Le maire d’Alfortville (Val-de-Marne) plaide pour la généralisation d’organisations municipales de citoyens volontaires et bénévoles, apportant leur concours au soutien et à l’assistance des populations en cas de crise

Plus de 20 000 hectares brûlés en Gironde en quelques jours par des mégafeux qualifiés de « monstres incontrôlables » par les professionnels, des centaines de sinistrés à épauler, des dizaines de milliers de vacanciers déplacés en quelques heures à accompagner, et de multiples records de températures à gérer auprès des personnes fragiles. La réalité – brute et cruelle – est face à nous. Nous ne pouvons feindre de la voir : l’inhabituel va devenir banal. L’extraordinaire est devenu chronique.

Canicule, sécheresse, incendie. Le triptyque redoutable du réchauffement climatique – qui n’en dessine ici qu’une de ses dramatiques facettes – nous appelle sans plus attendre à nous mobiliser toutes et tous dès maintenant pour anticiper les chocs à venir. La résilience devant se construire à tous les étages de notre société – un corps social à mettre en mouvement de la tête aux pieds – il nous faut renforcer massivement l’éducation face aux multiples risques (climatiques, sanitaires, sécuritaires…) et développer une culture de la protection civile la plus globale possible. Et il existe une demande citoyenne.

En mars 2020, nous avions formé avec à une trentaine d’élus une « coordination des maires d’Ile-de-France bouclier anti-Covid », et constaté que la crise sanitaire apportait un formidable élan de solidarité de nos populations avec la manifestation spontanée de très nombreuses bonnes volontés. Nous avions pris alors l’engagement dans notre livre blanc, Construire la résilience territoriale pour anticiper les chocs à venir, de constituer dans nos communes des « réserves citoyennes locales ». Constituées de citoyens volontaires et bénévoles, elles apporteraient leur concours au soutien et à l’assistance des populations en cas de crise majeure (sanitaire, inondation, incendie, canicule, grand froid…).

A Alfortville, nous avons décliné cet engagement par la mise en place d’une réserve communale de sécurité civile. De manière très concrète, citons quelques missions qui peuvent leur être confiées : l’aide aux évacuations préventives, l’accompagnement des sinistrés, le suivi des personnes vulnérables, la communication et la transmission des alertes et des consignes de sécurité dans leur quartier, l’aide à établir un périmètre de sécurité, l’accompagnement de l’hébergement et de la restauration des populations à secourir…

Renfort. Cette réserve n’a aucunement vocation à remplacer les services publics de secours ou d’urgence ou à concurrencer le travail des associations. Il s’agit d’un renfort supplémentaire, un outil de mobilisation civique et de développement des solidarités locales. Les réservistes se préparent ainsi eux-mêmes à gérer une crise en participant à des exercices de simulation, et sont formés tout au long de leur engagement.

Blason de la réserve citoyenne d'Alfortville

L’exemple de notre dispositif alfortvillais – il en existe d’autres dans tant de territoires engagés – démontre comment chacun peut se rendre utile de manière très active. La résilience n’est plus ainsi un concept creux, mais bel et bien un mode d’action solidaire de gestion des crises. Car qu’est-ce que la résilience, sinon notre capacité collective à agir tous ensemble pour surmonter les chocs ?

Chacun doit donc prendre sa part : Europe, Etat, collectivités territoriales, entreprises, associations et citoyens. Je note d’ailleurs pour ces derniers que la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France affirmait récemment qu’il est « aujourd’hui nécessaire de faire du citoyen le premier acteur de sa protection ».

Alors fixons-nous un objectif simple et ambitieux : bâtir dans notre société, dès le plus jeune âge, une culture de la mobilisation globale, allant de l’éducation à la prévention des risques et à l’engagement dans la protection civile. Confronté aux crises permanentes, l’engagement facilitera et renforcera la prise de conscience : celle qu’il n’est plus l’heure d’attendre pour agir.

Luc Carvounas est maire d’Alfortville (Val-de-Marne) et président de l’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (UNCCAS).

Source : L’opinion