Le président de l‘Union des centres communaux d’action sociale, Luc Carvounas, tire le signal d’alarme sur la progression de la précarité. Il expose plusieurs propositions pour protéger les ménages les plus modestes.

La hausse des prix accélère pour s’approcher de la barre des 6 % en juin. Quels effets perçoivent, sur le terrain, les Centres communaux d’action sociale (CCAS) ?

Avec cette forte inflation, il y a une précarité qui s’installe. Je ne connais pas un seul CCAS qui n’a pas, depuis deux ans, augmenté son budget de 10 % ou de 15 % par an pour faire face aux besoins supplémentaires d’aides, en matière d’alimentation ou d’énergie. ? Avec mes collègues maires, nous faisons le constat d’une montée du non-recouvrement des factures de cantine scolaire. Les parents ont d’autres priorités, comme celui de payer leur loyer, leur premier poste de dépenses. Ils savent que les pouvoirs publics vont les accompagner pour ne pas laisser leurs enfants le ventre vide à l’heure du déjeuner.

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Allez-vous faire des propositions sur le paquet de textes sur le pouvoir d’achat que le gouvernement présentera en juillet ?

L’UNCASS va porter le sujet du service minimum de l’énergie qui, à ce jour, est pratiqué uniquement par EDF. Les autres opérateurs ne le pratiquent pas et c’est une question qu’il faut mettre en débat pour assurer que chacun peut se chauffer tout au long de l’année. Nous voulons aussi obtenir le déplafonnement des chèques-déjeuners. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement est revenu sur cette mesure qui déplafonnait à 38 euros plutôt qu’à 19 euros. Il faut que ce soit maintenu pour accompagner le pouvoir d’achat de nos compatriotes. Avec l’Association des maires de France, nous allons réclamer que le gouvernement diminue la TVA sur les factures énergétiques des collectivités territoriales, aujourd’hui à 20,6 %. Car boucler les budgets devient mission impossible pour les communes avec la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, sans concertation avec les élus locaux, et la taxe d’habitation qui nous a été retirée.

En tant que maire (PS) d’Alfortville (94), ne jugez-vous pas excessives les propositions de l’alliance de gauche Nupes ?

C’est une question de priorités politiques. Le Smic est déjà à environ 1 300 euros : ce serait donc une bonne mesure pour nos concitoyens de l’augmenter à 1 500 euros net. Je suis le patron d’un exécutif local et je suis au soutien des entreprises de ma commune. Éric Coquerel, président de la Commission des finances, et Valérie Rabault, vice-présidente de l’Assemblée, démontreront le sérieux de nos propositions, je ne suis pas inquiet.

Source : Le Télégramme