avons pas eu besoin d’une loi particulière.

Il n’y a pas de fatalité. Avant la loi ELAN, des outils existaient déjà ; il suffit de les utiliser.  

Le premier d’entre eux est le droit de préemption commercial qui nous permet d’acquérir un fonds de commerce quand il est en cours de cession ou de liquidation et que nous souhaitons y implanter un commerce spécifique. A Alfortville, nous avons mis en place un tel outil en centre-ville bien sûr mais aussi dans des zones que nous avons jugées prioritaires telles que le Grand Ensemble.  

Le second est notre plan local d’urbanisme qui intègre l’obligation dans certains secteurs de maintenir les commerces en rez-de-chaussée et de ne pas transformer ces derniers en logements.

Le troisième, c’est le partenariat qui nous lie à nos bailleurs sociaux ; ce sont des acteurs à part entière de la stratégie de la mairie en matière de commerces. C’est notamment pour cela qu’il ne faut pas les affaiblir, comme la loi ELAN le fait.

Vous pouvez nous en donner des exemples concrets ?

Oui. Place du Petit Pont, ou avenue Charles de Gaulle, nous avons maintenu l’obligation de commerces en rez-de-chaussée.

Quand Logial préempte un immeuble comme cela a été le cas récemment rue Paul Vaillant Couturier,  nous lui demandons de préempter aussi les murs du café fermé qui se situait à la même adresse tandis que la mairie rachetait quant-a-elle le fonds de commerce. C’est ce type de partenariat qui donne toute son efficacité à l’action publique.

Enfin, quand une boucherie ferme en centre-ville, la mairie n’hésite pas à racheter le fonds de commerce pour permettre sa reprise dans de bonnes conditions et maintenir ainsi deux boucheries de qualité en centre-ville.

C’est un cercle vertueux qui profite à tous. Mais il s’agit d’un équilibre fragile qui nécessite une veille de chaque instant.